C’est sur la victoire du N°16 français, le Samarien Sullivan Melchilsen (Le Touquet TC) que s’est achevée la 1ère édition de l’Open Cellenza de paratennis de l’Amiens AC. Les favoris ont globalement tenu leur rang et l’organisation du tournoi a fait ses preuves.
Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! Et ce sont les joueurs qui en parlent le mieux, étant les premiers à saluer la réussite du tournoi en lui-même, avec la qualité de la programmation des matchs ou encore le niveau des ramasseurs de balles. Ainsi que la réussite de la partie restauration, essentielle et assurée midi et soir pendant trois jours. L’hébergement, avec l’hôtel partenaire de l’événement et la prise en charge du transport des joueurs, parfois jusqu’à la gare TGV Haute Picardie, sont autant de bons points. « Ce tournoi pour les amateurs que nous sommes a été organisé professionnellement » souligne David Sueur, joueur de tennis fauteuil à l’AAC et membre du comité d’organisation de l’Open Cellenza.
« Tout ça fait bien sûr chaud au coeur après tous les efforts déployés en amont et durant le tournoi avec le juge-arbitre Emmanuel Mas” explique Karla Mraz-Fourcroy, directrice de l’AAC et du tournoi. “Après l’Open des Hauts-de-France que nous avions accueilli de 2016 à 2019 et avec le vécu que je peux avoir de joueuse valide, c’est aussi l’occasion de porter un autre regard sur le sport”, souligne celle qui retient également la partie communication, notamment sur les réseaux sociaux, qui a permis de donner une grande visibilité à l’Open.
Sportivement, la plupart des favoris ont été au rendez-vous : les victoires de Sullivan Melchilsen (Le Touquet TC) dans le tableau 1, réservé aux mieux classés, d’Emmanuel Everaert (ES Arques) pour le tableau 2 et d’Olivier Langlois (Yvelines) dans le tableau 3 contre Timothée Da Costa Santos (AAC) ne doivent rien au hasard. Certes, dans le tableau 1, les deux joueurs têtes de série ont été battus dès les quarts de finale. Le Francilien Anthony Boclé (N°9 français – Voisins-le-Bretonneux TC) et le Nordiste Nicolas Vanlerberghe (N°10 – TC Ronchin) tombant respectivement contre le futur finaliste et face au vainqueur de leur tableau.
La finale de ce tableau 1 a tenu ses promesses, ce dimanche midi. Parti plus vite, Julien Lefévère (N° 19 français – TSB Valenciennes) a mené 5-2 dans la 1ère manche. Ce joueur de 48 ans, ancien 15/2 en tennis valide, joueur de paratennis suite à un accident de la route en 2012, a servi trois fois pour le gain du 1er set avant de céder au jeu décisif. La 2e manche a été serrée d’un bout à l’autre, jusqu’à ce que Sullivan Melchilsen fasse la différence dans le « money time », breakant à 5 jeux partout. Avant de servir pour le match et de s’imposer 7-6 7-5, en 1h58.
Je dédicace ma victoire à ma fille, Ambre
Sullivan Melchilsen
Un titre qui ravit Sullivan Melchilsen, 32 ans, licencié au Touquet Tennis Club et originaire de Nouvion-en-Ponthieu (Somme). Victime lui aussi d’un accident, sur sa petite moto à 15 ans, il exerce le métier de… sage-femme à Berck. Et a moins le temps de jouer depuis quelques mois. « Je m’étais mis du coup pas mal de pression. J’ai dépensé beaucoup d’énergie avec ma remontada pour revenir au score dans le 1er set. Mais quand tu gagnes un tie-break, tu prends l’ascendant. Je suis très content. Je dédicace ma victoire à ma fille, Ambre. Et j’espère trouver des solutions pour pouvoir jouer plus de tournois car le tennis est ma passion.”
Le tableau 2, qui rassemblait 8 joueurs classés du 28e au 56e rang français, a vu son N°1, le Rennais Didier Guiard, 60 ans (TC St Grégoire), doyen du tournoi, s’incliner en finale contre le gaucher Emmanuel Everaert (ES Arques) 4-6 6-3 6-3. « J’ai pris du plaisir, tant mieux si ça se ressent. J’avais bien sûr envie de gagner parce que je suis un compétiteur mais c’est le plaisir avant tout ! » souligne ce quinquagénaire dont le frère, Laurent Everaert (TC Avesnes – Aubigny), a été demi-finaliste du tableau 1.
Quant au tableau 3, il a vu l’éclosion du jeune Samarien Timothée Da Costa Santos. Victorieux de ces deux premiers tours avec quatre « bulles », le joueur tout récemment licencié à l’AAC est tombé en finale sur un os, ce dimanche matin : le gaucher Olivier Langlois (N°60 français), qui s’entraîne au Comité des Yvelines. Mais après une première manche à sens unique, remportée 6-1 par le Francilien, l’Amiénois de 22 ans a fait jeu égal, allant jusqu’au jeu décisif du 2e set. L’ancien joueur du TC Rue – Le Crotoy, qui joue en fauteuil suite à une ostéochondrite à la hanche à l’âge de 8 ans, s’est incliné 6-1 7-6.
A l’an prochain… si tout va bien…
“Il m’a manqué quelques clés, surtout à la fin du 2e set. Et aussi de l’expérience et un meilleur fauteuil. Mais ce n’est pas une excuse. Olivier a été meilleur. Je me suis amusé, c’est tout ce qui compte pour moi. Quand il s’est mis à servir à la cuillère, c’est le signe que j’ai réussi à le déstabiliser. Mais rien à dire, les plus grands, Kyrgios, Medvedev, Zverev en font aussi. Je suis surtout content de mon retour en compétition. Je pense avoir fait bonne impression” estime Timothée Da Costa Santos. Personne ne dira le contraire, surtout à l’AAC où une autre jeune pratiquante handisport, Bérénice Mathot, 18 ans, a de son côté gagné ses trois matchs du tournoi « balles vertes », réservé aux débutants en compétition.
Un mois et demi après le tournoi ITF féminin, cet Open a de nouveau mobilisé salariés et bénévoles. Et l’an prochain, qu’en sera-t-il ? “L’apport de notre partenaire Cellenza a permis de réunir 40% du budget pour cette édition de l’Open paratennis. Alors le tournoi sera renouvelé à condition que nos partenaires nous suivent encore. On remercie d’ailleurs ceux qui nous ont rejoint après la parenthèse forcée du Covid. Et un grand merci à David Sueur, notre figure du tennis fauteuil, cheville ouvrière de cet Open (NDLR : et qui a terminé 6e du tableau 2, avec une victoire et deux défaites). En espérant à présent que la réussite de cette 1ère édition nous permettra de pérenniser le tournoi” indique Karla Mraz-Fourcroy.
Vincent Delorme
Crédit photos : Léandre Leber, Kevin Devigne et Vincent Delorme (Gazette Sports)
Les 11 ramasseurs de balles de l'Amiens AC qui passaient ce dimanche à Troyes les ultimes sélections pour Roland-Garros ont tous été retenus ! 8 garçons et 3 filles. Un contingent record car d'habitude le club compte cinq sélectionnés, en moyenne. Et une belle récompense pour le travail de formation des ramasseurs accompli année après année à l'AAC, par Marine Mas, épaulée par Manon Robine et par quelques uns des "ballos" ayant déjà officié Porte d'Auteuil. V.D.