Quatre Françaises sont en quarts de finale aujourd’hui du tournoi ITF féminin d’Amiens, dont Elsa Jacquemot, opposée à une autre jeune Tricolore, Lucie NGuyen Tan. Hier, à huis clos à l’AAC, les favorites ont continué de faire respecter la hiérarchie.
Elles sont nées à 27 jours d’intervalle, elles affichent une quinzaine de centimètres d’écart sous la toise ou encore 700 places au classement mondial WTA : voilà des éléments objectifs qui séparent Elsa Jacquemot de Lucie NGuyen Tan. Excepté la nationalité française et le fait d’être nées en mai 2003, les deux adolescentes affichent donc de sacrées différences. A commencer par le classement WTA. Parmi les meilleures juniors du monde depuis un moment, la grande Lyonnaise (542ème WTA) est également dans la lumière depuis cinq mois et son titre chez les juniors à Roland-Garros.
Lucie NGuyen Tan ne se pose pas de question
Pendant ce temps, la Parisienne a avancé à son rythme, c’est-à-dire plutôt vite aussi, mais en partant de plus loin. Car il y a un an, Lucie Nguyen Tan n’avait pas encore de classement WTA. Déjà invitée au tournoi de l’AAC, alors suivie à la FFT par l’Amiénoise Julie Coin, comme sa partenaire de double Anaëlle Leclercq, elle n’avait remporté que trois jeux au premier tour, face à une Espagnole 550ème WTA. Aujourd’hui, voici Lucie NGuyen Tan parmi les huit quart-de-finalistes et même parmi les quatre joueuses qui n’ont pas concédé le moindre set en deux matchs ! Elle a éliminé deux autres Françaises, des valeurs sûres du circuit ITF, Léa Tholey au 1er tour puis Sara Cakarevic au deuxième, faisant preuve d’une constance et d’une assurance dignes d’une joueuse qui ne se pose pas de question.
Elsa Jacquemot va mettre la pression…
Ce midi, contre Elsa Jacquemot, Lucie NGuyen Tan va devoir hausser encore son niveau de jeu pour espérer déstabiliser une adversaire qui va tenter de la prendre à la gorge. Mettre la pression, c’est ce que la protégée de Thierry Ascione à la All In Academy de Lyon a su faire, inlassablement, hier sur Victoria Jimenez Kasintseva. Pourtant, la joueuse coachée par le Touquettois Rodolphe Fabre aurait pu mettre des sentiments dans un match qui l’opposait à sa partenaire de double et meilleure adversaire chez les juniors. « Ça m’a fait de la peine de la battre, surtout que je savais qu’on allait ensuite jouer ensemble en demi-finale du double. J’étais prête à la rebooster et finalement, c’est elle qui m’a remotivé » explique la Lyonnaise.
Elsa Jacquemot déjà en finale…du double
Car, magie du tennis, on peut, en l’espace de quelques heures, être adversaires en simple puis coéquipières en double ! La gauchère andorrane de 15 ans et Elsa Jacquemot allaient donc s’asseoir sur le même banc, pour affronter une paire de jeunes Tricolores prometteuses, Anaëlle Leclercq et… Lucie NGuyen Tan ! Une association déjà bien rodée qui prenait un meilleur départ, menant 4-2, avant que Victoria Jimenez Kasintseva « remotive » Elsa Jacquemot. Le duo franco-andorran s’imposait 6-4 6-4 et se qualifiait pour la finale du double. L’Australienne Seone Mendez et la Mexicaine Maria Portillo Ramirez leur emboîtaient le pas, en sortant les Italiennes Meliss – Spigarelli au terme d’une deuxième demie très indécise (4-6 7-5 et 10-8 au super jeu décisif). La finale du double à suivre en fin de programme, ce vendredi.
Les cadors aux belles places
Décidément, cette année à l’Amiens AC, on retrouve les cadors aux belles places, les meilleures cumulant simple et double avec autorité, heureuses d’avoir un tournoi à disputer en ces temps de crise. Parce que la brune milanaise Martina Spigarelli comme la blonde aux origines autrichiennes Verena Meliss jouent aussi chacune cet après-midi en quart-de-finale du simple. L’aînée, Martina Spigarelli, 28 ans, se dresse sur la route d’Audrey Albié, un match qui pourrait être « à montrer dans toutes les écoles de tennis » avec deux expertes tactiques, qui savent faire déjouer leurs adversaires. On souhaite bon courage à la Périgourdine, dernière Française sacrée à Amiens – il y a quatre ans -, à moins que l’Italienne, tombeuse de l’Amiénoise Zoé Billon au premier tour puis de la jeune Roumaine Andreea Amalia Rosca hier (6-4 6-1), n’ait laissé des plumes dans son double d’hier…
Gare au trou d’air !
L’autre Transalpine, Verena Meliss, retrouve, elle, cet après-midi la N°1 du tournoi, Paula Ormaechea, après leur long face à face d’hier en double. La joueuse de Bolzano devra éviter le trou d’air traversé dans son 2ème tour face à Emeline Dartron (6-1 1-6 6-4) pour venir à bout de l’Argentine, qui affrontait Maria Sharapova ou Venus Williams, à Roland-Garros, quand elle avait une vingtaine d’années. « C’est du passé. Aujourd’hui, j’ai 28 ans, mais toujours 15 ans dans ma tête ! Et je ne me préoccupe ni de mon âge, ni du tableau ».
Seone Mendez, « un mur » pour Selena Janicijevic
Le dernier quart met aux prises Seone Mendez, la petite pile australienne qui n’est pas pour rien la N°2 du tournoi…et du classement ITF, à la dernière Française qualifiée, sans bruit mais sans accroc : Marine Partaud. A 26 ans, la Poitevine installée en Floride « où il fait beau toute l’année » avait trouvé son entrée dans le tournoi « un peu laborieuse ». Au 2ème tour, celle qui n’avait jamais passé plus d’un tour à l’AAC depuis sa première apparition en 2012, a carrément laissé un set à la jeune Aubane Droguet (3-6 6-3 6-4), le temps de se régler. Pas sûr que l’Australienne aux parents argentins ne lui laisse cette possibilité cet après-midi, sûrement alertée par son premier set perdu hier contre une Selena Janicijevic qui a ensuite eu « l’impression de jouer contre un mur » (1-6 6-3 6-0).
FFT TV et ramasseurs se préparent
Pour compenser l’absence de public – et même de tribunes – autour du court n°14 sur lequel se joueront demies et finale du simple demain et dimanche, on pourra se connecter à la plateforme télé de la FFT (*), qui va retransmettre en direct la fin du tournoi. La régie a commencé à s’installer hier soir à l’AAC.
Le programme de ce vendredi (en gras les Françaises) :
Matchs à huis clos.
11h30 court n°8 : Martina Spigarelli (ITA) – Audrey Albié (N°3)
Puis Paula Ormaechea (ARG – N°1) – Verena Meliss (ITA – N°7)
11h30 court n°14 : Lucie NGuyen Tan – Elsa Jacquemot (N°8)
Puis Marine Partaud (N°6) – Seone Mendez (AUS – N°2)
Puis finale du double, pas avant 16h, court n°14 : Seone Mendez (AUS – N°3) et Maria Portillo Ramirez (MEX) – Elsa Jacquemot et Victoria Jimenez Kasintseva (AND)
Ceux qui se préparent aussi pour ce week-end sont les 18 ramasseurs de balles, tous formés à appliquer les règles sanitaires en vigueur, comme le masque pendant les matchs, le lavage des mains au moment des changements de balle, l’interdiction de toucher les serviettes des joueuses. Quatre d’entre eux participeront ensuite aux sélections pour Roland-Garros. Les joueuses ne sont pas les seules à rêver de passer de la terre battue amiénoise à celle de la Porte d’Auteuil…
Vincent Delorme
Crédits photos : Gazettesports.fr, Léandre Leber et Reynald Valleron
(*) : tv.fft.fr. Demi-finales à 11h30 et 13h30 samedi. Finale à 13h dimanche. Aux commentaires, Emilie Loit et Antoine Benneteau.