Vingt ans après la disparition tragique de David Louchet, Ailly-sur-Somme a rendu un vibrant hommage à ce jeune homme passionné de football. Son père, Jacky Louchet, ancien joueur emblématique de l’Amiens SC dans les années 1970, est revenu avec émotion sur son parcours singulier, marqué par la figure inoubliable d’André Grillon, et sur une époque révolue du football amateur.
Pour rien au monde, Jacky Louchet, l’ancien défenseur de l’Amiens SC voici un demi-siècle, n’aurait voulu manquer la Journée consacrée à son fils David ce dimanche à Ailly sur Somme. C’est avec une grande émotion qu’il a donné le coup d’envoi de la rencontre principale qui était dédiée à David, décédé tragiquement en 2005 dans un accident du travail à la SNCF. Jacky Louchet avait les larmes aux yeux en revoyant Margaux et Romane, les filles de David…
Nous avons profité de la présence de Jacky à Ailly-sur-Somme pour qu’il nous rappelle sa carrière, mais surtout les circonstances qui ont fait que justement, elle sorte de l’ordinaire. Rien à voir donc avec celles actuelles avec des jeunes pros qui ont été formés dans des centres de formation. Quand il était joueur, Jacky Louchet n’était pas un bon « client » pour les journalistes que nous étions. Sitôt le match terminé, il changeait de tenue et quittait rapidement le vestiaire. Seul peut-être Raymond Hesse allait encore plus vite puisque la légende raconte qu’il ne prenait pas toujours de douche et qu’il se rhabillait prestement après le match.
L’histoire de Jacky Louchet est incontestablement liée à celle d’André Grillon. Oui entraîneur de l’équipe de France amateur et qui, à ce jour, est le recordman de la présence à l’ASC (de 1968 à 1977). Jacky Louchet ne l’a jamais oublié et dimanche à Ailly sur Somme, il nous a réaffirmé la reconnaissance qu’il a toujours eue pour André Grillon. Et cette histoire est tout simplement savoureuse : « Aujourd’hui, j’habite dans le sud de la France à Manosque, soit à deux heures et demi de Nice où joue mon petit-fils Tom qui est le fils de mon deuxième fils Jérôme. Aujourd’hui, j’ai 80 balais et je peux encore monter à Amiens deux ou trois fois l’an. J’ai débuté à l’ASPTT Amiens jusqu’au moment où l’ASC est venu me chercher. J’avais… 25 ans, ce qui était déjà âgé, mais mon cher président de l’ASPTT a fait opposition à mon départ et je suis resté quasiment un an sans jouer. Je m’entraînais simplement. À mon arrivée à l’ASC, j’ai commencé à jouer en équipe D, car à cette époque, il y avait quatre équipes seniors au club. Et puis un jour, Monsieur Grillon est venu me voir pour me dire qu’il me retenait en équipe A qui jouait alors en D2. Et j’ai débuté directement en championnat à Boulogne ». Durant toute sa carrière à l’ASC, Jacky Louchet n’a eu qu’un seul entraîneur, André Grillon qui l’a marqué à plus d’un titre et notamment en pratiquant ce qu’on appelait alors la défense en ligne. « Tout le monde défendait et tout le monde attaquait. Il fallait être bien réglé. »
Autre particularité de cette époque : celui des salaires, ou du moins des primes de match qui étaient souvent distribuées dans les vestiaires après les matches. « Nous étions des joueurs amateurs et puis nous sommes passés dans un autre statut, se souvient Jacky Louchet : Je me souviens de cette époque où nous avions des primes de match. Ensuite, nous avons été obligés de déclarer nos primes à l’URSSAF et avons commencé à payer des impôts. Mais nous n’avions pas les mêmes salaires qu’aujourd’hui ».
Enfin quand on lui demande quel est son meilleur souvenir, ce n’est pas un match qui lui revient en mémoire, mais une action de jeu : « Je me souviens que j’avais effectué une reprise de volée et Hubert Skupnik qui était un super joueur a récupéré le ballon au milieu du terrain et il est allé ensuite marquer. Cela m’est resté gravé dans la mémoire comme je n’oublie pas tous les copains d’alors, les Joël Beaujouan, Paul Imiéla, Jacky Objois, Jean-Louis Delecroix, Johnny Svreck, Raymond Hesse, Alain Copé, Loulou Gomis, Marczak, Robert Ragon, Hubert Skupnik et bien d’autres. »
Jacky Louchet a repris ce lundi la route de Manosque avec plein de souvenirs et les nombreux amis qui n’avaient pas voulu manquer l’hommage rendu à son fils David Louchet, décédé voici une vingtaine d’années dans des conditions tragiques.
Lionel Herbet
Crédit photos : Lionel Herbet – DR

