Malgré deux victoires sur les trois derniers matchs, ces succès des Gothiques d’Amiens ont été paradoxaux, la faute à des troisièmes tiers à l’envers par rapport aux deux premiers. Une fragilité en fin de match qui pourrait coûter cher et dont les Amiénois doivent se méfier, comme des Pionniers de Chamonix qu’ils affrontent ce vendredi.
Après la courte victoire en prolongation face à Gap (6-5), Mario Richer a accordé trois jours de repos à ses joueurs. Le temps pour eux de couper un peu avec le quotidien et le hockey. Depuis le début de saison, les Gothiques d’Amiens ont joué tous les trois jours ou presque, alors cette petite coupure, en l’absence de la traditionnelle trêve internationale, semble anodine, mais elle s’avère très précieuse pour certains membres de l’effectif. « Ça permet de recharger les batteries, ça fait du bien au moral de se dépayser un peu, sortir au bord de la mer, ou des choses comme ça », explique Mathieu Mony.
Les Amiénois ont ensuite fait leur retour sur la glace mardi à l’entraînement pour reprendre du rythme en vue du déplacement à Chamonix ce vendredi. Un voyage auquel Kristjan Cepon, sorti sur blessure face à Gap, et Clément Fouquerel ne prendront pas part. Si Taran Kozun sera dans les cages, l’absence du Slovène, tellement important avec son acolyte Aleksander Magovac, est un coup dur pour Mario Richer. Lequel devra s’en passer encore une semaine, a indiqué le club. Antonin Plagnat, lui aussi sorti en cours de match vendredi dernier, a bien repris l’entraînement durant lequel les Gothiques ont eu le temps de travailler les phases à six contre cinq et inversement qui auraient pu leur coûter cher contre les Gapençais.
Il faut juste retenir la leçon et ne pas répéter les mêmes erreurs
Mario Richer, entraîneur des Gothiques d’Amiens
Cette rencontre au scénario fou a révélé une maitrise approximative des Amiénois lorsqu’ils possèdent une certaine avance. Outre le match complètement manqué à Briançon (5-2) en milieu de semaine dernière, les joueurs de Mario Richer avaient déjà joué avec le feu face aux Aigles de Nice (6-3) le dimanche 3 novembre. Ils ont ensuite failli se brûler les ailes, poussés en prolongation par une incroyable remontée des Rapaces alors qu’ils menaient 5-0 après quarante minutes de jeu. « Dans le fond, ça ne m’inquiète pas, il faut juste retenir la leçon et ne pas répéter les mêmes erreurs. La bonne chose, c’est aussi qu’on a gagné, dit l’entraîneur amiénois avant d’ajouter en souriant, il ne faut pas que la troisième fois, ça se transforme en défaite. Au moins, là, on sait à quoi s’attendre. »
Un équilibre à trouver dans la gestion de l’effort et du score
Ces deux succès, dont le dernier arraché grâce au roi des prolongations au Coliseum Janis Svanenbergs, ont montré une certaine fragilité des Amiénois dans le dernier tiers. La faute à un relâchement en raison de l’avantage confortable ? à de la déconcentration ? Quelle est la cause de cette phase où les joueurs ne sont plus capables de sortir la tête de l’eau face à des adversaires complétement revigorés et qui évoluent comme une équipe qui joue crânement sa chance et qui n’a plus rien à perdre ?. « Ça arrive quand on se dit, ça y est, on a une avance assez confortable, on va peut-être baisser le rythme, contrôler le match », estime Mathieu Mony. Au final, c’est ce qui nous a joué des tours et c’est un bon apprentissage pour le reste de la saison. Quand on va avoir des avances comme ça, on va rester concentré, on va garder notre intensité et on va travailler fort comme on doit le faire durant 60 minutes. »
Finalement, l’objectif est de trouver ou de retrouver une régularité, tant dans les résultats que dans les matchs en eux-mêmes. Pour le défenseur amiénois, « on arrive de temps en temps à la trouver, mais il faut le faire à chaque match, il faut le faire tout le temps. Si on a une mauvaise présence, il faut repartir de l’avant sur la suivante et il ne faut pas se braquer sur l’ancienne. Il faut toujours aller de l’avant et être positif. » Être régulier dans la rencontre ne veut pas forcément dire être à haute intensité toute la rencontre, même si c’est le grand souhait de Mario Richer. Mais il faut gérer les efforts, surtout pour un effectif limité comme celui des Gothiques d’Amiens cette saison. Pour le Québécois, il faut aussi faire preuve de gestion intelligente : « Il y a des matchs où ce n’est pas nous qui avions l’avantage au niveau de la possession, mais on l’avait dans les petits détails, pour bloquer, lancer, bien sortir le palet, bien jouer défensivement. Ça s’est bien fait. Il faut reprendre les bonnes habitudes. En résumé, il faut trouver un équilibre dans la gestion de l’effort dans lequel la suffisance n’a pas sa place : « Il faut jouer avec acharnement pendant 60 minutes. »
L’altitude, un facteur à prendre en compte
Face aux Pionniers de Chamonix, sixièmes, les Gothiques d’Amiens, au pied du podium, devront aussi composer avec l‘altitude, un facteur qui a son importance. La patinoire Richard Bozon, qui se trouve au sein de la vallée, culmine à plus de 1000 mètres d’altitude. Si ce ne sont pas non plus les hauteurs des plus hautes montagnes des Alpes, ces 1000 mètres ont leur impact sur le souffle, encore plus dans un effort physique. « On sait que les matchs dans les montagnes, c’est toujours compliqué, reconnait Mathieu Mony. Que ce soit Briançon ou Chamonix, ils ont l’habitude de l’altitude. Nous, on arrive le matin, on a beau s’entraîner, c’est un peu dur au niveau du souffle. En match, c’est pareil et, au premier tiers, il faut que les présences soient courtes, il faut qu’elles soient intenses. Il faut essayer de bien récupérer un maximum pendant la journée, puis bien s’activer, surtout avant le match. On sait que ça va être un gros travail à faire et on va essayer d’attraper les trois points. »
Ligue Magnus, 18e journée
Vendredi 15 novembre – 20 h 30, patinoire Richard Bozon
Chamonix (7e, 21 pts) – Amiens (4e, 32 pts)
César Willot
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr