Dans un précédent article, nous avons retracé dix des matchs les plus marquants de l’Amiens SC durant ces dix dernières années. Mais le club a disputé des rencontres mémorables dans un passé plus lointain mais non moins riche en moments forts. Énumération non-exhaustive de ces histoires d’un jour avec Lionel Herbet.
RC Club de France – Amiens, 19 avril 1930 (Coupe de France, demi-finale)
Ce fut le premier gros fait d’arme de l’ASC au niveau national. Une demi-finale de Coupe de France qui allait tenir toutes ses promesses, le 6 avril, le score étant de 1-1 à la fin du temps réglementaire. Mais à l’époque, pas de prolongation ni de tirs au but dans un premier temps, mais une deuxième rencontre comme cela se fait encore aujourd’hui en Angleterre. Et ce 19 avril marqua les esprits pour l’acte fort de la star amiénoise de l’époque, Urbain Wallet. Mécontent qu’un but flagrant de la main soit accordé aux Parisiens, il quitta la pelouse quelques instants en signe de protestation, ne revenant que sur l’insistance de quelques supporters. « C’était un grand monsieur, d’une correction extraordinaire » le définit Lionel Herbet. Amiens s’inclinait 3-1 mais sortait avec les honneurs.
Amiens – Nantes, 1987 (Coupe Gambardella)
La date n’est pas précise mais le souvenir est intact pour Lionel Herbet : « c’est l’épopée de l’Amiens SC en Coupe Gambardella. A l’époque, elle était réservée aux juniors, on ne parlait pas de U17 et U19. L’entraîneur était Robert Buchaud qui est le seul technicien amiénois à avoir entraîné toutes les équipes d’Amiens : cadets, juniors, équipe B et les pros, l’équipe première, tout en ayant joué lui-même. En demi-finale de cette Gambardella, Amiens va battre Nantes au stade Moulonguet, Nantes qui aligne ce jour-là un certain Didier Deschamps. Didier Deschamps a joué à Moulonguet. » En finale, les joueurs de l’ASC s’inclinaient contre le Grenoble d’une autre future star, Youri Djorkaeff.
Amiens – Valence, 29 mai 1999 (Division 2)
Cette rencontre fut particulière dans l’histoire de l’ASC pour deux raisons. D’abord, parce qu’elle opposait le club samarien à Valence, alors 18ème et barragiste mais un point derrière les locaux. En cas de défaite amiénoise et de victoire du Mans dans le même temps, le destin des Picards se jouait en barrage. Ce fut aussi, et surtout, le dernier match officiel d’Amiens au Stade Moulonguet puisque, la saison suivante, le club débutait son aventure à la Licorne. La dernière dans ce stade mythique dans lequel l’ASC et ses ancêtres évoluaient depuis 1921 porta chance aux Samariens qui s’imposaient 3-1, conservant sa place en deuxième division.
Amiens – Troyes, 21 avril 2001 (Coupe de France, demi-finale)
Si la finale est restée dans les mémoires de tous les supporters, Lionel Herbet apporte une attention toute particulière à cette demi-finale de Coupe de France disputée contre Troyes. Comme ce sera le cas en finale, l’ASC attendra les tirs au but pour connaître son sort. Et si les Samariens se qualifiaient, c’est sur le banc qu’avait lieu le plus beau des spectacles. « Les deux entraîneurs, Denis Troch et Alain Perrin, s’assoient côte à côte pour assister à cette séance de tirs au but » se rappelle l’ancien du Courrier Picard. « Je n’ai jamais revu ça. Je ne sais pas ce que les deux hommes ont ressenti lorsque Amiens s’est qualifié pour la finale mais c’était extraordinaire à voir. » Ce jour-là, dans les buts Amiénois, se trouvait Julien Lachuer. Chez les Troyens, jouait un certain Eric Roy. Et aujourd’hui, le premier est l’adjoint du second au Stade Brestois.
Amiens – Strasbourg, 26 mai 2001 (Coupe de France, finale)
C’est probablement le match le plus dramatique pour les plus anciens suiveurs de l’ASC. Alors en troisième division et après un parcours extraordinaire, les Amiénois ralliaient pour la première et toujours la seule fois de son histoire, la finale de la Coupe de France. Une occasion unique de remporter son premier trophée professionnel qui s’envolait à l’issue de la séance de tirs au but (0-0, 4-5 tab). « Ce jour-là, normalement Amiens aurait dû gagner, parce qu’il y a un centre pour Rivenet qui n’a plus qu’à pousser le ballon, il l’a raté, ça arrive. » Et l’histoire de cette finale aurait pu être belle dans tous les cas si Strasbourg s’était incliné en demi-finale contre Nantes, les Canaris étant assurés de jouer la Coupe d’Europe grâce au championnat. Les Amiénois auraient donc récupéré le ticket européen distribué au vainqueur ou, à défaut cette année-là, au finaliste de la Coupe de France.
