Alors que la plupart des équipes de L2 ont repris ou vont reprendre l’entrainement, pour notre journaliste Lionel Herbet, il parait important de se pencher sur le cas de ces entraineurs qui ne passeront pas l’hiver.
Ces derniers jours, Martigues, Grenoble, Caen ont remercié leur entraineur. Évidemment, pour suivre depuis longtemps l’actualité du foot, ces limogeages ne nous surprennent plus tellement. Chaque année, c’est le même refrain. Le président d’un club dont l’équipe pro n’obtient pas les résultats escomptés est amené à prendre une décision qui certes nous parait comme étant une injustice, mais hélas, inéluctable. En effet, pour tenter de remonter la pente et retrouver le plaisir de vaincre, le président préfère sanctionner l’entraineur que les joueurs. C’est hélas une méthode qui est aussi vieille que le football, sauf que voici encore un demi-siècle, les entraineurs n’étaient pas constamment sous la menace de mauvais résultats et qu’ils pouvaient travailler sereinement.
En revenant en arrière, il nous reste en mémoire cette remarque d’un des plus grands techniciens français de l’époque, Albert Batteux, entraîneur du Stade de Reims et de l’équipe de France, troisième de la Coupe du Monde en 1958. Ce dernier avait dressé cette remarque: « Au début du championnat, les 18 équipes sont toutes de qualité. Et pourtant, à la fin, il y aura un champion et une équipe qui va terminer dernière ». Tous ceux qui sont aujourd’hui à la tête du football professionnel ont évidemment oublié cette évidence. Un président ne se focalise pas systématiquement sur la qualité du jeu produite par son équipe.
Il ne veut que des victoires et assurer le maintien. Pour lui, une équipe, c’est comme une entreprise. Quand un entraineur prend en main une équipe, il sait que tout peut aller très vite et pas dans le sens espéré. Aujourd’hui, dans un milieu devenu impitoyable et ingrat, un entraineur, quel qu’il soit, sait que ses jours peuvent être comptés dès lors que son équipe va perdre deux matches d’affilée. Au fait, en ayant été entraineur de l’Amiens SCV durant neuf saisons (1968-77), André Grillon a réussi une performance qui ne sera pas égalée de sitôt.
Lionel Herbet
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports.fr (illustration)