Désabusé, le désormais ex-responsable technique de l’Amiens Porto cherche à rebondir… non sans réflexion.
La perspective ne lui avait, jusqu’alors, jamais traversé l’esprit. Et pourtant, l’une des « chevilles ouvrières » de l’Amiens Porto a – bel et bien – décidé de rendre son tablier. De jeter l’éponge, contre toute attente.
« Cela apparaissait, je l’avoue, improbable au moment d’embarquer dans l’avion. Direction l’Algérie où je souhaitais rendre visite à mes proches » souligne le désormais « ex-responsable technique » Avant qu’il ne s’explique sur ce choix qu’il ne considère cependant pas précipité. Sans oser botter en touche.
Il était murmuré que je siège aux côtés de Francis Thorignac sur le banc de cette entente. Il n’en sera rien !
« J’attendais beaucoup, énormément, de ce rapprochement avec la section féminine de l’Amiens SC » soupire alors l’intéressé. Informé durant son séjour que cette mutualisation de compétences et de moyens ne devrait avoir lieu. « Alors que tout semblait en bonne voie » regrette-t-il.
Une décision qu’il ne souhaite néanmoins commenter qui veillait à « le faire réfléchir. » Bouleverser un avenir à court terme qu’il paraissait pourtant avoir défini. « Il était murmuré que je siège aux côtés de Francis Thorignac sur le banc de cette entente. Il n’en sera rien ! » Choix fort, irréversible de la part de celui qui, « pendant une décennie », se sera efforcé de promouvoir le football au féminin sous le maillot de l’Amiens Porto.
Ce projet, ce défi aura été formidable. Avec un peu de recul, évoquer une équipe senior en Régionale 1, plusieurs finales malheureusement perdues en Coupe de la Somme, auraient fait sourire
« Il s’agit d’une page qui se tourne. C’est ainsi… » argumente, avec nostalgie, un passionné nullement pessimiste. Préférant conserver en mémoire cette « belle aventure humaine. » Où, « parti de rien », Hacène Kichou était alors parvenu à fédérer autour de lui. « Ce projet, ce défi aura été formidable. Avec un peu de recul, évoquer une équipe senior en Régionale 1, plusieurs finales malheureusement perdues en Coupe de la Somme, auraient fait sourire » Et pourtant, tel un ironique clin d’œil du destin, l’intéressé vient d’ajouter un point d’honneur à cette histoire par la consécration d’une troupe U16 qu’il dirigeait. « Les filles viennent de remporter le trophée Haut-de-France»
De quoi susciter une certaine amertume ? « Absolument pas ! » rétorque avec spontanéité celui qui endossa le maillon de l’ASPTT Amiens lors de ses premiers pas, balle au pied. Dix ans (également) avant qu’il ne pousse les portes de la structure chère à Abilio De Sousa Carneiro et ne séduise avec cette orientation au féminin. Pour preuve, un effectif qui oscillera avec « 120 licenciées. » Jeunes passionnées parmi lesquelles Léa Notel, « aujourd’hui au Stade de Reims et qui participe à l’Euro U19 sous le maillot tricolore », Clara Wibault et Clara Lebel « évoluant depuis en championnat national » allaient rapidement tirer leur épingle du jeu.
Changer d’orientation, d’environnement n’altèrera jamais ces dix années passées ici.
Une euphorie qui ne semble plus vraiment être la même aujourd’hui…. « Je n’oserais être aussi catégorique. La crise sanitaire a peut-être encouragé à d’autres sources d’attention. Celle économique suscite aussi une réorganisation de son quotidien » tente d’expliquer celui qui apprécierait rebondir. « Vers d’autres horizons » lâche-t-il du bout des lèvres, attitude qu’il réitère lorsqu’il évoque avoir déjà été sollicité. Mais se garde le temps de la réflexion pour ce nouveau challenge.
« La quarantaine approchant », Hacène Kichou a donc vidé son vestiaire. Et ne fréquentera plus ces prochaines semaines celui de l’Amiens Porto, excepté éventuellement celui réservé à l’équipe visiteuse. Mais il pourrait être entraperçu autour de la main courante d’un stade du Grand Marais qui lui aura donc procuré joies, satisfactions, désillusions. « Changer d’orientation, d’environnement n’altèrera jamais ces dix années passées ici. Comment oublier ces personnes croisées çà et là qui m’ont tant apporté, sur le plan humain essentiellement. Comment oser imaginer dénouer ses liens qui nous ont unis ? »
La gorge nouée, Hacène Kichou laisse alors entrevoir cette émotion jusqu’alors astucieusement maîtrisée. Celle qui témoigne d’une période, d’une décision qui ne le laisse pas indifférent. « Comment pourrait-il en être autrement ? » s’interroge-t-il. Au moment même de refermer cet album aux souvenirs qu’il venait de feuilleter.
Fabrice Biniek
Crédit photos : FB