RUGBY – Fédérale 3 : Joël Nayet, toujours autant passionné et ambitieux 

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Président du RCA rugby, Joël Nayet revient sur une année 2024 compliquée à bien des égards marquée par une relégation en Fédérale 3 qu’il a vécu à distance. 

Écarté en début de saison dernière pour des raisons médicales, il a vécu de loin le début de saison des siens. Revenu par la force des choses pour essayer de sauver un navire déserté, il a fait des choix forts, pas toujours plaisants, mais assumés. S’il n’a pas pu éviter la descente, il repart “sans énergie” comme il le souligne mais avec envie et détermination. 

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Et quand il tire le bilan de cette année 2024, étonnamment, malgré les cicatrices encore béantes, il retient du positif avant tout. “je vis comme un déchirement et un énorme échec cette relégation. Ce n’était pas gagné de repartir sur une bonne dynamique avec pas mal de départs et un budget à gérer. On a opté pour un staff maintenu et renforcé et la venue de jeunes joueurs du territoire. Je ne savais pas vraiment où l’on allait pour être sincère et finalement ce n’est pas si mal, on est top 4 et je pense que l’on aurait pu être top 3. Aujourd’hui, il y a deux équipes devant qui sont pour le moment un peu au-dessus mais on aurait pu être dans la situation d’Arras ou Compiègne, deux clubs historiques en grande difficulté. C’est donc un bilan plutôt positif sur le plan sportif avec un restructuration financière lourde à porter mais dont on va s’en sortir. On a un bureau directeur largement rajeuni après des démissions face aux problèmes financiers. Je trouve que ce n’est pas si mal après la saison cauchemar que l’on a vécu, on a su rebondir avec une ambition sur la deuxième phase qui doit nous conduire à passer au moins un tour de phase finale. Si l’on en fait plus, ce serait top mais un serait déjà bien.” 

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Si l’échec et ses soucis personnels ont changé un peu sa vision de la vie, il n’a pas perdu son ambition et son amour pour le rugby. Mais pas question de mettre la pression, les joueurs étant d’ailleurs peut-être plus pressés que lui aujourd’hui. “Oui, on reste très ambitieux même si je n’ai pas fixé de délais. Mais remonter dans les deux-trois ans, ce serait très bien. C’est normal qu’un club comme Amiens soit en Fédérale 2, c’est notre place. Si un jour on peut aller encore plus haut, ce serait encore mieux mais on doit être au minimum en Fédérale 2. Ce qui est anormal, c’est que le club soit resté aussi longtemps au niveau régional.” 

S’il n’a pas fixé vraiment de délai et veut laisser le temps à ce groupe, il est clair que le club est prêt à remonter directement d’un point de vue financier. “Les joueurs sont ambitieux et c’est très bien. On avait un budget de 650000 euros et un club de fédérale 3, c’est environ 350000 euros. On a moins de ressources donc on a dû faire des choix et faire des économies. On a présenté un budget de 450000 euros ce qui est beaucoup mais on a des coûts de restructuration, que l’on aura pas l’année prochaine, qui étaient inévitables quand on se sépare de joueurs. On a pu repartir car on a bien travaillé pendant sept ans et que l’on a des fonds propres qui ont évité le dépôt de bilan contrairement à d’autres structures amiénoises récemment. On est capable de repartir dès l’année prochaine sur une bonne dynamique et l’on sera prêt si les garçons obtiennent la montée. Je ne sais pas si l’équipe sera prête cette année pour aller chercher le ticket pour la fédérale 2 mais, s’ils en sont capables, je serai le premier ravi et l’on ira sans souci.” 

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S’il ne se cache pas sur la situation financièrement difficile du club, il n’est pas inquiet sur son avenir grâce, comme il le souligne, à un réseau de partenaires fidèles et un travail depuis plusieurs années. “Grâce à nos partenaires privés très fidèles, on peut aujourd’hui voir l’avenir de façon sereine. Sans eux, on ne serait pas dans cette situation cette année.” Un budget lourd qu’il assume et qui a permis d’éviter des licenciements :“on porte un budget extrêmement lourd mais on a privilégié la sauvegarde d’un maximum d’emplois et c’est ma plus grande satisfaction. Il y a des coûts de restructuration qui vont aboutir à un budget plus équilibré l’année prochaine.” 

