CYCLISME : Francis Van Londerseele dresse un constat pessimiste sur le sport

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Ce dimanche, Francis Van Londerseele sera au volant de la voiture la mieux placée dans le Grand prix de la Somme, organisé par PSP avec le concours du Conseil départemental.

Il pilotera en effet la voiture du directeur de course et sera juste derrière le peloton. Evidemment, c’est une situation qui lui sied mais ce Grand Prix de la Somme, il l’a vécu voici un quart de siècle en tant que directeur sportif que ce soit l’équipe du comité de Picardie dont il était le conseiller technique régional puis de Cofidis chez les professionnels. Ayant pris sa retraite en tant que directeur sportif, Francis Van Londerseele qui réside toujours à Amiens, a rejoint Promotion Sport Picardie. Il ne s’intéresse pas seulement au cyclisme mais aussi à la course à pied puisqu’il sera de service à l’occasion des 100Km de la Somme mais cette fois à vélo pour alimenter les coureurs. L’occasion était idéale et à la fin de la dernière réunion de PSP, dans une salle de la mairie de Saint Fuscien dont le maire est Henri-Paul Fin, nous avons questionné Francis Van Londerseele dont nous pouvons affirmer qu’il n’a pas été remplacé en Picardie.

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Des chutes de plus en plus nombreuses…

Quand il a appris qu’aucun cycliste ne figurait dans le groupe des 21 présélectionnés pour les JO de Paris en 2024, il a paru assez désabusé… Oui, le cyclisme traverse une mauvaise passe et il ne faut pas tout mettre sur le dos du COVID. Le cyclisme est surtout devenu un sport dangereux et les images que les chaines de télé nous passent en boucle, n’incitent pas certains parents à pousser leurs enfants à se destiner vers ce sport.

« Ce dimanche je vais donc conduire le commissaire principal de l’ UCI qui est Belge je crois, indique Francis Van Londerseele. Il y aura aussi Henri-Paul Fin qui officiera pour Radio course et donnera les informations aux directeurs des équipes. Normalement, je suis derrière le peloton sauf si le commissaire principal décide de le doubler et de remonter vers les échappés. A ma place, je vois les chutes et il y a en a de plus en plus. Certaines sont très importantes et cette année, nous avons été gâtés notamment sur le Tour de France.
Les causes ? Le plus souvent ces chutes sont occasionnées par le nombre de plus important de coureurs qui disposent d’un matériel moderne et qui surtout ont sur leurs épaules une énorme pression. Ils sont donc très nerveux. Le peloton prend beaucoup de risques. Des coureurs n’hésitent pas à sauter des ronds-points et à se faufiler sur les routes. La moindre erreur devient fatale. Il y a aussi le problème des freinages puisqu’avec les freins à disques, les coureurs freinent brusquement. Cela provoque des amas de coureurs.


Les organisateurs prennent beaucoup de mesures pour la sécurité des coureurs. Ils doivent tenir compte des aménagements routiers qui créent des conditions de dangerosité du parcours. .Mais il y a aussi l’imprudence de certains coureurs qui foncent parfois tête baissée pour la bagarre sans s’occuper du gars qui est a ses côtés. Tout cela n’existait pas voici encore vingt ans. Nous sommes ainsi dans un jeu de dominos et je souhaite de tout cœur ne pas avoir à connaître un décès en course. Mais je pense que c’est surtout le nombre impressionnant de coureurs qui peuvent provoquer des chutes. Aujourd’hui, réunir 200 coureurs dans une épreuve, c’est beaucoup trop et je rejoins Jean-François Pescheux l’ancien Directeur du Tour de France qui l’avait affirmé voici quelques années. »

La France n’est pas un grand pays sportif

Evidemment, Francis Van Londerseele sera ce dimanche midi beaucoup plus serein qu’à l’époque où il était derrière son volant chez Cofidis : « Ce sera totalement différent car ce n’est pas le même métier. Ce dimanche, je vais jouer le rôle d’accompagnateur d’un peloton alors que dans une équipe, on doit s’occuper de nos coureurs et vous êtes focalisés sur Radio Course. Je reconnais qu’en tant que directeur sportif, on est plus stressé. J’ai fait de nombreux Tours de la Somme et je garde un souvenir particulier en 1992. C’était la chute de Philippe Gaumont qui revenait des Jeux de Barcelone avec une médaille de bronze. Je me souviens qu’il avait traversé un champ de betteraves et il était retombé sur le dos. J’avais alors quitté la course pour conduire Philippe à l’hôpital d’Amiens.

Enfin, suite aux Jeux Olympiques, je ne veux pas critiquer nos coureurs qui font le maximum. J’espère que Paris sera plus satisfaisant. Mais tout reste à faire notamment sur l’organisation du sport en France. Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de rivaliser avec d’autres pays. La France n’est pas un grand pays sportif et nous avons du mal à recruter car les effectifs ont tendance à baisser. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait en France une vraie politique sportive. Tout commence dans les écoles mais notre retard est d’ores et déjà important. Vous le savez en France, on est très cocorico quand on gagne. Mais de grâce, ne critiquons pas nos athlètes qui n’y sont pour rien. » Et nous ne parlons pas de certains de nos techniciens qui vont dans des pays étrangers.

Cela avait failli arriver pour Francis Londerseele qui avant de devenir directeur sportif dans une équipe professionnelle, avait failli partir pour… l’Arabie Saoudite.



Lionel Herbet

Crédit photo DR

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.