Samedi dernier, après le match Dunkerque-Amiens SC, les joueurs amiénois ne se sont pas arrêtés en zone mixte et ils n’ont pas répondu aux journalistes qui attendaient micro ou stylo à la main. Précisons de suite que l’attitude des Amiénois n’est pas unique et qu’elle est générale dans tout le football professionnel français. Ce n’est certes jamais plaisant pour un joueur d’aller confier ses impressions, surtout après une défaite. On sait que des propos tenus « à chaud » peuvent être mal prononcés, mal compris et bien sûr mal interprétés.
En général, les clubs n’ont pas une attitude normale en ce sens qu’ils devraient contraindre au moins un joueur, le capitaine ou le plus âgé, à venir s’exprimer après un match et ce quel que soit le résultat. On comprend en effet facilement qu’un jeune joueur pourrait être désorienté devant les médias. Dans le monde actuel des réseaux sociaux, où chacun s’exprime facilement, on a du mal à imaginer que, dans le milieu du football, un joueur ne puisse s’exprimer qu’à partir du moment où le match a été sanctionné par une victoire.
Certes, les entraineurs ont l’obligation de s’exprimer après un match et de venir en salle de presse. Mais il n’est pas précisé que justement cet entraineur soit contraint de rester face aux médias un minimum de temps. Nous avons vu par exemple certains entraineurs rester moins d’une minute devant la presse. Un entraineur est allé encore plus loin. Il s’agit d’Habib Beye, le coach du Stade Rennais, qui, lui, a purement et simplement empêché ses joueurs de s’exprimer devant les médias après le nul face à Lens dimanche soir. Comprendra qui pourra car c’est le même Habib Beye qui était consultant de Canal + il y a encore quelques mois.
Voici encore trente ans, les journalistes entretenaient avec les joueurs d’autres relations que celles d’aujourd’hui. Il était même fréquent que nous entrions dans le vestiaire des joueurs après un match et, par exemple, c’est ce que nous avions fait au stade Moulonguet lors d’un match Amiens-Marseille. C’était le vestiaire de Marseille qui nous avait ouvert la porte afin que nous puissions bavarder avec les joueurs et exercer notre métier.
Lionel Herbet
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports.fr (illustration)

