Revenu à la présidence par la force des choses et ne voulant pas se résigner à laisser le RCA à cette place, Joël Nayet évoque pour Gazette Sports le recrutement et les ambitions pour la saison prochaine. Le tout en évoquant la partie économique et l’importance de vite rebondir.
Vous avez fait un recrutement très jeune, c’était une volonté du club ?
On voulait rajeunir l’équipe mais surtout recruter en nombre pour éviter le manque d’effectif comme l’année dernière. Pour la première fois depuis que je suis au club, j’ai connu un forfait en réserve et ce n’est tout simplement pas normal. On a donc fait en sorte, entre les recrues et les jeunes qui montent, de pouvoir être 70 environ sur le groupe seniors. La situation économique du club n’est pas évidente et forcément on ne peut pas avoir des joueurs salariés comme c’était le cas l’année dernière. Je n’ai pas reconduit les Sud-Africains, mais j’ai tenu à maintenir l’ensemble du staff malgré les difficultés. Je ne voulais pas me séparer de collaborateurs qui font partie du projet depuis 7 ans. Je porte un budget qui est très au-dessus de la moyenne de Fédérale 3 mais j’assume et l’on va s’en servir pour repartir sur une bonne dynamique. On est à un moment charnière avec la montée des jeunes au niveau national et l’arrivée du CEL. On n’a malheureusement pas pu se maintenir, ce qui nous rend beaucoup moins attractifs, mais c’est comme ça. J’ai sollicité mon réseau et les institutionnels pour porter un beau budget mais ils ne pourront le faire qu’une saison en Fédérale 3. On a un gros budget, mais on privilégie la formation et le développement de jeunes joueurs.
Votre recrutement est très jeune, car vous avez estimé que l’expérience était déjà présente dans l’effectif ?
Oui, on a gardé un grand nombre de joueurs et ils ont l’expérience de la Fédérale 2 donc la jeunesse de notre recrutement n’est pas un problème. Je regrette que l’on n’ait pas plus de candidats des Hauts-de-France mais l’on a du mal à attirer vu la situation actuelle des joueurs du bassin lillois. On a donc un gros recrutement normand avec une filière que connaît bien Mickael et que je connais bien. J’ai une attache dans cette région, car j’ai travaillé là-bas de longues années et que 2 de mes enfants y sont nés.
C’est aussi une manière de préparer l’avenir ?
Oui forcément, ce sont des jeunes joueurs que l’on veut faire grandir et conserver. Ceux qui viennent pour les études seront là, on l’espère pour plusieurs saisons par exemple. Il faut savoir rajeunir le groupe et apporter du sang frais pour préparer aussi la suite.
Vous êtes parti sur une filière géorgienne bien différente de celle des Sud-Africains. Pourquoi ce choix ?
On avait des joueurs Sud-Africains qui ne faisaient que du rugby, ce qui ne sera pas le cas de nos deux joueurs géorgiens qui vont travailler à côté, ce qui ne leur pose pas de problème. Ils ne sont certainement pas du même niveau technique que certains joueurs l’année dernière mais ce sont des jeunes qui ont du potentiel et l’envie d’évoluer. On ne pouvait pas se permettre de prendre des joueurs avec le même statut que l’année dernière. On va avoir un effectif en nombre avec presque 70 seniors de quoi pouvoir aligner deux équipes pleines à chaque rencontre sans doubler. On ne voulait pas revivre ce que l’on a vécu l’année dernière. On a recruté avec nos moyens, mais l’on a un recrutement cohérent avec de la qualité et de la quantité. On s’est permis deux “dépenses” avec la venue d’une préparatrice physique à temps plein notamment. On avait eu le départ de Bertrand Legranger, qui est promu dans le cadre de son travail et qui aura moins de temps, et O’Neill qui s’occupait des jeunes qui sont partis. Elle va s’occuper des deux pôles. On a vu l’année dernière que certains n’avaient pas été sérieux dans la préparation et on l’a payé cher en perdant beaucoup de points en seconde période. C’est une jeune femme qui vient de l’OMR en qui je fonde beaucoup d’espoir. Elle va nous apporter un vrai plus et va avoir un rôle important à jouer dans le club. On a aussi fait un coup avec l’arrivée de Wilfried Wasilkowski en provenance de l’OMR qui a joué l’année dernière en Nationale 2.
Vous avez dû recréer un staff presque complet, celui-ci est très local, c’est un choix ?
Forcément, on a des contraintes financières, mais l’on voulait aussi avoir un staff technique complet. On a donc décidé de faire confiance à Benoît Venin qui est un enfant du club qui a passé son diplôme d’entraineur l’année dernière. On a le retour de Christian Munteanu dont je compte beaucoup sur l’expérience dans la conquête et pour nous aider à régler les problèmes en touche. Il va gérer les avants avec une première expérience, mais une vraie légitimité de par sa carrière de joueur. Il a accepté de nous rejoindre car il est aujourd’hui installé dans le coin en tant que kiné. C’est quelqu’un qui mettait énormément d’engagement sur le terrain et j’espère qui pourra transmettre cela aux joueurs.
On voit que le recrutement a une forte connotation normande, c’est aussi la touche Mickael Morainville ?
Mickael a fait parler son réseau, mais c’est aussi notre travail avec nos partenaires de Rouen et Le Havre. C’est aussi qu’il n’y a pas de club en Fédérale 2 dans le coin et pas de club de Fédérale 3 forcément très performant, en tout cas moins attractif que notre projet. Dans les Hauts-de-France, c’est différent, et dans la région Lilloise et autour, il y a de nombreux projets avec lesquels en Fédérale 3 on ne peut pas forcément rivaliser, comme c’était le cas en Fédérale 2. Je ne me résous pas à ce qu’Amiens ait une équipe au minimum en Fédérale 2 voir Fédérale 1.
Avoir perdu vos Sud-Africains qui incarnaient le projet, c’est un crève-cœur pour vous ?
C’est les conséquences de la descente donc c’est un échec. Ils nous ont apporté des choses et nous ont permis de monter. Il faut quand même aussi dire que l’on aurait pu attendre plus de certains en Fédérale 2, surtout l’année dernière. Aujourd’hui, Makombe va aller à Compiègne où il sera joueur et aura un poste dans le staff. O’Neill va aller à Bordeaux où il a trouvé un job, lui qui a compris que le sport de haut niveau c’est fini pour lui et prépare intelligentement l’avenir. Bauer va lui aller faire Saint-Raphael où il va travailler aussi à côté, il a donc compris qu’il fallait préparer l’avenir. Tsomondo y croit encore et ne va faire que du rugby en rejoignant Auxerre (Fédérale 2). Je me sens donc propre à l’égard de ses joueurs qui ont tous retrouvé autre chose.
L’objectif est de remonter dès la saison prochaine ?
Oui parce que l’on a mis les moyens et que budgétairement, ce que les partenaires pourront faire un an, il ne pourront pas le faire deux ans si l’on ne monte pas. Le groupe a une vraie responsabilité pour l’avenir et les ambitions du club. En Fédérale 2, on a vu que les budgets sont différents et l’attractivité aussi. Si l’on s’était maintenu, je pense que l’on aurait pu attirer des joueurs de l’OMR par exemple. C’est un immense gâchis de faire la saison que l’on a faite l’année dernière car on a raté un tournant. On a un groupe revanchard avec des jeunes qui vont avoir l’envie de se montrer et je crois vraiment en ce groupe. L’objectif est clair pour tout le monde, la montée.
Aurélien Finet
Crédit Photo : Léandre Leber et Théo Bégler – Gazettesports.fr