Apprendre de ses échecs …

C’est dans la défaite que l’on se construit. Le club a identifié les raisons de cette descente pour en tirer les leçons. “On a eu plusieurs facteurs qui nous ont mis dans une spirale négative dont on n’a jamais su sortir. J’étais assez loin au moment de la préparation de la saison à cause de problèmes de santé. Je pense que l’on était à la fin d’un cycle, que l’on a peut être pas su assez anticiper ou gérer. Martin était là depuis sept ans, il a fait un très gros travail que ce soit sur l’équipe première ou le club en général mais sept ans c’est long, il y avait peut être besoin d’autre chose. On a raté l’intersaison, que ce soit dans le recrutement mais aussi dans la préparation physique que l’on a traîné toute la saison. C’est pour cela que l’on a pris une préparatrice physique à plein temps pour essayer de combler le manque que l’on a eu et c’est aussi pour cela que l’on a souhaité un effectif plus dense. “ 

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C’est la même réflexion qui a poussé à privilégier un staff conséquent plutôt que la venue de joueurs au statut professionnel comme les Sud-Africains sur les dernières saisons. “On a appris de nos expériences passées lors des trois dernières saisons. Quand je suis arrivé, on était en honneur et on avait besoin de culture rugby, ce que nous a apporté la venue de joueurs sud-africain. On a aussi vu la limite du système car, quand ils sont trop bien installés, le rendement n’est plus le même. On a aussi démarré une politique de jeunes avec une équipe en Nationale et l’ambition d’en avoir une deuxième mais aussi l’arrivée du CEL. On a donc décidé de poursuivre dans cette voie avec un modèle plus axé sur la formation.

… et mettre la jeunesse au pouvoir 

Un changement de projet qui a pour but de s’appuyer sur une jeunesse dorée, illustrée par la montée en U16 nationaux et l’arrivée du CEL mais aussi une politique nouvelle dans le recrutement qui consiste à aller chercher des jeunes de qualité en s’appuyant sur le réseau et les clubs partenaires. Un modèle plus stable qui à tout pour fonctionner comme le souligne Joël Nayet, “Si l’on assoit bien notre club sur le territoire, et je ne parle pas que de la Picardie bien entendu, on peut avoir un bassin de joueurs intéressant pour exister à un bon niveau. On n’a plus de manager général mais un staff complet par catégorie avec un membre du bureau responsable de chaque catégorie donc je suis assez content de ce que l’on a mis en place. Après, il y a encore beaucoup de travail.” 

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Une jeunesse qui prend petit à petit sa place dans l’effectif, surtout en réserve avec une politique assumée. “Cette année on a fait le choix d’aligner beaucoup de jeunes dans l’équipe réserve, quitte à perdre, là où l’année dernière, on tire peut-être un peu trop sur les anciens. On leur donne de l’expérience avec, autour d’eux, des anciens pour les épauler et c’est aussi à ça que sert l’équipe réserve à ce niveau. Cette expérience doit permettre de les conduire à l’équipe première. Si l’on peut faire ça c’est que l’on a été capable d’aller chercher des jeunes ailleurs car le bassin local n’était pas suffisant.” 

Ambitieux comme dans sa vie professionnelle, le président qu’il est ne veut pas s’arrêter là : “J’ai un projet de groupe élite avec des bons clubs du secteur comme Beauvais, Compiègne ou Arras par exemple qui pourrait permettre à des jeunes d’évoluer au niveau élite et alimenter ensuite les équipes fédérales.” On compte donc bien sur la jeunesse pour alimenter une équipe première dont l’ambition n’a pas diminué, loin de là, et les clubs partenaires ne sont pas pour rien dans cette nouvelle stratégie. “J’essaye de bien travailler avec nos clubs partenaires de l’OMR et Rouen qui vont nous aider pour repartir avec des passerelles de joueurs intéressantes.” 

Sans oublier les féminines

Une politique de formation et d’excellence qui est aussi appliquée au groupe féminin qui brille cette saison et qui tient à cœur au président Joël Nayet. “Elles font partie du projet et si elles sont minoritaires en termes de licenciées, elles comptent énormément pour nous. Cette saison, elles sont qualifiées pour les phases finales à une journée de la fin et elles peuvent clairement aller chercher quelque chose. C’est une équipe qui, depuis deux ans, travaille très bien avec un staff compétent très apprécié des joueuses. Ce ne sera peut-être pas pour cette saison la fédérale 1 mais dans les années à venir, c’est l’objectif et on les accompagne du mieux possible au quotidien. Comme pour les garçons, il y a une envie de former dès le plus jeunes âge des féminines pour alimenter l’équipe première.” 

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S’il a donc été touché par la maladie et la descente qui a marqué un coup d’arrêt dans le projet du club et s’il répète qu’il est là pour aider mais qu’il ne pourra pas porter le nouveau projet, Joël Nayet n’a pas l’intention de laisser le club. Ambitieux dans le sport comme dans les affaires, impossible pour lui de rester sur un échec et de partir en laissant le club en Fédérale 3. Il veut s’en aller en ayant réussi son pari d’installer durablement le club à la place qu’il mérite avec en tête plein de nouveaux projets pour lui permettre de durer dans le temps. Reste maintenant à savoir si ses joueurs réaliseront ses souhaits. 

Aurélien Finet
Crédit Photo : Kevin Devigne, Théo Bégler & Léandre Leber – Gazettesports.fr

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