JEUX OLYMPIQUES : Daniel Senet à tout jamais le premier samarien médaillé aux Jeux Olympiques

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Le département de la Somme compte très peu de médaillés aux Jeux Olympiques depuis les premiers à Athènes en 1896. Il aura en effet fallu attendre les Jeux de Montréal en 1976 pour que notre département soit à l’honneur avec l’haltérophile amiénois Daniel Senet.

Dans son édition du 22 juillet 1976, le Courrier Picard titrait en première page sur huit colonnes : « Daniel Senet premier médaillé picard aux Jeux Olympiques. »

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La veille en effet, le jeune amiénois, qui avait tout juste 23 ans, avait décroché la médaille de bronze dans la catégorie des poids légers (-67,5 kg), en réussissant le total de 300 kilos. Daniel Senet avait créé une véritable sensation et en cette année au cours de laquelle la chaleur battait des records dans notre région, les médias parisiens annonçaient à grand renfort cette médaille de Daniel Senet.

Une médaille qui tombait du ciel car franchement personne en haut lieu n’imaginait que ce garçon, formé et façonné par Rolf Maier, ancien champion mais aussi et surtout CTR (Conseiller Technique Régional), ne parviendrait à monter sur le podium. Daniel Senet est même le premier Français à décrocher une médaille en 1976 et la grande presse écrite et télévisée part alors à la découverte de ce petit bonhomme qui est un inconnu sauf pour nous qui le suivions depuis quelques mois.

Daniel Senet quittait alors Montréal avec le bronze mais un mois plus tard, alors qu’il était en stage à Font Romeu, il apprenait que le Polonais Kaczmarek était déchu pour avoir absorbé des produits dopants. Le bronze se transformait alors en argent mais il n’y eut pas de cérémonie officielle, si bien que Daniel Senet déclarait que le 21 juillet lorsqu’il était monté sur le podium pour recevoir le bronze, il avait été beaucoup plus heureux. Daniel Senet pensait alors très fort à son entraineur Rolf Maier qui avait, quant à lui, participé à trois Jeux Olympiques. Il faudra alors s’habituer à voir en action le duo Maïer – Senet. Les deux hommes s’entendaient comme larrons en foire, Senet ayant une totale confiance en son mentor.

Un des gros problèmes que devait avoir à résoudre Daniel Senet fut celui du poids car dans un premier temps, il souhaitait s’aligner en plumes. Pour parvenir à « faire le poids » il lui fallait sans cesse se priver au plan alimentaire. La catégorie des légers devait donc être la sienne jusqu’à son départ de la compétition en 1981. Désormais, l’Amiénois pouvait s’alimenter à sa guise et surtout évoluer dans un climat serein.

Revenons à la période précédant Montréal, importante car elle lui a permis de gagner son billet. Lors des championnats de France à Nice, il réussissait 290 kg et devenait le meilleur français. Mais c’est dans sa bonne ville d’Amiens qu’il frappait très fort à l’occasion d’une épreuve qui s’était déroulée dans l’anonymat. Il améliorait les records de l’arraché avec 133 kg, de l’épaulé jeté avec 165kg puis prenait la 7e place des championnats d’Europe à Berlin Est avec 290kg. Fêté comme il se doit par la municipalité d’Amiens, Daniel Senet devait participer à ses deuxièmes Jeux à Moscou en 1980.

Senet était au zénith puisqu’il devait pulvériser ses records de France avec 147,5kg à l’arraché et 175 kg à l’épaule jeté. Avec 322,5kg il faisait mieux qu’à Montréal (300kg). Malheureusement, il n’accédait pas sur le podium et devait se contenter de la 4e place. Le trio de tête était composé d’athlètes des pays de l’Est. En dépit de sa belle performance, Daniel Senet échouait et ce fut un gros regret car avec le recul, il est persuadé que ses adversaires qui le précédaient étaient dopés. A l’époque, les contrôles n’avaient pas la même signification qu’aujourd’hui.

Daniel Senet a continué jusqu’en 1981 lorsqu’il est devenu champion du monde de l’arraché à Lille et ce fut une récompense méritée. Interrogé quelques années plus tard, Daniel Senet avait un regret : celui de ne pas avoir reçu la Légion d’Honneur qu’il méritait mais c’était une sorte de visionnaire. En effet, voici 40 ans, Daniel Senet interrogeait les responsables du sport français : « Un champion tombe vite dans les oubliettes et je suis bien placé pour le savoir. Jamais, on ne parle de la reconversion des sportifs. » Daniel Senet avait hélas, raison. 

Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr (archive)

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.