Quelques semaines après la rentrée, le Pôle d’Excellence du Football Amateur d’Amiens (PEFA) effectue sa reprise cette semaine dans le challenge Jean Leroy. Entretien avec Bruno Fagnoni, responsable du Pôle.
Combien d’élèves composent ce pôle d’excellence ?
Le PEFA c’est 110 élèves. Il y a 24 filles, 24 joueurs en futsal, 10 arbitres et un peu plus d’une cinquantaine en football garçons. 24 élèves viennent du lycée Edouard Gand, 24 du lycée Branly et le reste du lycée Louis Thuillier. Cette année nous avons battu un record avec plus de 180 candidatures. Au départ, la section sportive garçons, créée en 1978, était au lycée Thuillier et uniquement masculine. Puis au fil des années, elle s’est féminisée. On a eu des arbitres, on a mis en place le futsal, au gré du parcours scolaire.
Comment se déroule le recrutement ?
C’est une inscription qui se passe en ligne avec plein de renseignements, sportifs, scolaires, personnels. En tout, il y a sept pièces jointes à fournir (avis du professeur principal, avis du professeur d’EPS, avis du coach de club, avis du chef d’établissement, avis du président de club, lettre manuscrite de motivation et les bulletins scolaires). Cet ensemble de données fait que nous allons convoquer ou non les joueurs à des tests de sélection. On voit nos candidats deux fois en test d’évaluation terrain. On aura vu au mois de mai plusieurs tours de sélection pour, à la fin, faire un classement mixte qui associe le scolaire et le sportif. Il y a eu un classement pour chaque section. Ensuite, ce sont des propositions qui sont faites aux équipes de direction, en fonction du nombre de places qui nous est réservé dans les classes.
Comment s’est passée la rentrée ?
La majorité de nos élèves sont internes, donc cela renforce la cohésion, l’esprit de groupe. Ils ont une vie collective, ils sont contents de se retrouver, de se voir toute la semaine, d’être ensemble à l’école, de s’entraîner ensemble. En Première et Terminale, il y a une bonne continuité. Par contre, chaque année, on a une grande vigilance et une grande attention sur les nouveaux arrivants. Le passage en Seconde n’est jamais facile scolairement, ils se retrouvent dans une grande cité scolaire, dans des classes sportives et au sein d’un Pôle d’Excellence, cela fait beaucoup de changements. Parfois, ils viennent d’un petit club, d’un petit collège ou même d’une petite ville. Et pour certains, c’est une grande première à l’internat, c’est quitter le cocon familial, donc il peut y avoir quelques semaines d’adaptation et de réglages, et ce n’est pas toujours évident. Donc avec le staff, nous sommes vigilants. Cependant, nous les avons recrutés au regard de critères sportifs et pédagogiques, plus les tests de sélection, qui nous font penser que tous ces élèves étaient armés pour digérer tout ça. C’est encore une rentrée qui a demandé des réglages. On arrive à s’en sortir, c’est impossible sans les équipes de direction des trois lycées, qui font de gros efforts.
Comment s’est déroulée votre préparation ?
Notre travail principal, c’est la progression du joueur dans la semaine. Nous ne les préparons pas au match du week-end, ça c’est avec leurs clubs, mais nous allons beaucoup observer, nous avons beaucoup d’informations sur le comportement dans les clubs. Je suis déjà allé voir des morceaux de matchs ces trois dernières semaines, j’ai pris mes informations. On ne peut pas vraiment se préparer, la plupart des autres sections sportives pour le challenge Jean Leroy sont des structures clubs. Tous les joueurs sont dans le même club et s’entraînent ensemble. Nous, nous sommes multi-clubs et personnellement je m’en réjouis, donc nous avons un petit déficit d’habitudes de jouer ensemble. Il y a deux ossatures principales, l’ESC Longueau et Camon (dont les équipes premières seniors évoluent respectivement en N3 et R1, ndlr). Mais il y a aussi d’autres clubs. Pour le Jean Leroy, nous allons établir un groupe de 24 joueurs. Et ils 18 seront sur la feuille de match au Blanc-Mesnil. Nous avons reçu la section d’Aubervilliers pour deux rencontres (U17 le matin et U18 l’après-midi) qui se sont terminées par des scores de 4-0 et 0-0. C’est une équipe qui a des points communs avec Le Blanc-Mesnil car ce sont des voisins du 93. Cela a été une bonne prise de repères collectifs. On sent qu’il y a une petite émulation chez les joueurs.
Quelles sont vos missions au sein du PEFA ?
Ma mission, c’est d’essayer de coordonner, de faire fonctionner, de développer et de faire rayonner ce PEFA, c’est vraiment ma feuille de route, le fonctionnement sportif, pédagogique, scolaire, le développement, car on doit continuer à se développer et s’améliorer sur plein de points dans notre fonctionnement. Et le rayonnement, c’est le faire savoir, la communication, des compétitions sportives… C’est ça qui est très excitant ! On essaye d’offrir aux élèves un parcours général ou technologique dans les trois lycées. Il faut coordonner tout ça, c’est une mission prenante mais passionnante. Je remercie les équipes de direction parce que c’est un gros casse-tête d’aligner les horaires pour pouvoir faire sortir les gamins aux horaires d’entraînements qui sont contraignants, forcément. J’ai eu cette chance d’avoir pu fédérer un staff technique au fil des années qui est dynamique. Et puis c’est un véritable staff d’enseignants. Il y a vraiment maintenant dans les trois lycées des équipes enseignantes prêtes à suivre et accompagner les gamins, à les prendre en compte avec leur spécificité sportive, donc maintenant on peut dire qu’il y a un staff enseignant. Je me réjouis de pouvoir essayer de faire fonctionner tout ça.
Le PEFA Amiens a reçu le label PEFA. Comment obtient-on cette labellisation ?
Nous avons les quatre sections en réseau (arbitrage, féminine football, futsal et football garçons), ça c’est la première ligne. Cela veut dire que l’encadrement technique respecte le cahier des charges, la structuration de la semaine et des emplois du temps. La Fédération demande que les joueurs s’entraînent dans des conditions, sous un encadrement de qualité, du lundi au jeudi (quatre séances encadrées), avec fin des entraînements à 18h30 maximum. Il y a également tout un cahier des charges pédagogique, médical, technique, d’encadrement et de participation aux compétitions. C’est un cahier des charges très étoffé et donc on relève ce défi tous les ans. Et nous avons été récompensés de la labellisation PEFA en 2021 parce que nous avons respecté ce cahier des charges de Pôle d’Excellence. Il y a sept ou huit labellisés PEFA. Cette année, Pontivy et Metz ont été validés. Il y avait les trois historiques : Valence, Lens Liévin et Strasbourg. Et nous sommes devenus le quatrième, chronologiquement. Il y a eu Meaux et Issy-les-Moulineaux aussi. L’objectif de la Fédération est d’en valider deux par territoire, c’est-à-dire deux par Ligue. Celle des Hauts-de-France a été d’ailleurs la première à avoir deux PEFA. C’est gratifiant d’être soutenu par la Fédération, par la Ligue, par le Rectorat et aussi par les trois établissements scolaires parce que, pour eux, le PEFA que je représente est souvent synonyme de contrainte.
Romain Ales
Crédit photo : Léo Duchaussoy DR