Nous l’avons revu un jour à la Licorne. Le docteur Jean Medelli était venu assister à un match de l’ASC incognito, sans chercher à se faire voir. Pourtant au plan sportif, Jean Medelli devrait laisser une trace indélébile si tant est que la mémoire ne fasse pas défaut à ses successeurs.
Nous sommes en 1987 et pour le cyclisme picard, c’est une grande année. C’est l’année qui voit Martial Gayant endosser le maillot jaune dans le Tour de France et pour un Picard ce n’était plus arrivé depuis 1973 avec le Saint-Quentinois José Catieau. C’est l’année aussi qui voit le jeune conseiller technique régional Francis Van Londerseele emmener quatre juniors vers le titre tricolore sur route par équipes dans la catégorie juniors. Parmi eux, Eddy Seigneur et Philippe Ermenault. C’est aussi l’année qui voit Jean-Claude Leclercq remporter la prestigieuse Flèche Wallonne.
Jean Medelli, un pionnier
1987 est aussi l’année où un docteur en l’occurrence Jean Medelli travaille au Centre Hospitalier d’Amiens dans le service exploration fonctionnel. Mais c’est aussi un passionné de sport en général et de cyclisme en particulier. Quand nous le rencontrons en octobre 1987, Jean Medelli qui ne se fera pas que des amis en raison de son tempérament, nous déclare « qu’en Picardie, le suivi médical dans le sport, est quasiment inexistant« . Jean Medelli travaille sous la responsabilité d’un éminent professeur, le Professeur Harichaux mais il est aussi président de l’Association picarde de recherche en médecine du sport (A.P.R.M.S). En Picardie, Jean Medelli est le seul à s’occuper du suivi médical dans le sport. Et encore ajoute-t-il « nous sommes vraiment limités au niveau du matériel et financier car ce service est pirate et pourtant, nous sommes très sollicités« .
Peu à peu, les sportifs de haut niveau rendent visite au docteur Medelli. Il y a les cyclistes mais aussi les jeunes footballeurs de la section Foot-Etudes d’Amiens et de Beauvais qui viennent subir les tests physiques. L’athlète utilise alors une bicyclette ergométrique. Et d’expliquer :
« J’amène le sujet de l’état de repos à l’épuisement total avec la fréquence maximale cardiaque et la VO 2Max soit la consommation maximale d’oxygène. A l’arrivée, les tests prouvent que l’athlète est soit une simple 2 Cv ou une voiture plus puissante« . Ces données sont ensuite transmises à l’entraîneur et alors, fonctionne parfaitement l’entente entre le médecin et l’entraîneur. Le médecin se rend compte du travail effectué sur le terrain. L’objectif est clair : il faut amener l’athlète en forme en fonction d’un objectif défini. La forme est un moment qui ne dure pas longtemps et ce passage est souvent fragile.
Des sportifs de tous horizons
Dans un premier temps, Jean Medelli a surtout travaillé avec Francis Van Londerseele sur les quatre juniors picards qui sont devenus champions de France sur route. Il s’agissait d’amener ces quatre juniors à leur meilleure forme, le jour J. Pas avant ni après. Les travaux du docteur Medelli ont été évidemment utiles pour ses successeurs et pas seulement en cyclisme.
Ainsi, en football, les juniors de l’Amiens SC et de Beauvais sont allés jusqu’en demi finale du Challenge Gambardella. Jean Claude Leclercq et Cécile Odin sont eux aussi venus régulièrement consulter le docteur Medelli.
Jean Medelli reste un pionnier non seulement en Picardie mais aussi en France. Aujourd’hui, Jean Medelli reste une référence mais nous regrettons quelque peu qu’il ait été oublié par les instances sportives.
Lionel Herbet
Crédit photo DR