Ce mercredi 4 octobre, à l’occasion des 27es Rencontres Vélo & Territoires, l’Hôtel des Feuillants du conseil départemental de la Somme était le théâtre d’une table de ronde avec comme invité exceptionnel, Christian Prudhomme, directeur du Tour de France masculin.
Cette année, Amiens a été choisie pour être le théâtre des 27es Rencontres Vélo & Territoires qui se tiennent du 4 au 6 octobre. Un événement qui réunit les collectivités territoriales investies dans le développement du vélo et les parties prenantes de l’écosystème vélo français. Un programme riche sur ces trois jours, construit autour de quatre parcours thématiques et avec une attention particulière accordée aux territoires peu denses. Un rendez-vous proposé dans la Somme, territoire où le vélo est un enjeu d’aménagement, d’attractivité touristique et de préservation de l’environnement.
Ces rencontres étaient également l’occasion pour l’association nationale, de tenir son assemblée générale annuelle, profitant ainsi de la présence des élus de toute la France. Pour la première fois, une personnalité était invitée à partager son expérience et échanger avec les participants. Une opportunité idéale, pour tisser du lien de manière très décontractée, entre l’assemblée et Christian Prudhomme, directeur du Tour de France masculin qui connaît bien le territoire : « Je suis heureux et ravi d’être ici. Ma grand-mère est née ici et j’ai fait un premier stage au Courrier Picard lorsque j’étais étudiant en journalisme à l’ESJ de Lille. »
Le patron du tour de France masculin a accepté avec plaisir de participer à ce moment d’échanges car c’est essentiel : « Nous n’avons pas notre chez nous, la route ne nous appartient pas. Si nous n’avons pas un maire sur la ville de départ, sur celle d’arrivée et un(e) président(e) de département qui nous permet d’être sur la route, on ne sait pas faire de course cycliste. Donc ce contact là est essentiel ! On tisse des liens de confiance, qui deviennent parfois des liens d’amitié. Sans les élus, on ne peut pas faire donc le contact est capital ! »
Le Tour de France, « un spectacle populaire et gratuit »…
Pendant près d’une heure et demie, témoignages et échanges se sont donc succédés entre l’assemblée et l’invité de prestige. Une table ronde, animée par Chrystelle Beurrier, présidente de Vélo & Territoires, entourée de Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la Somme, Alain Gest, président d’Amiens Métropole, Jean-Jacques Sombsthay, vice-président du Conseil départemental de la Haute Saône, Françoise Rossignol, présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables,
ainsi qu’Isabelle Mesnard, élue de Chartres Métropole et présidente du comité d’itinéraire La Véloscénie.
D’ailleurs, le plus beau stade du monde c’est le parcours du Tour de France.
Christian Prudhomme, directeur du tour de France
En ouverture, Chrystelle Beurrier n’a pas manqué de souligner que ce moment était important, compte tenu du fait que le Tour de France offre « une visibilité pour nos territoires » et constitue un événement qui fait « rêver les élus ». Car oui, au delà du sportif, le Tour c’est un coup de projecteur sur la France. L’événement, diffusé dans plus 190 pays « s’adresse à tout le monde. C’est un spectacle populaire et gratuit » soulignait Christian Prudhomme, « ça donne de la fierté aux gens et ça a une influence sur le tourisme. D’ailleurs, le plus beau stade du monde, c’est le Tour de France ». Le patron du Tour assume ses positions notamment sur les départs à l’étranger, parfois critiqués : « Partir de l’étranger c’est faire rayonner la France » évoquant par ailleurs que les demandes étaient nombreuses de la part des pays européens.
… qui fait revivre certains territoires
Un rayonnement à l’international mais pas seulement. A l’image du témoignage de Jean-Jacques Sombsthay, vice-président du Conseil départemental de la Haute Saône qui tenait à adresser « un grand merci » compte tenu du coup de projecteur sur la Planche des Belles Filles qui « est un territoire éprouvé. Proposer des arrivées du Tour sur ce lieu, c’est très important et c’est une histoire humaine. L’effet et l’impact sont très important, ça a été pour nous un vrai levier de notoriété et l’événement est un levier de développement local qui a boosté des initiatives sur le territoire. » soulignait l’élu.
Isabelle Mesnard, élue de Chartres Métropole et présidente du comité d’itinéraire La Véloscénie, mettait également en lumière le cyclotourisme : « C’est notre leitmotiv. Des commerces qui végétaient se remobilisent. On sauve des villages… Aujourd’hui on a un gros travail à faire ensemble, avec vous, pour convaincre d’autres élus », de quoi étayer l’argument du vélo comme outil de développement dans les zones rurales au travers des tracés touristiques.
