Dans le sport, et plus particulièrement en athlétisme, tout est mis en place pour permettre à l’athlète d’atteindre ses meilleures performances, à l’exception bien sûr de la pratique du dopage, formellement interdite.
Cependant, ces dix dernières années, les records du monde — notamment en demi-fond — n’ont cessé de tomber lors des grands championnats, comme celui du marathon le 8 octobre 2023, du 5000 m le 17 septembre 2023, ou encore du 3000 m. Pour expliquer cette progression fulgurante dans le monde de l’athlétisme, il faut s’intéresser à l’équipement des sportifs. De nombreux athlètes utilisent aujourd’hui une innovation technologique majeure : les chaussures dotées d’une plaque en carbone. Généralement coûteuse, elles contiennent une plaque de carbone intégrée dans la semelle, qui améliore le retour d’énergie à chaque impact au sol. Cela optimiserait l’économie d’effort, retarderait l‘apparition de la fatigue et limiterait la dégradation de la foulée. Un avantage considérable, donc, face à des concurrents ne portant pas ce type de chaussures.
Les premiers modèles proviennent des marques Adidas et Nike. Lorsque celles-ci ont lancé leurs chaussures à plaque carbone — les Nike Alphafly, les Adidas Adizero et les Nike Vaporfly — de nombreux records du monde en demi-fond ont été battus, notamment celui du marathon par le Kenyan Eliud Kipchoge, qui portait les Nike Alphafly 3.
Néanmoins, cette innovation technologique soulève plusieurs problèmes. Tout d’abord, elle crée des inégalités entre les athlètes, car tous n’ont pas les moyens de s’offrir des chaussures dont le prix avoisine les 250 euros. Par ailleurs, beaucoup considèrent ces modèles comme une forme de dopage technologique. D’autant que de nombreuses marques — comme Asics, Hoka ou encore Kiprun — ont suivi la tendance lancée par la marque à la virgule et celle aux trois bandes, en commercialisant leurs propres chaussures à plaque carbone.
C’est pourquoi, depuis 2016, certains modèles sont désormais interdits par la Fédération Française d’Athlétisme lors des meetings et compétitions, en raison de l’assistance mécanique excessive qu’ils procurent, jugée déloyale (comme les Adizero Prime X 2.0 ou les Adizero Adios Pro). Ce phénomène rappelle la polémique liée aux combinaisons en polyuréthane dans le monde de la natation : en 2010, la FINA avait interdit ces combinaisons, considérées comme trop avantageuses.
Malgré ces interdictions, la plupart des demi-fondeurs portent des chaussures à plaque carbone lors des entraînements, pour pouvoir mieux récupérer et améliorer leurs performances. Les sponsors participent également à la promotion de ces chaussures en les faisant tester par les athlètes qu’ils soutiennent, afin que ces derniers puissent leur transmettre leurs impressions. C’est une avancée technologique majeure, un bond vers le futur si important que certains la perçoivent déjà comme une forme de dopage — encore légale, mais potentiellement sujette à interdiction, selon les décisions futures de la FFA.
Pour en savoir plus sur l’interdiction de la chaussure Adidas aux Jeux olympiques, cliquez ICI.
Jeanne Vaslin
Crédit photo : DR – Gazettesports.fr

