Après une soirée d’athlétisme exceptionnelle, marquée par la performance de Thomas Gogois aux Championnats d’Europe 2024 qui s’offre une médaille de bronze, un nouveau record personnel (+51cm) et les minimas des Jeux, Alain Doré, son coach, revient sur la performance du jeune samarien.
Ce mardi soir, vers 22h17, le coeur du staff de Thomas Gogois et des Amiénois s’est emballé, parfois certaines larmes de joie ont coulé. Le pensionnaire de l’Amiens UC Athlétisme, à son 6ème et dernier essai sur la finale du triple saut à l’occasion des Championnats d’Europe 2024, s’envole à 17m38 ! L’histoire est là ! Pour la première fois de sa carrière, le Picard a passé la barre des 17 mètres, et bat pour la troisième fois de la soirée son record personnel. Mais le bond n’est pas que sur le sautoir, puisque de sa performance en découle une place sur le podium et dans le même temps, les minima pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Retour sur une soirée pleine d’émotion.
A ses côtés, Alain Doré, coach du jeune amiénois qui lui aussi a vibré, même si pour lui, ce n’est pas une grosse surprise : « On était à la fois serein et à se poser la question, quand est-ce que la performance va sortir ? On ne pensait peut-être pas à ce niveau, mais au moins d’aller frotter les minima olympiques à 17m22. On savait que ça devait sortir. Est-ce que ça pouvait être à Forbach ? J’avais dit à Thomas : « c’est la première compet’ avec élan complet, donc assure déjà les Europe. Là, l’objectif c’était de faire le travail à savoir se rapprocher vraiment du minima olympique, voir de faire les 17m22. Et si c’était fait en étant 10ème, c’était déjà bien car l’objectif premier c’était d’aller aux Jeux. »
Thomas est motivé par le fait qu’il y ait du gros niveau. Les mecs qui sont à 18m, c’est ça qui motive Thomas.
Alain Doré
Mais hier, pour Thomas Gogois ce n’était pas une, mais trois consécrations, au terme d’un concours relativement ouvert et au cours duquel l’Amiénois a su réagir à deux reprises et se surpasser pour s’offrir une place sur un podium international chez les seniors : « Il fait un premier saut à 16m56 mais il est un peu suffisant, il n’est pas allé au bout. » Son deuxième saut est mordu, mais il est au delà des minima, là il montre qu’il peut aller jouer dans la cour des grands. « Je me dit ok, il est dedans mais il faut juste faire attention. Donc on avait pris un demi pied de marge. Sur le troisième saut je lui dit : « Tu y vas. Il y en a qui sont passés devant, maintenant à toi ! Tu fais le boulot proprement ! » Avant ce troisième saut il est neuvième. Il peut y avoir une pression qui s’instaure, qui fait que l’athlète perd ses moyens mais Thomas il est très fort niveau caractère. C’est à dire qu’au pied du mur, il réagit ! Parfois, ça ne passera pas mais il sait réagir, et pour l’instant systématiquement c’est passé. » Un saut qui réussi à l’Amiénois puisqu’il réalise 16m90 (-0,8m/s et nouveau RP), et prend la huitième place sur le fil pour s’octroyer trois nouvelles tentatives.
Pour Alain, « Thomas est motivé par le fait qu’il y ait du gros niveau. Les mecs qui sont à 18m, c’est ça qui motive Thomas.« . Et sur le sautoir ça se voit ! Au quatrième essai, le Samarien améliore une nouvelle fois sa marque de 6 centimètres en réalisant 16.96m (+0.3m/s). Après une cinquième tentative mordue, l’heure est au dénouement ultime. Et à l’aube du sixième et dernier saut, le technicien amiénois glisse ces quelques mots à son athlète : « Thomas, tu l’as montré au deuxième : tu sais faire le boulot. Tu y vas, tu ne surjoues pas, tu montres ce que tu sais faire. » Il n’en fallait pas moins pour le voir s’envoler à 17m38 et s’offrir une troisième place qu’il gardera jusqu’à la fin du concours.
Les yeux tournés vers l’avenir
Après une courte nuit, la satisfaction était toujours aussi grande pour Alain Doré : « Ce sont deux victoires ! On a fait le travail, ce qu’on attendait, ce qu’on voulait faire ! De là à battre son record de 51cm c’est autre chose (rires). Mais le travail est abouti sur les championnats d’Europe. L’objectif c’était de faire une perf’ pour aller aux Jeux. Mais on savait qu’on se rapprochait dans le même temps de la troisième marche. Il y a la médaille en plus de la qualification, maintenant il faudra aller aux France Elite à Angers, qui sont un passage obligatoire. Mais ce n’est pas juste pour visiter, il faudra aussi aller chercher un titre ! Il n’a jamais été champion de France aux Elites, donc maintenant on ne va pas louper l’occasion si elle se présente ! »
Une dernière échéance qui se tiendra dans une quinzaine de jours, qui laissera ensuite un peu de temps à Thomas et son équipe pour se préparer pour les Jeux. Quoiqu’il en soit, Alain Doré ne risque pas d’oublier cette soirée à Rome, tout comme celles et ceux qui ont vécu la compétition au travers de leur petit écran : « Je sais que tous les amis qui coachent ont vibré devant leur télé ! C’est ça aussi le principal, par le sport, faire vivre ces émotions au public. C’est hyper important que les gens en France aient pu vibrer ! » Alors un seul mot : Merci Thomas !
Interview : Léandre Leber
Rédaction : Dorine Cocagne
Crédit photo : Kevin Devigne et Louis Auvin – Gazette Sports