À entendre les entraîneurs des deux équipes, on pourrait croire Camon vainqueur et Amiens défait à l’issue de ce duel de la Métropole. Pourtant, ce sont bien les joueuses de Nicolas Cauvin qui l’ont emporté, mais sans la manière.
Si l’on évoque souvent la magie de la Coupe pour donner un espoir aux petites d’équipes lorsqu’elles en affrontent une grande, celle-ci n’a pas totalement opéré, ce dimanche, lors du troisième tour de la Coupe de France opposant l’US Camon (Interdistrict 2) et l’Amiens SC (R1). Mais l’écart de niveau entre les deux formations était bien trop important et les favorites ont tenu leur rang (1-7). Pourtant, le discours de chacun des coachs pouvait surprendre : d’un côté, un Nicolas Cauvin le visage fermé, frustré de la performance des siennes malgré le score fleuve, de l’autre une Margaux Louchet souriante et heureuse de la prestation de ses protégées. « Ce qu’on va retenir, c’est la qualification. Par rapport à la semaine dernière, j’ai vu un gros écart de niveau de mon équipe. Ok, à la mi-temps, il y avait 4-0, on avait fait le boulot, mais pas de satisfaction sur ce match » résumait brièvement le coach amiénois. La Camonoise, elle, loue la combativité de son groupe : « Beaucoup de fierté de voir mon équipe ne pas lâcher, car c’est difficile quand on commence à en prendre trois-quatre. Elles auraient pu baisser la tête, mais elles ont continué à se défendre avec leurs armes. »

Amiens nonchalant, Camon impliqué
Rapidement dans le match, les joueuses de R1 mettaient le pied sur le ballon et se procuraient d’innombrables occasions. Mais contrairement à d’habitude, elles manquaient des « buts tout fait ». Et si l’on entendait Margaux Louchet donner des conseils et encourager son équipe, Nicolas Cauvin était particulièrement silencieux, haussant seulement le ton lorsqu’une situation mal négociée l’agaçait particulièrement : « Mis à part les buts qu’on loupe, dans l’intensité, on s’est un peu mis au niveau de l’adversaire même si on était au-dessus. On a manqué de rythme, on était un peu dans la facilité. On a mis sept buts, mais on aurait pu en mettre beaucoup plus. Il y a eu beaucoup de déchets technique, on a forcé le jeu, on a mis des longs ballons qui, avec le vent, sortaient en six mètres, les filles n’étaient pas connectées ensemble. »

À la pause, le score était tout de même de 4-0 pour les Amiénoises qui rentraient au vestiaire tandis que la technicienne des Jaune réunissait ces dernières dans le rond central pour un discours léger et un objectif simple : marquer un but pour sauver l’honneur : « On le savait que techniquement elles étaient au-dessus de nous, physiquement aussi. Mais même si on prenait des buts, il fallait tout donner jusqu’à la fin du match et c’est ce qu’elles ont fait. » Les pensionnaires du stade Lucien Jovelin furent rapidement récompensées grâce à une tentative depuis ce même rond central d’Ophélie Vaquier dont le ballon, bien poussé par le vent, venait lobber Justine Bray pour ce qui sera l’unique but local mais à la fois le plus beau de la rencontre.

Préparer l’avenir
Malgré la défaite, ce match a permis aux Camonoises d’affirmer leurs ambitions pour le championnat : « On a un groupe pour monter, c’est l’objectif clair et net du début de la saison » assure Margaux Louchet surtout lorsque l’on sait que, dans sa poule, Camon devra affronter Choisy-au-Bac qui avait encaissé non pas sept mais 15 buts face à l’ASC au tour précédent de cette Coupe de France. Côté ASC ajustement, cette rencontre a été une nouvelle occasion pour Nicolas Cauvin de faire tourner son effectif. La colonne vertébrale du dernier match de championnat composée de Lily Richard, Gabrielle Maubert et Assia Faridi était mise au repos tout comme Camille Martin et Léa Tellier-Bouazni, respectivement malade et blessée. D’autres joueuses comme Lola Leraillé, Sarah Dos Santos ou encore Clara Lebel ont pu accumuler du temps de jeu, cette dernière ayant même été décisive à son entrée après la pause : « Clara est revenue, ça faisait un an qu’elle n’avait pas joué. On la réadapte tout doucement, là elle rentre et elle met deux buts, c’est très bien. » Peut-être l’une des rares satisfactions de Nicolas Cauvin sur un match qui aura eu le mérite, à son issue, de donner des sourires à l’ensemble des joueuses, Camonoises comme Amiénoises. C’est aussi ça la magie de la Coupe.
Simon Vasseur
Crédit photo : Louis Auvin – Gazettesports.fr

