Cela faisait des mois que nous avions formulé ce vœu : qu’Omar Daf, l’entraineur de l’Amiens SC, mais aussi d’origine sénégalaise et né à Dakar, puisse venir dans ce petit village de Crouy-Saint-Pierre afin de rendre un hommage aux nombreux tirailleurs sénégalais qui avaient été exécutés par les nazis en 1940.
Il avait fallu un changement de maire, en l’occurrence M. Régis Sinoquet, pour que ce tragique évènement revienne à la une de l’actualité. Durant quasiment un demi siècle, cet épisode de la guerre était resté sous silence. Voici deux ans, une stèle à l’entrée du village avait été inaugurée sur le bord de la route à l’entrée de Crouy-Saint-Pierre. Depuis, non loin de la nouvelle salle des fêtes, une fresque a été installée près du Monument aux morts et, dans les deux cas, c’est non seulement un message, mais aussi une sorte de reconnaissance qui a été adressée à tous ces jeunes soldats sénégalais qui avaient été envoyés sur le front, sans aucune expérience et qui, un jour de 1940, furent massacrés par les nazis.
Ces derniers se comportaient comme des sauvages et tuaient les soldats venus d’Afrique alors que les Blancs restaient prisonniers. C’est ce qu’a raconté le maire Régis Sinoquet à Omar Daf : « Il faut savoir que ces jeunes Sénégalais n’ont pas été prisonniers, mais exécutés par les nazis. » Les seuls qui ont eu la vie sauve étaient des soldats blancs, car les nazis ne faisaient jamais prisonniers des soldats africains. J’ai honte pour le blanc que je suis. J’ai exercé le métier de gendarme et j’ai horreur de l’injustice, et tout ce qui s’est alors passé me répulse. Nous n’avons pas le droit d’oublier ces jeunes tirailleurs sénégalais qui ont été massacrés. » Ces propos ont visiblement interloqué Omar Daf, visiblement ému et qui ne connaissait pas cet épisode de la guerre. « Je n’étais pas au courant de cet épisode et je suis vraiment heureux d’être ici avec mon épouse pour rendre hommage à ces jeunes soldats de mon pays. Je suis content qu’on se souvienne de cet épisode de la guerre et je ne veux pas l’oublier. »
Lionel Herbet
Crédit photo : Lionel Herbet