Le SCHAM accueillait le deuxième tour des championnats régionaux par équipes dans sa nouvelle salle des Hayettes. Les hommes s’imposent, tandis que les féminines cèdent face aux redoutables Berckoises.
Dès 14h, la compétition confrontant les athlètes masculins du CAHC Berck, d’Adaptaforme Ailly-sur-Somme et du SCHAM s’ouvrait avec l’épreuve de l’arraché, avant de se poursuivre par l’épaulé-jeté. Deux mouvements aux exigences bien distinctes, tant en force qu’en technicité. « En moyenne, il y a 15 à 20 kilos d’écart entre l’arraché et l’épaulé-jeté », rappelle Ophélie Cabon, ancienne internationale huit fois championne de France. Parmi les derniers à se présenter, Tchouden Tchamgoue (Charly), ancien international camerounais, impressionnait autant par son gabarit que par son expérience. Pourtant, sa performance du jour restait loin de ses espérances. « J’étais un peu fatigué. Ma récupération n’a pas été optimale, donc je pense que c’est pour ça que ça s’est passé comme ça. Ma dernière compétition avait été tellement bien que j’étais à presque 40 kg au-dessus d’aujourd’hui (175 kg à l’épaulé-jeté et 135 kg à l’arraché). Là, je n’ai vraiment rien fait », souffle le licencié du club depuis trois ans, qui vise un retour au plus haut niveau dans les prochaines saisons. En dépit de cette contre-performance, le champion de France aura l’occasion de se rattraper lors de la prochaine échéance, son statut lui permettant de manquer une compétition sans compromettre sa participation à d’autres. Le sourire aux lèvres malgré une déception évidente, il relativise : « L’important, c’est de comprendre pourquoi je n’ai pas fait ce qu’il fallait. » Son entraîneur, Christophe Moitié, ne s’inquiète pas. « En ce moment, il est un peu en sous-entraînement pour des raisons personnelles. C’est une période un peu ‘à vide’ pour lui. » Le technicien se réjouit toutefois de ce renfort : « Avec son passé international, il apporte son expérience, son savoir, son regard, et pour les jeunes, c’est motivant. Voir un haltérophile de ce niveau à l’entraînement, ça impressionne et ça donne envie de progresser. C’est un peu la locomotive du club. »
Avec près d’une heure de retard, les représentantes du CAHC Berck, de Moislains et du SCHAM entraient enfin en lice aux alentours de 17h. Certaines signaient même leur grand retour à la compétition, comme Ophélie Cabon, absente du circuit depuis deux ans. « C’est vraiment l’adrénaline qui revient, et c’est toujours plaisant », confie-t-elle avant d’évoquer sa longue coupure. « J’avais quelques blessures : une hernie discale avec laquelle j’ai fait mes dernières grosses compétitions, et un genou en compote, sans cartilage. Mais j’ai surtout arrêté pour des raisons personnelles », explique l’athlète de 28 ans, forte de quinze ans d’haltérophilie. Pas à son poids de corps habituel ce samedi, elle concourait exceptionnellement en –66 kg, loin de sa catégorie de prédilection, les –58 kg. Lucide, elle fixait un objectif raisonnable : « L’idée, aujourd’hui, ce serait de faire 63 kg à l’arraché. Et si je fais 78–80 kg à l’épaulé-jeté, je serais super contente », bien en deçà de ses anciennes références (75 kg à l’arraché, 87 kg à l’épaulé-jeté). Mais peu importe : ce samedi, le plaisir de retrouver les sensations primait clairement sur la performance, et certainement pas sur l’envie « d’écraser » une concurrence relevée, notamment du côté de Berck, où la jeune Julie Roussel, pourtant dans une catégorie inférieure en poids, a littéralement « mis la pâtée » à tout le monde, avec 222 points IWF. Rien de surprenant pour cette haltérophile passée récemment par les championnats d’Europe, et désormais détentrice des records de Picardie, autrefois signés par Ophélie.

