Après avoir participer à sa deuxième olympiade, Mélanie Henique, nageuse originaire d’Amiens est revenue sur cette expérience. Elle livre ses impressions sur ses performances et sur la particularité des Jeux Olympiques.
C’était une déception pour vous de ne pas avoir atteint la finale ?
C’était un objectif d’atteindre la finale donc il y a de la déception mais avec du recul ça a été deux années compliquées avec le Covid, le report des Jeux Olympiques, des qualifications, il a fallu s’adapter sans cesse. Donc il y a de la déception mais en même temps de la fierté d’être présent et d’avoir participé à cet événement. Il y a un an à peine j’étais incapable de faire moins de 25 secondes. Il y a donc de la progression et cela donne de l’espoir pour la suite. On va continuer sur cette lancée avec en tête Paris 2024.
Les Jeux Olympiques à Paris vont être votre prochain gros objectif ?
Oui, clairement c’est le fil conducteur des trois prochaines années et l’objectif c’est d’être capable de jouer une médaille à Paris. Pour cela on va continuer de se construire car le 50m nage libre ce n’est pas quelque chose d’inné chez moi. J’ai dû apprendre la nage, je suis encore en train de l’améliorer et j’espère que d’ici Paris ce sera aussi bien que sur le 50m papillon. Je vais tout faire pour y arriver dans la continuité car ces derniers mois j’ai énormément progressé.
Sur 50m nage libre je pense avoir plus de chance que sur 100m Papillon.
Pourquoi avoir choisi de se spécialiser sur le 50m nage libre ?
Le 50m Papillon, n’est malheureusement pas une distance Olympique, il fallait alors se diriger vers une autre discipline pour pouvoir prétendre à nager aux Jeux Olympiques. Je suis une pure sprinteuse et pour moi, 100m ça fait un peu long. Je ne me sens pas de rivaliser au niveau mondial sur cette distance donc j’ai choisi la nage libre. Aujourd’hui c’est un choix que j’assume et qui je pense est le bon. Sur 100m Papillon je pourrais sûrement aller aux Jeux Olympiques mais mon objectif ce n’est pas de juste me qualifier mais de décrocher une médaille. Sur 50m nage libre je pense avoir plus de chance que sur 100m Papillon.
Les championnats du Monde et d’Europe qui arrivent avant les Jeux Olympiques vont être des objectifs intermédiaires ?
Ça va être des objectifs, après j’ai fait le plus gros de ma carrière et maintenant ce que je veux c’est surtout prendre du plaisir. Si je peux gagner aux championnats d’Europe ou du Monde ou juste avoir une médaille je ne vais pas m’en priver mais ce que je veux c’est avant tout prendre du plaisir. J’ai progressé lors des deux dernières saisons et cela m’a fait du bien. Au début, le sport était quelque chose pour me sortir un peu de ma vie et du quotidien. Aujourd’hui je m’investis à fond dedans et je prends du plaisir dans ce que je fais. Si je peux ajouter à cela de nouvelles médailles à mon palmarès ce ne sera que du bonus.
Ce que je veux c’est surtout prendre du plaisir
Comment avez-vous vécu les JO à huis clos ?
Il y avait un peu d’incertitude au début car on ne savait pas vraiment à quoi s’en tenir. Finalement je m’attendais à plus de restrictions et si c’était très différent que Rio 2016 par rapport au public, lors des compétition on arrive quand même à se mettre dans sa bulle et y faire abstraction. Après il y avait quand même cette ferveur et cette atmosphère si spéciale dans une Olympiade. Cela a permis de faire abstraction de tout ce qui se passe dans le monde en ce moment grâce à la magie des JO.
En tant que Française, les Jeux Olympiques à Paris en 2024, c’est une motivation supplémentaire j’imagine ?
C’est une véritable chance d’avoir l’opportunité de représenter son pays à domicile aux Jeux Olympiques. Je ne me suis jamais fixé de date à laquelle je voulais arrêter ma carrière mais quand j’ai su pour Paris 2024, je me suis dit qu’il fallait absolument que j’y participe. Je vais tout faire pour y aller car c’est un rêve de faire les JO devant son public mais aussi car j’ai toujours voulu que ma mère puisse venir me voir sur une grande compétition. Là ce sera l’occasion parfaite et j’ai déjà hâte d’y être. Les trois ans à venir vont être intenses jusqu’à Paris.
J’ai toujours voulu que ma mère puisse venir me voir sur une grande compétition
Vous avez été formé à Amiens, avez-vous toujours un regard sur le club ?
Oui, je suis toujours en contact avec Michel Chrétien et quand je vois les jeunes arriver comme lors des Jeux Olympiques ça me rappelle des souvenirs. Cela me ramène un peu en arrière et je me souviens de ce que l’on a vécu à nos débuts. C’est aussi un plaisir de voir qu’il y a de la relève et que le club continue de grandir et de sortir des champions.
Vous avez eu un souci avec votre sponsor, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
En fait j’avais un contrat jusqu’à fin 2020 et je pensais vraiment être reconduite car j’avais à l’époque la 3ème performance mondiale de l’année sur 50m nage libre et la meilleure sur 50m Papillon. Mais finalement ils ne m’ont pas suivi et on m’a dit que pour me suivre je devais avoir 10 000 followers sur Instagram. J’étais assez surprise de cette décision et c’est donc Pernille Blume, nageuse danoise qui m’a donné des combinaisons. Je ne voulais pas trouver d’excuse et en faire trop avec cela mais finalement il y a eu énormément de réactions à la suite de cette histoire. Je remercie d’ailleurs les gens pour leurs messages de soutien et si cela peut mettre en lumière le quotidien des nageurs c’est une bonne chose.
D’ailleurs comment fait-on pour vivre au quotidien en tant que nageur ?
Pour être performant au niveau international, il faut absolument pouvoir s’entraîner quotidiennement et pour cela il faut être soutenu. Trouver des sponsors ce n’est pas toujours évident mais personnellement j’ai la chance d’être soutenu par l’armée. J’ai un contrat d’image avec l’armée qui me permet de vivre depuis 2012. Sans cela je ne sais pas comment je pourrais car pour avoir des primes en compétitions il faut être performant et cela reste ponctuel. Surtout il y a pleins des choses à prendre en compte comme l’ostéopathe, le kiné, le préparateur mental, ce sont des choses indispensables pour être performant et ce sont des frais. Cela prend du temps et de l’énergie de devoir trouver des sponsors surtout en natation car ce n’est pas le sport le plus populaire. Je peux aussi compter sur le soutien du club de Marseille.
Crédit Photo : Instagram de Mélanie Henique
Aurélien Finet