Lors de la course « Courir la Jules Verne », quatre personnes en situation de précarité ont pu participer à l’événement, grâce notamment aux éducateurs de l’association L’Îlot.
Cédric, Salah, Morgan et Mehdi sont quatre finishers du 5 kilomètres de la Jules Verne. « La course ça va, c’était une bonne animation. Avec la chaleur, c’était un peu dur, mais c’était nickel. Cela fait plaisir d’avoir des gens sur qui on peut compter aussi », assurent-ils. Actuellement, les quatre hommes, en situation de précarité, vivent en foyer et sont encadrés par des éducateurs de l’association L’Îlot. Ils tiennent également à remercier Romuald Allais, gérant du restaurant « La Ferme », qui a financé les équipements des coureurs, et leur a donc permis de sentir intégrés dans la société. Désormais, après cette course, les Amiénois, pour qui le sport peut être un exutoire, veulent rester sur leur lancée et participer à de nouveaux événements de cette ampleur : « Nos éducateurs nous aident à travers le sport et justement, on leur rend la pareille en étant là sur les épreuves. On veut continuer, faire d’autres épreuves, ou faire des matches de foot. S’il y a d’autres compétitions, les faire avec M. Sallali, on essaie d’avancer sur un projet comme cela. […] Un marathon ? Pourquoi pas ».
Jelali Sallali est l’éducateur qui a accompagné les quatre hommes lors de la course. « Il y a deux-trois mois je sondais un peu les personnes dont je m’occupe. Parce que ça fait 20 ans que je suis dans le social, je travaille avec un public en situation précaire, sans domicile fixe, et nous on s’occupe de les héberger dans le cadre de l’urgence. On fait l’accompagnement global, c’est à dire qu’on leur recherche un hébergement, du travail éventuellement. On fait des check-up santé sur tous les points, et le sport pour moi c’était un des socles qui va en haut, et je m’étais dit que nous, on a accès au sport et pour eux, le sport est toujours mis en second plan, au titre du loisir, mais pour moi c’est aussi important que le logement, la santé et l’emploi. En échangeant régulièrement avec eux, ils me parlaient beaucoup de sport, et puis je leur ai dit que je courrais tous les dimanches matins, et que si ça leur disait on pouvait courir ensemble. Il y en a deux-trois qui ont accroché, et puis au fur et à mesure on a créé un projet où deux fois par semaine, on court. Je leur fais une petite remise à niveau physique, et l’objectif était de courir la Jules Verne », raconte-t-il.
L’éducateur est heureux de remarquer quels sont les bienfaits du sport pour les quatre coureurs : « Aujourd’hui ils courent, ils sont contents, on sent des choses revivre chez eux, parce que c’est vrai que l’hygiène de vie passe au second plan pour eux. Et là ils ont pris conscience que c’était important, qu’il fallait prendre soin de soi, de son corps ». Il espère que ce se projet va se pérenniser, notamment à partir de l’automne prochain, pour la course des 4 saisons et voit encore plus grand, avec un marathon l’année prochaine. « L’objectif c’est de participer, et non de performer. Leur faire prendre conscience qu’ils sont capables de le faire. C’est comme là, le 5 kilomètres, je pense qu’ils n’imaginaient pas être capables de le faire, et en plus ils avaient une allure qui était plutôt respectable au vu de leur parcours de vie. Ils ont été très courageux, et je pense qu’ils sont pleins de capacités, et qu’ils sont capables de faire un marathon l’an prochain. J’y crois vraiment. L’objectif est de les réinsérer socialement et mon objectif à moi c’est aussi de les réinsérer par le sport. L’association nous soutient complètement là dedans », conclut-il.
Romain Ales
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports