L’ESSSF disputait son premier match à Sains-en-Amiénois dimanche dernier face à Grandvilliers. Et elle s’est imposée, signant des débuts prometteurs.
« J’ai une équipe qui voulait être plus compétitive, qui voulait gagner des matchs avec un bel état d’esprit. À 8 c’est différent, c’est plus du plaisir », affirme Margaux Louchet, coach de l’ES Sains Saint-Fuscien. Différent, en effet. Pour la plupart des joueuses, le foot à 11 est une nouveauté. Et qui dit nouveauté, dit adaptation. À commencer par la préparation, plus intensive selon la coach : « Nous avons commencé fin juillet. J’ai instauré avec les filles ce travail du jeu à 11. Nous avons eu un travail physique important, quand on passe de foot à 8 à foot à 11, on court beaucoup plus. Ensuite, nous avons mis en place un système de jeu et les filles ont bien su s’adapter. »
L’Amiénoise a de suite adhéré au projet et s’implique à fond : « J’ai commencé le football à Saint-Fuscien quand j’étais jeune. Ensuite, j’ai joué cinq ans aux Portugais d’Amiens en R1 donc je connais le haut niveau. J’ai vu qu’il y avait des qualités incroyables dans ce groupe. Le président est là et il nous suit partout, c’est quelque chose de très important pour les féminines. Le fait d’avoir un groupe aussi soudé m’a poussé et je m’entends bien avec toutes les filles. Être amies en dehors et coach sur le terrain, ce n’est pas facile à faire mais nous arrivons à dissocier les deux et cela se passe très bien. J’ai ce plaisir de transmettre et je suis ravie de réussir à le faire. »
Les premières rencontres se sont soldées par deux défaites, sans démériter, face aux grosses écuries du championnat, Beauvais et Compiègne. S’en est suivi une victoire sur le terrain de Gouvieux et dimanche dernier un nouveau succès à domicile contre Grandvilliers. « Notre début de saison est plutôt pas mal. Il y a quand même beaucoup de choses à revoir, mais on commence par deux gros matchs avec deux adversaires costauds, c’est bien pour l’apprentissage. On réalise de belles choses. On gagne le week-end dernier à Gouvieux et on enchaîne avec une deuxième victoire donc ça fait du bien […] Elles ont mis tous les ingrédients pour réussir », ajoute la coach samarienne.
Côté terrain, les joueuses de Sains Saint-Fuscien ont largement dominé la première période, en se procurant de nombreuses occasions – la plupart sur le flanc droit – concrétisées à deux reprises. Les Bleues mènent logiquement 2-0 à la pause. « On fait une première mi-temps plus que correcte, on réussit de belles choses. On va vite vers l’avant, on se créé beaucoup d’occasions et on les finit. À la mi-temps, je leur dis de mettre le troisième but, car c’est le plus important », assure Margaux Louchet. Consigne respectée, car les locales marquent dès le retour des vestiaires. La deuxième période est plus compliquée, Grandvilliers se réveille et prend le jeu en main, mais n’inscrit qu’un seul but.
Pour son premier match à domicile, l’ESSSF s’impose donc 3-1. Une belle victoire selon la technicienne samarienne : « Elles se sont battues les unes pour les autres, c’était aussi mon discours avant le match. On repart avec la victoire, pour moi qui est méritée. On a produit du beau jeu. Je les félicite car dans l’ensemble elles ont fait un gros match ». L’objectif est de finir troisième, derrière Beauvais et Compiègne, à la mi-saison et de « faire le maximum » en coupe.
Une transition prématurée
Au départ, le club voulait prendre plus de temps pour créer une équipe de foot à 11. « Ça a été un petit peu provoqué par un nouveau règlement qui a été élaboré explique Thierry Levrel, président de l’ESSSF. Nous étions le seul club de la Somme à avoir deux équipes de foot à 8. Il y a un règlement qui a imposé de ne plus avoir deux équipes de foot à 8 dans un club. On a nous a projeté dans le foot à 11 alors qu’on voulait prendre plus de temps que ça, on voulait être accompagnés, ça ne se met pas en place si facilement que ça, le foot féminin ! Dans notre club, quand on se lance dans quelque chose on veut que ce soit pérenne, et là on a été un peu bousculés », confirme t-il. Au final, cette transition s’avère être une réussite.
« On a fait une réunion de début de saison, ça a été validé. Le foot à 11, c’était un aboutissement pour nous mais c’était un peu prématuré. Il y a une dizaine de filles qui se sont dit « Allez on se lance ! » Petit à petit, elles en ont contaminé d’autres. On a quand même maintenu une équipe à 8 pour préserver les filles les plus motivées pour cette formule là, parce qu’elle est intéressante également pour développer le foot féminin, il n’y a pas que le foot à 11. Le foot à 8 doit continuer à exister », explique le président du club. Un grand pas pour l’ESSSF, qui développe le football féminin depuis six ans. Cette année, la section compte 25 licenciées et l’Entente cherche à étoffer son effectif pour compléter les deux équipes.
Thierry Levrel suit attentivement ses équipes, le tout dans une bonne ambiance : « c’est un de nos points forts, quelque soit le niveau d’équipe. C’est ce qui donne la pérennité au club, il n’y a pas d’appel d’air. Les gens restent au club plusieurs années, c’est une histoire de famille. C’est très bien stabilisé.» Toutes les contraintes sont analysées et décidées lors de réunions en interne. Comme par exemple la question des déplacements. Dans son championnat, l’ESSSF doit se déplacer parfois à plus d’une heure de route. « Je me suis engagé à les accompagner financièrement. Les péages, les temps de trajet sont pris en charge par le club, sous condition de covoiturage. Sinon les filles se prennent en charge », conclut le président du club.
Romain Ales
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports
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