Des résultats prometteurs
Pour le classement final, les règles sont simples : chaque athlète dispose de trois essais par barre. Les officiels retiennent la meilleure barre à l’arraché, puis la meilleure à l’épaulé-jeté. Le total est ensuite rapporté au poids de corps grâce à un coefficient, l’indice IWF, qui permet d’obtenir un nombre de points comparable entre athlètes. Par équipe, les cinq membres doivent soulever le plus lourd possible, et leurs points sont cumulés pour donner leur score final.
Chez les hommes, l’équipe du SCHAM a brillamment défendu les couleurs amiénoises, s’imposant avec 1 439,60 points, contre 1 190,75 pour le club de Berck. Lucas Cintas a signé la meilleure performance individuelle, totalisant 314,48 points IWF, confirmant son statut de leader. « C’est un peu de la chance (rires). On se connaît tous, on sait globalement ce que chacun va tenter, et c’est toujours la bagarre entre nous : s’il y en a un qui se loupe, tu passes devant », sourit-il après son succès. Avec ses coéquipiers de Boulogne venus du crossfit, il a rejoint le club l’an passé pour renforcer l’équipe amiénoise et faire de l’haltérophilie en compétition, sans pression. « Ça fait longtemps qu’on en fait, donc on a ‘l’expérience’. C’est complètement pour le fun. Là, on rentre à Boulogne et on va boire une petite bière ! » L’objectif du jour était clair : gagner pour remonter en Nationale 2. « C’est fait, mais il faudra voir ce que les autres équipes en France ont réalisé. Je pense qu’on sera dans le top 3 et qu’on remontera, comme l’an dernier. »
Chez les femmes, l’équipe amiénoise n’a pas réussi à rivaliser avec une solide formation berckoise, mais elle conserve de réelles chances d’accrocher la deuxième place du classement général, dans l’attente des résultats de Salaumines. Nouveau collectif fraîchement constitué, il regroupe Maëlle Flejou et Salomé Pomart, cross-fiteuses venues découvrir l’haltérophilie, ainsi qu’Aude Riedberger et Adélia Blondin, récemment arrivées au club. « On apprend à se connaître, à s’échauffer et à s’entraîner ensemble. C’est une belle découverte. Ça fait plaisir de voir de plus en plus de femmes venir à l’haltéro. Salomé et Maëlle sont là depuis même pas quinze jours, c’est tout nouveau. Quant à Adélia, elle n’était pas d’Amiens : on a toutes les deux changé de club, changé de salle… changé de vie », raconte Ophélie Cabon à propos de ses coéquipières. Une autre athlète, absente ce samedi, reviendra d’ailleurs compléter l’équipe pour apporter son expérience lors de la prochaine échéance. De son côté, le club de Moislains, composé uniquement de jeunes athlètes, reste cantonné au niveau régional, faute de seniors permettant d’accéder aux divisions supérieures.
Une nouvelle salle aux Hayettes
« On vient de temps en temps s’entraîner ici : la salle est belle, vraiment magnifique, et ça nous permet de faire de belles barres », sourit Lucas Cintas, vainqueur de la compétition. « Cela faisait deux ans qu’on l’attendait, poursuit le président du club, ancien haltérophile toujours passionné. Il y avait des travaux dans notre ancien local, et la dernière solution était de venir ici. Ce n’est finalement pas un désavantage : l’espace est spacieux, le cadre agréable. La salle sera partagée avec un autre club. Le problème, c’est la séparation : il y a du matériel coûteux derrière, et nous avions demandé une cloison plus marquée. Ce n’était pas prévu au départ, alors on fait avec. » Le changement de lieu a entraîné une légère baisse d’adhérents, mais la courbe repart déjà à la hausse pour le club amiénois, qui n’a certainement pas fini de donner du spectacle.
Sabine Loeb
Crédit photo : Eva Daubenton – Gazettesports.fr

