Cela fait déjà un moment que nous relatons l’histoire de ces sportifs de la Somme qui ont participé aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, nous nous attelons à Eugène Legrand et Yoland Lévêque.
Quitte à nous répéter, ils sont vraiment rares ceux qui ont effectivement été sélectionnés pour les J.O et qui résidaient dans notre département ainsi que licenciés dans un club de la Somme. Deux noms nous viennent à l’esprit : l’haltérophile Daniel Senet, né à Amiens, habitant la ville et qui en 1976 était licencié au club d’Amiens SC Haltérophilie. Nous avons aussi Jérémy Stravius, né dans l’ouest du département et licencié à Amiens lors des Jeux de 2012 et 2016.
Aujourd’hui, nous allons évoquer deux boxeurs qui ont vécu à Amiens ou dans la Somme mais qui au moment où ils ont participé aux J.O n’étaient pas samariens. Nous voulons parler d’Eugène Legrand et Yoland Lévêque. Ces deux hommes ont eu un comportement relativement discret aux J.O. mais l’honnêteté et le respect que nous avions pour ces deux champions, car ils étaient des champions, nous demande de ne pas les oublier.
Eugène Legrand a été sélectionné aux Jeux de Melbourne en 1956
Eugène Legrand était originaire du Nord et il avait 22 ans. Il nous dira plus tard que « Melbourne fut d’abord une récompense extraordinaire. Je partais tout simplement pour conquérir l’or olympique. Même le fameux Hongrois Lazlo Papp ne me faisait pas peur. Hélas, j’ai été battu en quart de finale par un Italien car j’étais trop confiant. Ce fut en tout cas un voyage merveilleux qu’il m’aurait été impossible de faire en temps ordinaire. »
Eugène Legrand se souvenait aussi qu’à cette époque, les boxeurs étaient suivis de très près et il leur arrivait parfois d’être pesés à sept reprises dans la journée. 1956 c’est aussi l’année des chars soviétiques qui entraient dans Budapest. La politique s’invitait aux Jeux et Eugène Legrand se souvenait d’un match de water-polo entre les Russes et les Hongrois. Au début des années 70, celui-ci se fixait à Amiens et il fut durant plusieurs années, l’adjoint de Jacques Bataille s’occupant des amateurs.
Yoland Lévêque, un seul combat à Rome et puis s’en va
Pour sa part, Yoland Lévêque, qui est décédé en 2011 à l’âge de 74 ans, a participé aux Jeux de Rome en 1960. Il était né à Mont Saint-Quentin près de Péronne mais très tôt, il avait suivi ses parents dans la région parisienne. A cette époque, il n’y avait pas de comité régional de boxe ni même de région picarde. La famille Lévêque était importante avec 14 enfants dont 9 garçons.
Yoland aimait se bagarrer à l’école et il se destinait naturellement vers ce sport. Mais il devait aussi travailler en tant que puisatier à Nogent. Il creusait toute la journée et ce métier était dur sur le plan physique. Le soir, Yoland prenait son sac et il allait s’entrainer à Chelles. Il disputait son premier combat dans l’Aisne mais jamais il ne boxera dans la Somme. Il poursuivait sa carrière amateur en rejoignant l’INSEP et en 1960, il devenait champion de France des moyens.
Sélectionné pour Rome, il était hélas éliminé lors de son premier combat, le 25 août 1960 face au Russe Fofanov. Ce fut le seul combat de Yoland Lévêque aux Jeux et avant de regagner la France, il assistait à la victoire du grand Cassius Clay qui n’était pas encore Mohamed Ali. Yoland Lévêque devait ensuite devenir professionnel avec un titre de gloire, celui de devenir champion d’Europe des moyens face au Suèdois Bo Hoegberg. Mais le titre de gloire de Yoland Lévêque, que nous avions rencontré chez lui à Mont Saint-Quentin, fut ce combat contre l’immense Ray Sugar Robinson, le 28 septembre 1964. Un combat qui avait rempli le Palais des Sports de Paris et à cette époque, la boxe était vraiment florissante en France.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr (archive)