De l’école de football de l’ASC à l’équipe fanion évoluant en Régional 1, il ne semblait y avoir qu’un (seul) pas que Camille Merle s’apprête à effectuer. Contre toute attente cependant…
Les dés paraissaient pourtant être jetés et la succession d’Hicham Andasmas à la tête du groupe senior féminin promise à Bruno Fagnoni. En apparence, seulement, puisque la structure amiénoise s’est permis un (joli) contre-pied, préférant placer la destinée de l’effectif entre les mains de Camille Merle. Un choix « inattendu » selon l’intéressée dont l’idée de « lever le pied » semblait lui animer l’esprit quelque temps auparavant. Incitant cette coach sportive de profession à repenser son avenir à court terme.
Gazettesports : Vous découvrir en lieu et place d’Hicham Andasmas, à la tête de l’ASC féminine, est un peu une surprise…
Camille Merle : « J’admets avoir été la première étonnée (rire). Je n’imaginais pas vraiment que le club, les dirigeants puissent « changer leur fusil d’épaule » pour ensuite me solliciter à relever ce challenge. Car cela, à mes yeux, en est un ! J’apprécie toutefois de tels projets. Demoiselle de tempérament, celui-ci ne pouvait donc que me satisfaire. Pour autant, je confesse que ma réponse n’a pas été spontanée. La raison ? Il n’est jamais chose aisée que d’accepter la responsabilité d’un groupe au sein duquel vous avez joué. Où évoluent toujours des personnes que vous considérez telles des amies… »
Je confesse que ma réponse n’a pas été spontanée
Gazettesports : Cependant vous avez décidé de relever ce défi.
Camille Merle : « Effectivement et suite à l’enthousiasme affiché par celles qui vont désormais devoir me supporter dans ce nouveau rôle (rire). Au-delà de toute prétention, il est toujours agréable de voir votre nomination suivie d’un renouvellement important de licences. Maintenant, il va falloir se confronter à la réalité du terrain et la reprise du dimanche 25 juillet se définira aussi tel un autre révélateur. »
Gazettesports : Ces retrouvailles signifieront qu’une page se tourne et qu’une nouvelle sera à rédiger ?
Camille Merle : « Libre à vous de l’interpréter ainsi. S’il est vrai que mes activités au sein de l’école de football et de la « post-formation » apparaîtront au registre du passé, je n’envisage pas, en aucun cas, modifier ma personnalité. J’ai l’avantage de connaître l’environnement, les lieux d’entraînements ainsi que nombreux éléments qui composent ce groupe, et cette légitime période d’adaptation pourrait être assez courte. Du moins je l’espère (rire). Ensuite, j’aurai à cœur d’honorer cette confiance qui a été placée en moi. Pour cela, j’essaierais humblement de m’appuyer sur mon expérience en tant que joueuse mais également en me remémorant les conseils prodigués notamment par Hicham Andasmas. Lequel je l’avoue m’a énormément enseigné… »
Gazettesports : Coach est une facette que l’on ne peinait à vous attribuer…
Camille Merle : « Il aurait été délicat de l’entrevoir autrement, surtout que m’asseoir sur un banc s’est un peu révélé comme le fruit du hasard. A l’origine, il s’agissait de donner un petit coup de main à une amie et cette expérience s’est prolongée. J’ai ainsi progressivement délaissé l’adrénaline crampons aux pieds au profit de celle perçue en marge du terrain. C’est différent mais cela me convient bien. »
Gazettesports : Vous semblez avoir plaisir à chuchoter votre carrière ?
Camille Merle : « Mon sens de la discrétion peut-être (rire). J’ai découvert l’ambiance du ballon rond dès l’âge de 8 ans à Elincourt-Sainte-Margueritte, paisible commune de l’Oise. Deux saisons plus tard, je m’efforçais à porter bien hautes les couleurs de mon village natal, Montmacq, avant de rejoindre Compiègne. Dans les rangs des U19 nationaux et un rôle défensif, je veillais aussi à prêter main-forte à un groupe senior rivalisant en Division 2. Tandis que mes études me « poussaient » en faculté à Amiens, je croisais le regard d’Antoine Mankowski et me laissais séduire par la possibilité de parapher une licence à l’ASC. Voilà »
Pour espérer vivre d’intenses émotions, nous allons compter sur une fois encore sur une osmose entre jeunes joueuses et leurs aînées expérimentées
Gazettesports : Tout cela vous a permis de gagner en expérience ?
Camille Merle : « Si l’on peut dire. J’ai plutôt défini ma propre philosophie de jeu par rapport aux responsables techniques rencontrés çà et là. Elle se veut offensive, animée par un désir constant de l’emporter. J’ai pour habitude de faire les calculs une fois le coup de sifflet final retenti. Pour autant, il reste hydride et je chercherai à l’adapter à l’équipe amiénoise. Comprenez que je préfère privilégier un changement dans la continuité. Et pour espérer vivre d’intenses émotions, nous allons compter une fois encore sur une osmose entre jeunes joueuses et leurs aînées expérimentées. Je précise « nous » car mon staff aura également un rôle déterminant.»
Gazettesports : Des mots qui pourraient, sembleraient vouloir traduire des ambitions ?
Camille Merle : « À vous de l’entendre ainsi… Pour ma part, les confrontations d’avant-saison me permettront d’en savoir un peu plus. De par son statut, l’Amiens SC aura à cœur de prétendre aux barrages ou du moins d’entretenir cet espoir le plus durablement possible. Maintenant, c’est sur le rectangle vert que les rêves se concrétisent. Et sans oser botter en touche, ce sont les filles qui détiennent cette vérité. »
- Renfort. Si « plusieurs départs sont à redouter » après ceux officialisés de Tiffany Vasant et Ophélie Plessier à Bousbecques, Lilou Glyda au Paris-Saint-Germain, Camille Merle enregistre pour l’heure une arrivée. En provenance de Créteil où « Naya Cadasse, 20 ans, évoluait en milieu de terrain »
Fabrice Biniek
Crédit photo Elie Leber Gazettesports.fr