Troisième club de roller-hockey de la métropole amiénoise, loin des hautes sphères françaises, les Warriors de Camon avancent, progressent et perdurent. Portrait d’un club dans l’ombre qui n’a pas honte de sa posture, bien au contraire.
Au salon Agora, la comparaison des stands pouvait se tenir. Warriors de Camon et Ecureuils d’Amiens étaient installés côte à côté et rien ne pourrait faire penser à une quelconque différence. Pourtant, force est de constater que le premier est bien moins inscrit dans le paysage du roller-hockey que son homologue amiénois qui compte une équipe de Nationale 1, une en Nationale 3 et d’innombrables équipes de jeunes qui brillent au plus haut échelon dans leur catégorie. Ajoutez à cela les Green Falcons de Pont-de-Metz dont l’équipe première évolue cette saison en Elite, la plus haute division française. Difficile alors, pour ce « petit club familial » d’une quarantaine de licenciés, de se faire une place, lui dont l’équipe première joue cette année en N4. « L’ambition principale, c’est de retrouver une N3 l’année prochaine. Et puis, au fur et à mesure, évoluer peut-être en N2, comme il y a quatre-cinq ans », lance Baptiste Boucher, joueur des Warriors. « C’est sûr qu’aujourd’hui, on ne peut pas rêver d’une Elite ou d’une N1, en tout cas pas dans les dix prochaines années. »
Le manque de jeunesse, le principal frein au développement
Aujourd’hui, les Warriors ne sont pas assez structurés pour ouvrir des sections jeunes alors que ce sont ces mêmes joueurs qui, plus tard, peuvent faire le succès d’un club. L’exemple le plus frappant de réussite est celui des Green Falcons qui ont une équipe première composée quasi exclusivement de joueurs formés au club. Mais Camon a le grand inconvénient de ne pas avoir son propre terrain, au contraire des Messipontins : « Ils ont commencé en même temps que nous, aujourd’hui, ils sont en Elite, mais on sait pourquoi. Parce qu’ils ont réussi à avoir les subventions, à avoir tous les créneaux possibles et imaginables pour faire de la jeunesse », affirme Baptiste Boucher.

Les Warriors s’entraînent à la Veillère mais doivent se partager les créneaux avec les différentes équipes des Ecureuils, souvent prioritaires, mais aussi le roller-derby : « Tout ça, ça fait qu’à un moment donné, même si on veut rajouter un troisième, un quatrième créneau, il faut toujours essayer de négocier pour en enlever un chez quelqu’un d’autre. Et c’est ça qui est un peu compliqué. » Alors, les Camonois restent une structure presque exclusivement composée d’adultes et lorsque des enfants viennent s’essayer chez eux, « on leur dit, « on vous récupère dans dix ans parce qu’on ne peut pas vous garder maintenant. » On les dirige vers d’autres équipes de roller hockey », avoue en toute honnêteté le joueur des Warriors.
Un ADN marqué qui attire
Malgré toutes ces difficultés apparentes, le club de Camon fait plus que de la résistance et se maintient grâce à un noyau dur de joueurs, renforcé par la venue régulière de hockeyeurs provenant, paradoxalement, des clubs voisins : « Beaucoup de gens qui sont à Pont-de-Metz ou Amiens se rendent compte au fur et à mesure qu’ils ne trouvent pas forcément leur place. Ils viennent chez nous et ça colle peut-être un peu plus parce que justement, le fait qu’on soit un peu plus familial, il y a une cohésion qui se fait un peu plus facilement. Et puis finalement, ils restent chez nous plusieurs années » se réjouit Baptiste Boucher. La pression du résultat est aussi moindre et certains préfèrent évoluer à un niveau moins élevé pour obtenir davantage de temps de jeu. Ainsi donc, aucune crainte de voir le petit poucet de la métropole disparaître, lequel a toujours eu l’habitude de survivre entre les deux mastodontes : « Le terme de Warriors, donc de guerriers, ça nous définit bien. Chaque année, on essaye de faire mieux que l’année d’avant. Des fois, ça marche, des fois ça ne marche pas, mais on est encore là. On essaye de se battre avec nos armes et de perdurer dans le temps. »
Simon Vasseur
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr

