En ce début d’année 2025, Julien Schneerberger, vice-capitaine du RCA rugby, s’est livré sur les 12 derniers mois de son équipe.
Le mauvais souvenir de l’année est, j’imagine, la descente en Fédérale 3 ?
Oui, la descente est un mauvais souvenir, mais c’est la saison dans son ensemble. C’est la première fois que je vis une saison avec aussi peu de victoires, avec des déplacements et des week-ends qui s’enchainent sans succès. Ce qui est difficile, c’est de voir les proches et les bénévoles autour qui donnent tout, mais qui sont impuissants. Mais aussi nous, de tout faire, mais de voir que ça ne suffit pas. Cela nous a poussé à montrer mieux et à tout faire pour retrouver le niveau qui nous correspond le plus rapidement possible.
Comment expliquez-vous cet échec ? On a senti que l’esprit de groupe a disparu au fil de la saison.
Je pense qu’il y a eu une différence entre les joueurs, car certains n’ont pas eu la bonne mentalité. Certains ont un peu lâché, mais surtout, on n’était pas assez étoffés pour répondre aux exigences du niveau, surtout à l’extérieur. On a fait des déplacements avec un nombre de joueurs bien insuffisant qui sont, pour moi, la cause principale de la descente. On a essayé de motiver les mecs, mais au bout d’un moment, on ne peut pas aller les chercher chez eux. C’est dommage, mais c’est comme ça, et l’important, c’est d’avoir pris conscience de cela. On s’est souvent senti sans les armes pour rivaliser.
L’enchainement des défaites a vraiment joué sur l’ambiance du groupe ?
Moralement, c’est très difficile, surtout que l’on n’y était pas habitué. Pour les amateurs, arriver le lundi matin au taff chaque semaine et voir les collègues qui te parlent de la défaite de la veille, ça pèse sur le moral. C’est alors plus dur de retourner à l’entrainement ou à la salle de musculation pour continuer de travailler et de s’améliorer. Si ça a été dur, on a pu remarquer l’état d’esprit de ceux qui n’ont pas lâché et qui sont pour la plupart encore là aujourd’hui pour permettre au club de se relever. Dans les moments négatifs, on a quand même eu du positif dans l’état d’esprit. Cela a permis de développer certains joueurs. Comme moi d’ailleurs, puisque je n’étais pas forcément un leader, et l’année dernière, dans la difficulté, il a fallu que je développe des capacités de leader pour prendre la relève de certains qui devaient l’être quand ils n’étaient pas là. On a donc su se construire en tant que groupe et individus dans la difficulté.
Le départ de Martin Saleille en cours de saison et les différents problèmes extra sportifs ont réellement perturbé le groupe ?
Oui, ça a eu un impact, forcément. Personnellement, j’ai un lien fort avec Martin, car on est arrivé en même temps au club. Je venais de Flesselles et c’est lui qui m’a en partie fait venir. Il m’a appris énormément et m’a permis de me développer en tant que rugbyman. Depuis, on a construit une véritable amitié qui est toujours présente aujourd’hui. Après, nous, joueurs, ne choisissons pas le staff et l’on doit faire avec les choix de la direction. On s’est donc tout de suite mis derrière Mickaël et on a tout fait pour gagner avec lui. On a vécu des émotions très fortes avec Martin et forcément, on a dû digérer un peu son départ, mais l’on doit savoir s’adapter. Mickael a d’autres qualités et quand il est revenu, on a été content et on a tout donné pour essayer de lui permettre de faire un retour gagnant, mais comme on donnait tout pour Mickael, car l’important, c’est le club.
Tu fais partie des joueurs qui sont repartis cette saison. Est -ce que tu as pensé un temps à partir ?
Je prends un peu d’âge, mais très peu (rire), mais non, je n’ai pas pensé à arrêter. J’ai toujours cette envie de jouer et j’ai l’envie de remettre le club au niveau où il doit être. Et l’on a les moyens mis en place par Joël, les dirigeants et le nouveau bureau pour y parvenir. On a un groupe qui a envie de prendre sa revanche et de rendre aux gens qui donnent tout pour nous chaque semaine. C’était donc pour moi impensable de ne pas repartir. Avec les responsabilités que j’ai prises, je ne me voyais pas non plus ne pas repartir, c’était un devoir. Et puis je veux finir ma carrière ici et je n’ai pas l’envie d’arrêter.
Je pense que j’ai ce côté management d’équipe de par mon métier. J’ai l’habitude de diriger des jeunes et moins jeunes d’ailleurs, donc ça m’aide sur le terrain.
Julien Schneerberger
On voit sur le terrain ton rôle de leader, notamment sur le pack d’avant où tu parles beaucoup. C’est aussi sur ce rôle que le staff t’attend cette saison ?
C’est un groupe jeune et c’est aux leaders et joueurs d’expérience de prendre leurs responsabilités. Je pense que j’ai ce côté management d’équipe de par mon métier. J’ai l’habitude de diriger des jeunes et moins jeunes d’ailleurs, donc ça m’aide sur le terrain. Je suis aussi papa de trois enfants, donc j’ai un peu cette fibre paternelle. Mon expérience sur le terrain m’aide aussi à avoir une certaine légitimité. Et de par mon poste, quand je parle et que j’ai envie de me faire écouter, j’y arrive. Surtout que cette année, ce qui est bien, c’est que les mecs écoutent et sont vraiment respectueux quand les leaders parlent, à l’image de Paul (Grenet). Personne ne veut faire diverger le groupe. On va tous dans le même sens, ce qui n’était pas forcément le cas l’année dernière. Ce n’est pas parfait, on a encore des clefs à trouver pour performer, mais on est sur le bon chemin.
Le début de saison est mitigé en termes de résultats, vous vous attendiez à mieux ?
On s’attendait à mieux, mais aussi pas à avoir une poule de ce niveau-là. On pensait que 2 équipes allaient matcher avec nous, mais on est finalement à 5-6 équipes à marcher sur la poule. Ce n’était pas le cas quand on est monté, par exemple. On avait une seule équipe qui nous avait dérangé et on avait pu faire 9 victoires de suite. La poule est vraiment plus homogène cette année et ça explique aussi que nos résultats sont peut-être en dessous de ce que l’on attendait. Après, c’est à nous de devenir une équipe bien plus forte qui sera l’ogre de cette poule dans la deuxième partie de saison. Actuellement, tout le monde se dit que l’on peut prendre des points face à Amiens. On doit changer cela pour que les adversaires nous craignent à chaque match.
Cela peut être quelque chose de positif pour être prêt pour les phases finales ?
Oui, clairement, c’est ce que je pense depuis le début de saison et j’en ai parlé avec pas mal de leaders. J’ai un peu suivi la saison dernière et, quand on regarde la Fédérale 3, les cinq équipes premières du classement à la fin des poules, aucune n’est montée. Car elles ont gagné facilement leurs matchs toute la saison et n’étaient pas prêtes à batailler lors des phases finales. Être rompue à des matchs disputés et accrochés comme on fait face chaque week-end, c’est une chance. Oui, on va laisser des plumes et des cartouches, mais cela va nous servir, et l’effectif est taillé pour pouvoir arriver frais et prêt pour la fin de saison. Actuellement, on a du mal à finir les matchs, avec peut-être encore un peu plus d’impact de la part des entrants pour mieux finir, mais ce genre de match, justement, nous aide.
Aujourd’hui, vous êtes quatrième. L’objectif, ça reste les 2 premières places ?
Les deux premiers sont un peu détachés, mais on espère revenir, car ça facilite la tâche en phases finales. Ça, c’est notre objectif, mais les dirigeants ont fixé d’être en phase finale et dans les 4 premiers, donc on est dans les temps de passage. On trouve que l’on ne fait pas une bonne première partie de saison, mais l’on est dans les objectifs, donc c’est bien. Cela veut dire que l’on a de la marge sur cette phase retour, qui va nous permettre de savoir ce que l’on pourra prétendre en phases finales.
Vous avez eu beaucoup de blessures cette saison malgré l’arrivée d’une préparatrice physique à temps plein. Comment l’expliques-tu ?
Je pense que c’est de la malchance, car le rugby est un sport de combat très accidentogène. Notre préparatrice a vraiment veillé à être efficace sur les risques et le travail musculaire. Mais on ne peut pas tout éviter et il faut mieux avoir des blessures maintenant que sur la fin d’année. Le travail va payer sur le long terme, je pense. Son apport est en tout cas indéniable, car, à titre personnel, j’ai subi une petite blessure, et grâce au suivi qu’elle a mis en place et à la cellule médicale, j’ai pu reprendre très rapidement. C’est un gros plus d’avoir toute cette cellule médicale autour de nous.
C’est une grosse fierté de pouvoir représenter mon pays et d’entendre la marseillaise.
Julien Schneerberger
Tu fais aussi partie de l’équipe de France pompiers. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?
C’est une grosse fierté de pouvoir représenter mon pays et d’entendre la marseillaise. J’ai eu la chance de pouvoir jouer au stade Marcel Deflandre où joue La Rochelle. J’ai évolué devant ma famille et mes amis et c’était une expérience unique qui est très forte. Ça m’a aussi permis de côtoyer des mecs qui viennent d’horizons différents et qui pratiquent un autre rugby, donc c’est forcément enrichissant. On est lié par la même passion et les mêmes valeurs tout en partageant des choses différentes. Ça m’a aussi permis de finir la saison sur une note positive après la saison très compliquée que l’on a vécu.
Est-ce qu’aujourd’hui le rugby est pour toi complémentaire avec ton métier de pompier ?
Complémentaire, je pense, car il y a des valeurs communes entre le rugby et les pompiers et, en général, les militaires. On a des valeurs de partage, de combat, de fraternité et un esprit de corps. Si l’on est pas ensemble, on ne peut pas y arriver dans les deux cas. Il y a donc des ressemblances et je pense que le rugby m’a aidé à devenir un meilleur pompier.
Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour l’année 2025 ?
La montée en Fédérale 2 et le vivre avec des jeunes qui vont tout donner et seront l’avenir du club. C’est pour moi important, lors de mes dernières années, de partager avec les jeunes mon amour pour le club et le rugby. S’ils peuvent, comme moi, trouver des amis comme j’ai pu en avoir et passer de bons moments. En espérant que plus tard mes enfants puissent jouer dans un club qui joue au meilleur niveau possible.
Cette transmission, c’est un peu ce qui se passe avec Christian Munteanu revenu apporter son expérience cette saison ?
Oui, il est revenu au club pour apporter son vécu et son expérience. J’ai joué avec lui et il avait déjà cette prestance et imposait le respect de par son physique. C’est quelqu’un d’atypique qui, quand il parle, transmet tout de suite des choses. Il n’a pas besoin de grands discours pour faire passer ses messages. Il a un apport non négligeable cette saison et c’est important que des anciens comme lui puissent transmettre leur expérience. Il a fait parfaitement la transition avec Scott, qui nous a énormément apporté au pack d’avant l’année dernière et qui a dû partir cet été.
Aurélien Finet
Crédit Photo : Léandre Leber, Kevin Devigne et Théo Bégler – Gazettesports.fr