Amiens – Laval, 22 mai 2004 (Ligue 2)
Les Amiénois n’avaient plus rien à jouer lors de cette dernière journée de Ligue 2. Et malgré la défaite (spectaculaire) 3-4 des locaux qui permettait aux Lavallois de se maintenir, comme ce fut le cas symboliquement 19 ans plus tard, en 2023, la fête était belle à la Licorne pour célébrer la dernière d’un entraîneur marquant de l’ASC qui officiait depuis 2000. « A la fin de ce match, on assiste à cet événement incroyable. On apprend que Denis Troch va aller entraîner Laval la saison suivante, et qu’à l’inverse, Alex Dupont, qui était à Laval, viendra à Amiens. Denis Troch a eu un adieu extraordinaire. Il a fait le tour d’honneur du stade. Les gens l’applaudissaient, l’acclamaient. C’était quelqu’un qui avait laissé un souvenir extraordinaire. Jamais je n’ai revu ça » souligne Lionel Herbet.
Brest – Amiens, 13 octobre 2006 (Ligue 2)
À la fin de la saison 2006-2007, les Amiénois passaient tout proches d’une première montée en Ligue 1. Terminant quatrième à un point du troisième et dernier promu, les Samariens avaient pourtant fait la dernière partie de saison qu’il fallait (deux défaites sur les 16 dernières journées). Mais c’est plus tôt dans la saison, lors de la 11ème journée disputée à Brest, que l’ASC avait peut-être manqué le coche. Menant au score dès la deuxième minute grâce à Joël Sami, les Picards encaissaient le but de l’égalisation au bout du temps réglementaire. Deux points perdus qui allaient coûter cher en fin de saison.
Amiens – Guingamp, 15 mai 2009 (Ligue 2)
La fin de saison 2008-2009 fut difficile pour l’ASC avec cinq matchs sans succès pour conclure, dont une dernière défaite qui sera fatale pour le club (voir ci-après). Et parmi ces rencontres qui auraient donné un tout autre futur au club samarien si elles avaient été mieux gérées, celle face à Guingamp laisse probablement, encore aujourd’hui, un goût amer aux supporters de la Licorne présents au stade ce jour-là. À peine remis de leur victoire en Coupe de France une semaine plus tôt et n’ayant plus rien à jouer en championnat, les Bretons auraient pu lâcher l’affaire, surtout après le but du 3-2 de Bakary Traoré à la 87ème minute qui garantissait quasi à coup sûr le maintien de l’ASC. Mais à la 90+3ème minute, Guingamp égalisait et allait, indirectement, participer à la descente picarde.
Boulogne – Amiens, 29 mai 2009 (Ligue 2)
L’ASC avait déjà connu des descentes en National mais celle-ci fut sûrement la plus difficile à digérer. Jamais relégables au cours de la saison, les Amiénois s’écroulaient lors de la dernière rencontre face à une équipe de Boulogne qui jouait la montée en Ligue 1 (4-0) et faisaient les frais du pire scénario possible. Nîmes et Châteauroux, alors derrière les Amiénois au classement, remportaient tous deux leur rencontre pour passer d’un point les Samariens qui terminaient 18ème et étaient directement relégués sans passer par des barrages. Un destin cruel qui aurait pu être évité sans une fin de saison ratée au global. « Le soir même, des supporters d’Amiens, en colère, sont allés devant le domicile de Thierry Laurey (alors entraîneur d’Amiens) pour essayer de lui faire un mauvais tour » se désole Lionel Herbet.
Amiens – équipe visiteuse, saison 2010-2011 (National)
On va tricher un peu et ne pas s’intéresser à une seule rencontre. Après une saison de digestion de la descente, l’ASC allait rebondir de fort belle manière pour remonter en Ligue 2. Deuxièmes à l’issue de la saison, les Samariens pouvaient se targuer de n’avoir concédé aucune défaite à domicile, soit 21 rencontres sans perdre (16 victoires, 5 nuls). Mieux encore, ils ne perdirent pas une seule rencontre, domicile et extérieur confondus, entre la 17ème et la 42ème journée soit 26 matchs d’invincibilité. Une performance extraordinaire sur laquelle ne surfera pas le club la saison suivante, en Ligue 2, mais qui devrait rester pour longtemps, si ce n’est à jamais, la plus longue série positive de l’histoire du club.
Simon Vasseur & Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr (illustration)