Ancien joueur puis entraîneur dans le milieu du football, Franck Blondeau qui est devenu préparateur mental est aujourd’hui auprès du jeune nageur amiénois Mewen Tomac mais aussi du groupe Elite du club, notamment Enzo Tesic qui vient également de se qualifier pour Tokyo.
Ce dernier vient de gagner son billet pour les prochains Jeux Olympiques de Tokyo sur la distance du 100m dos. La même discipline dans laquelle son ainé du club d’Amiens, Jérémy Stravius, s’est également illustré. Tomac a même ces derniers temps eu l’occasion de progresser et de gagner dans un domaine où son entraineur ne pouvait lui être utile : se débarrasser du stress. Raison pour laquelle Tomac s’est rapproché de Franck Blondeau qui est aujourd’hui son préparateur mental et qui, en tout cas, lui a permis de progresser car jusqu’à présent, le nageur amiénois était plutôt timide, discret et peu bavard, ayant des difficultés à se libérer du stress avant la compétition.
Nous avons donc rencontré Franck Blondeau qui nous a expliqué comment il a rencontré le nageur et sa façon de travailler dans l’optique de l’échéance olympique.
Franck Blondeau, vous qui venez du football, comment avez-vous rencontré Mewen Tomac ?
Je suis rentré au club d’Amiens Métropole Natation il y a 5 ans et à l’époque c’était Michel Chrétien qui dirigeait le Pôle excellence. Mathieu Neuillet a pris sa succession il y a 3 ans et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler avec Mewen Tomac.
C’est lui qui a sollicité la rencontre et cela remonte à combien de temps ?
Cela remonte à 3 ans maintenant.
Comment l’avez-vous trouvé lors de cette première rencontre ? Avez-vous cherché aussi à voir son entraîneur de bassin Mathieu Neuillet ?
Le travail se fait en concertation avec Mathieu au quotidien, le but est de rendre l’athlète acteur de son projet.
Comment s’est passé votre travail ?
Le travail se passe très bien car les garçons sont investis dans la démarche. Il y a une partie consacrée à l’échange avec l’athlète sur ses ressentis, ses difficultés et ses besoins et une deuxième partie ou l’on travaille sur des techniques d’optimisation de la performance que le sportif va réutiliser pendant ses compétitions.
Qu’avez-vous apporté à ce garçon ? Une plus grande confiance en soi ?
Ce que je lui ai apporté c’est davantage Mewen qui peut en parler mais en effet on a travaillé sur la confiance en soi, à l’approche d’une compétition. En amont, afin que l’athlète se sente dans les meilleures conditions possibles, il y a tout un travail sur son bien-être, son équilibre et son épanouissement. Le bien-être et la performance sont étroitement liés dans la réussite d’un sportif.
Pensez-vous que vous avez un peu contribué à sa sélection pour Tokyo?
Mon travail s’intègre à l’entrainement au même titre que le domaine technique, physique, médical, etc. Il est difficile à différencier car il est moins palpable mais il s’inscrit dans une démarche globale autour de l’athlète. C’est vrai que la tête dirige le corps et quand la tête va bien souvent le reste suit.
Irez-vous à Tokyo ?
Non, car il y a un encadrement national fixé par la Fédération Française de natation. Mais si on me le demande, j’irais avec grand plaisir.
Est-ce que vous allez avoir d’autres nageurs ou sportifs de haut niveau ?
Je travaille avec les autres nageurs du groupe élite dont Enzo Tesic qualifié également pour les JO et en effet j’accompagne d’autres sportifs de haut niveau : footballeurs, basketteurs, hockeyeurs professionnels, lanceur de marteau, pilote automobile et même un navigateur.
Au fait, vous qui venez du football, est-ce qu’il y a similitude dans les deux sports au niveau de votre discours ? Aujourd’hui, pour parvenir au plus haut niveau, le sportif doit-il avoir autour de lui un préparateur mental comme il doit avoir son kiné, médecin, préparateur physique, diététicien ?
La préparation mentale est transversale à toutes les disciplines mais on va dire que mon expérience d’éducateur et d’entraineur dans le football pendant 15 ans est un atout dans mon approche avec l’athlète et l’entraineur.
Les mentalités changent progressivement en France et la dimension mentale prend de plus en plus d’importance dans la prise en charge des sportifs de haut niveau. Le mental est souvent évoqué par les acteurs du monde sportif comme essentiel dans la performance et pourtant il est parfois encore délaissé. De plus en plus de sportifs font appel à un préparateur mental de façon individuelle quand ce n’est pas prévu par le club. La préparation mentale sera incontournable dans les prochaines années pour faire évoluer et progresser nos athlètes à l’instar des pays anglo-saxons.
Propos recueillis par Lionel Herbet
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