Le Tour, un événement pour démocratiser l’usage du vélo ?
La question du jour était aussi de savoir quels liens existent ou peuvent exister entre le cyclisme de haut niveau et le développement du vélo au quotidien, notamment comme mode de déplacement doux. Une question qui taraudait plusieurs élus présents et à laquelle Christian Prudhomme a pris le temps de répondre, mettant en exergue les nombreuses actions menées durant le Tour de France mais aussi tout au long de l’année : « Sur le savoir-rouler on est partie prenante, on donne 1€ par écolier formé en amont du Tour. Pendant l’événement, on a des ateliers de maniabilité, réparation, marquage qui sont proposés sur l’essentiel des étapes du tour masculin et sur toutes les étapes du tour féminin. On fait en sorte que le public puisse venir en vélo avec des parkings dédiés, et une facilitation du transport via les TER. Aussi, 25000 gamins prennent part à la dictée du Tour chaque année et les 8 meilleurs sont invités sur l’évènement et chaque commune qui accueille le Tour se voit distribuer 1000 draisiennes. »
Des actions, pour favoriser l’usage du vélo au quotidien en utilisant le Tour de France comme tremplin même si le public vient « principalement pour voir les champions et la caravane ». Mais pour Christian Prudhomme, ce sont des actions « essentielles notamment pour aller chercher les jeunes, qui sont peut-être un peu plus éloignés du vélo. » Une volonté de sensibiliser la jeunesse car comme le directeur du Tour nous l’évoquait : « La bicyclette n’a peut être jamais été autant à l’honneur qu’aujourd’hui dans nos villes. Mais dans le même temps, il y a pleins de gamins qui ne savent pas en faire. A mon époque tout le monde avait un vélo, on se souvenait tous de notre premier vélo et on savait tous le réparer si on crevait par exemple. »
La bicyclette a une place dans le cœur des villes qu’elle n’a plus eu depuis 100 ans.
Christian Prudhomme
Deux élus locaux témoignent
« Je remercie l’association d’avoir invité Christian Prudhomme. Pour avoir été acteur avec Abbeville pour le retour des 4 jours de Dunkerque dans la Somme, c’est vraiment, malgré les contraintes de circulation, une ferveur populaire avec moments particuliers entre les athlètes et le public.
On a la capacité de toucher tous les publics en circulant dans les villages. Ca contribue, d’une autre façon, à donner envie aux gens de pratiquer.
Ca donne du sens et c’est la raison pour laquelle les collectivités territoriales sont demandeuses. »
« Nous avons déjà eu la chance d’accueillir le Tour pour une arrivée en 2015, puis en 2018. Qui sait si d’ici la fin du mandat nous n’en accueillerons pas ?
Le Tour de France peut donner envie de faire du vélo. Il faut toujours des locomotives dans la vie pour avancer et le spectacle qui est donné, donne envie. En montagne, avant ou après, on a des gens qui montent les cols, notamment grâce au vélo électrique.
Le côté populaire de cette course est incroyable, dans la plus petite commune possible il y a des gens qui attendent le passage, c’est incroyable ! »
Des échanges et des témoignages riches qui ont permis au patron du Tour masculin de constater une nouvelle fois que l’événement attire et qu’il y a une envie de travailler main dans la main avec les différents acteurs du territoire : « Ca donne une image extraordinaire ! C’est super que les collectivités locales fasse confiance à l’organisation du Tour de France. » Rappelant aussi dans le même temps que le premier maillon de la chaîne reste les courses locales et encourageant les élus à les soutenir dans leur organisation : « En tant qu’élu, vous pouvez défendre les petites courses. Il faut aider celles et eux qui se battent pour continuer à mettre en place ces courses dans vos régions« .
Une moment qui a donné satisfaction à la présidente de Vélo & Territoire, Chrystelle Beurrier qui évoquait en clôture : « Je reconnais là notre association ! On a fait le choix de travailler sur les politiques cyclables ensemble. » S’adressant ensuite à Christian Prudhomme : « Aujourd’hui on partage cette fierté de travailler la question du vélo au quotidien, que vous sublimez sur une course cyclo sportive. »
De quoi amener des perspectives heureuses quant au développement de l’usage de la bicyclette dans les villes avec des élus et des acteurs impliqués dans la démarche, pour faire qu’à l’avenir le vélo soit favorisé et valorisé dans sa pratique quotidienne.
Dorine Cocagne
Crédit photo : Théo Bégler – Gazette Sports