Exemple avec les footballeurs de l’ASC et avec le boxeur amiénois Nabil Bouazni qui a jeûné avant son récent combat au Cirque Jules-Verne.
C’est depuis une bonne dizaine de jours que le Ramadan est pratiqué chez nous par des millions de personnes. Parmi elles, des sportifs, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Respecter le Ramadan, c’est modifier ses habitudes alimentaires en ce sens que du lever au coucher du soleil, il est interdit de se nourrir et de boire. Le Ramadan ne se déroulant pas toujours à la même date dans une année, il est évident que la période la plus favorable semble-t-il, est l’hiver. D’abord, parce que les journées sont plus courtes et que le corps a peut-être moins besoin de s’hydrater qu’en pleine période estivale lorsqu’il fait très chaud. S’il est possible au sportif amateur de respecter parfaitement les règles en vigueur, à l’inverse pour les professionnels la question est plus délicate …
C’est ainsi par exemple à l’Amiens SC, dans le groupe professionnel qui comprend une bonne vingtaine de joueurs, ils sont neuf joueurs à suivre le Ramadan. Mais il semble que tous ne pratiquent pas de la même façon. C’est ainsi qu’il est admis qu’une dérogation est faite le jour d’un match et que certains bénéficient de cette faveur et puissent s’alimenter comme leurs autres équipiers. Mais et nous insistons, seulement le jour du match évidemment. C’est une notion que les entraineurs comprennent très bien et c’est le cas de Philippe Hinschberger à Amiens. Néanmoins, il faut imaginer le cas de ce joueur qui va disputer un match alors qu’il a le ventre vide.
Il faut alors qu’un dialogue s’instaure entre d’une part, l’entraîneur, et d’autre part le joueur car le plus important dans cette affaire est la santé du sportif. C’est le sujet que nous avons abordé samedi dernier à la Licorne après le match contre Bastia avec Kader Bamba. Celui-ci nous a confirmé que certains joueurs appliquent cette dérogation pour s’alimenter normalement le jour du match mais que là aussi, chaque joueur prend sa décision individuelle.
Un boxeur qui a faim de victoires
Intéressons nous maintenant au cas du boxeur amiénois, Nabil Bouazni, qui disputait son deuxième combat professionnel au cirque d’Amiens. Figurez vous que ce soir-là, il a fait peur à ses supporters quand au cœur de la deuxième reprise, sur un coup apparemment anodin, il s’est retrouvé au sol et compté 8. Par la suite, il s’est bien ressaisi et il a finalement triomphé aux points.
Peu après, nous l’avions retrouvé dans son vestiaire entouré de ses proches et notamment sa maman. Ce samedi coïncidait avec le début du Ramadan et nous avons été vraiment surpris d’apprendre que Nabil n’avait pas mangé de la journée pour respecter le Ramadan. Personne dans son entourage ne lui avait indiqué qu’une dérogation était possible surtout dans ce sport si exigeant que la boxe. « Franchement, j’ai été surpris dans ce deuxième round et je ne me rappelle plus avoir mis un genou à terre« , nous confiait Nabil. « C’est vrai que cela allait très vite et que mon adversaire frappait. Maintenant, je n’ai pas d’excuses à présenter mais ce samedi là, j’ai jeûné et je ne me suis qu’hydraté un peu. Mais je le rappelle ce n’est pas une excuse. C’est mon choix que celui de ne pas avoir mangé. »
Le boxeur amiénois a ensuite ajouté : « J’ai fait un beau combat mais je ne suis pas satisfait de moi. J’ai un sentiment de frustration. J’avais bien préparé ce combat mais psychologiquement avec le début du Ramadan, cela n’a pas été facile. Je voulais tellement boxer que je n’ai pas pensé au Ramadan. Je me suis même interrogé sur le fait de bien boxer avec rien dans le corps. Et puis boxer au cirque c’est quelque chose même si en 2016 j’avais livré un combat chez les amateurs. »
Maintenant, Nabil Bouazni devrait être au programme de la réunion de Doullens le samedi 7 mai au gymnase de l’Authie. Car Nabil, qui s’entraîne beaucoup, souhaite disputer plus de combats tout en poursuivant sa carrière professionnelle d’éducateur spécialisé et son amour pour ses deux enfants.
Lionel HERBET
Crédit photos : Kevin Devigne (Gazette Sports) et DR