La France s’est prise de passion pour Léon Marchand qui survole les épreuves de natation et qui est devenu une sorte de héros national. Et puis la France s’est amourachée de ce gamin Félix Lebrun qui n’a que 17 ans mais se comporte non seulement comme un vrai champion de tennis de table mais aussi un homme qui possède un gros mental.
Ce jeudi, il a dû cravacher pour battre quasiment à l’arracher un champion de Taiwan. Félix Lebrun est allé puiser dans ses ressources pour l’emporter au finish et nous avons pensé alors aux paroles qu’avait prononcées le président de l’Amiens SC Bernard Joannin qui lors de la présentation de son équipe avait clamé « que les victoires ne se décrétaient pas, mais qu’elles s’obtenaient sur le terrain ».
Justement, Félix Lebrun a amené un nouveau tennis de table, plus rapide, plus puissant et surtout jouant avec une raquette à la chinoise ce qui ne se voyait plus en Europe. Félix Lebrun a connu des hauts et des bas mais tel un boxeur, il s’est relevé et s’est qualifié pour les demi-finales ce qui n’avait plus était réussi depuis les Jeux de 1992 avec Jean-Philippe Gatien.
Oui, nous comparons ce pongiste à un boxeur car pour Félix l’adversaire est à mettre KO. Chacun de ses coups peut est envoyé avec tout son corps, son service est là pour déstabiliser et faire baisser la garde de l’adversaire… En voyant évoluer Félix Lebrun, comment ne pas revenir à Amiens qui, depuis longtemps, est une terre de tennis de table ? Comment ne pas nous souvenir avec émotion des Jacques Hélaine, Jacques Gambier et Jacques Secrétin ? Quand ils se produisaient avec leur club ou l’équipe de France, la salle Coubertin était comble et nous prenions du plaisir. Le club de l’ASTT n’est pas en reste avec son KOP pour mettre de l’ambiance dont deux des joueurs viennent de participer aux Jeux olympiques.
Mais ce diable de Félix Lebrun a mis la barre très haut.
Alors, nous nous interrogeons sur l’avenir même de sport : pourra-t-on un jour aller plus vite, faire en sorte que la balle soit décochée à grande vitesse, et ce, dans des diagonales les plus inattendues. Nous avons déjà ces réponses quand nous voyons Félix. Quand un changement de raquette d’un chinois lui fait perdre ses moyens. Le tennis de table est un sport de millimètre, de répétition, de vélocité. Jusqu’où Félix Lebrun repoussera ses limites et nos limites de spectateur dans la passion de cette petite balle…
Félix Lebrun n’a sûrement pas dit son dernier mot et il nous réserve encore bien des surprises.
Lionel Herbet
Photo d’archive : Théo Bégler – Gazettesports