Intéressant la table ronde organisée par le journal l’Equipe et consacrée évidemment aux Jeux Olympiques. Parmi les questions qui ont été posées à quatre présidents de Fédération française, une était celle-ci : peut-on être un bon président de fédération ou un bon Ministre des Sports quand on a été un champion ?
La réponse a fusé : c’est non. On peut en effet avoir été un sportif de haut niveau et ensuite s’engager dans une carrière de dirigeant ou d’homme politique sans pour autant briller ou être à la hauteur. La seule discipline qui met une certaine barrière est incontestablement le judo. Pour occuper les fonctions de président de la Fédération de judo, il faut être titulaire de la ceinture noire ce qui n’est pas à la portée de tout le monde. C’est comme si on demandait au football d’avoir été international ou au cyclisme d’avoir remporté une grande classique.
Les participants à ce débat fort intéressant du reste ont estimé, à juste titre, qu’avoir été un champion ne signifiait pas forcément être soit un bon Président de Fédération soit un excellent Ministre des Sports. D’anciens champions sont devenus Ministres sans pour autant laisser une trace indélébile comme par exemple Guy Drut, Alain Calmat, Roger Bambuck, Bernard Laporte… A l’inverse, tout le monde s’accorde à reconnaitre que Madame Marie-George Buffet Ministre des Sports sous l’ère Chirac est encore aujourd’hui, considérée comme une excellente Ministre et pour autant elle était membre du parti communiste.
Aujourd’hui, l’actuelle Ministre, Amélie Oudéa-Castéra, fait beaucoup plus parler d’elle pour sa lutte à vouloir dézinguer Noël le Gräet qu’à proposer une véritable politique sportive et évoquer le problème important de la reconversion de nos athlètes qui préparent les Jeux Olympiques et dont certains se demandent ce qu’ils vont devenir. Revenons au judo et à son nouveau président Stéphane Nomis qui était totalement inconnu avant d’accéder à ce poste. Stéphane Nomis est certes ceinture noire mais il a eu le mérite de battre des candidats anciens champions tels Thierry Rey, David Douillet et surtout Jean Luc Rougé qui était en poste et semblait indétrônable.
Le mérite du nouveau président est réel et on le pensait à l’abri de toute critique quand est arrivée l’affaire Clarisse Agbégnénou, cette championne olympique et qui a porté un kimono qui n’était pas celui de la Fédération française dans une grande compétition mondiale. Clarisse a été privée de son coach personnel et on comprend sa colère car elle estime, à juste titre, que la la Fédération autorise à Teddy Riner ce qui lui est interdit.
En un mot, il y a deux poids et deux mesures à la Fédération de judo et le nouveau président devra surmonter cette affaire et prouver qu’il peut-être un bon président. Ce genre d’histoire risque de se reproduire dans d’autres disciplines car jusqu’à présent, les athlètes ne devaient que se taire et ramener des médailles. Aujourd’hui, ils s’expriment et nous les comprenons parfaitement.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports et DR