OMNISPORTS – Guillaume Duflot fait le point sur la situation actuelle

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A l’occasion d’un point presse ce mardi, Guillaume Duflot, vice-président d’Amiens Métropole en charge du sport, s’est longuement exprimé sur les conséquences de l’épidémie de covid-19 sur la pratique sportive et sur les choix politiques faits par lui et son équipe à ce sujet.

« Le sport est essentiel. Essentiel dans notre quotidien, essentiel pour la santé, santé physique mais également santé psychique, mentale. » Dans un contexte où seules les activités dites essentielles sont maintenues, Guillaume Duflot, vice-président d’Amiens Métropole en charge du sport, y affirme son attachement. C’est ainsi également l’une des raisons que l’élu amiénois avance pour justifier le maintien ouvert du maximum d’infrastructures sportives : « Le fait d’avoir maintenu ouvert est un signal fort d’accompagnement pour les clubs sportifs pour continuer à les aider, pour être facilitateurs. Par exemple, pour la période des fêtes de fin d’année, généralement, il ne se passe plus rien, à tous les niveaux et là, tous les clubs, ça a été une demande très forte, ont souhaité avoir une activité, mettre en place des stages pour reprendre une pratique. »

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Rappelant que ce n’est « pas forcément le cas dans toutes les collectivités », Guillaume Duflot a tenu à souligner que « c’est un choix. Ce n’est pas innocent, il y a des conséquences. Ce n’est pas neutre économiquement, en termes de coûts d’exploitation. »

Notre rôle, c’est aussi de rassurer, de conseiller, d’accompagner les clubs pour leur apporter des réponses précises.

Guillaume Duflot

M. Duflot a tenu à recentrer ce choix dans une démarche plus générale d’écoute et de soutien aux clubs sportifs : « Notre rôle, c’est aussi de rassurer, de conseiller, d’accompagner les clubs pour leur apporter des réponses précises. […] On fait des visios avec les clubs pour apporter des solutions rapides, parce que c’est dans l’instantané qu’ils attendent de notre part à avoir une réponse par rapport à la pratique, aux horaires, à l’organisation qu’ils peuvent mettre en place pour permettre une poursuite de l’activité sportive. » Et Dominique Georges, directeur du service des sports d’Amiens Métropole de détailler : « Les clubs ont surtout besoin, déjà d’être rassurés, aussi de conseils sur le protocole à appliquer, essayer de décrypter les informations quelquefois confuses et contradictoires du Ministère. On est le filtre pour les clubs, sur l’administratif, aussi. Et puis, adapter au coup par coup, leurs demandes des créneaux. »

Des pertes d’adhérents, mais des finances pas encore dans le rouge

Malgré ce volontarisme, tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne. Alors que les sports collectifs s’en sortent plutôt bien, Guillaume Duflot prenant l’exemple de l’US Boves Basket-Ball : « Ils ont réussi à reconstituer un club, quelques mois après, il y a le covid, et malgré tout, le club a continué à se développer », la situation est beaucoup plus complexe pour les sports de combats : « Là, il y a des pertes très claires d’adhérents. L’ASCBF, j’ai eu Mohamed Oudji qui a perdu 50% de ses adhérents, l’ASC Judo c’est 25%. C’est moins prononcé dans les sports collectifs. »

Je n’ai pas eu de remontées de clubs qui m’ont dit « on va déposer le bilan, on s’arrête parce qu’on n’y arrive plus »

Pour autant, l’élu amiénois soulignait ne pas noter de grosses difficultés financières, à sa connaissance, dans les différents clubs de la Métropole : « Les demandes des clubs, aujourd’hui, ce n’est pas tant en termes de subventions parce que, finalement, à part quelques clubs à la marge, ce n’est pas un problème financier parce qu’ils ont beaucoup moins de dépenses, beaucoup moins de frais engendrés notamment par les Fédérations. Donc les clubs, aujourd’hui, ne sont pas en difficulté financière, […] je n’ai pas eu de remontées de clubs qui m’ont dit « on va déposer le bilan, on s’arrête parce qu’on n’y arrive plus ». Ce n’est pas la problématique actuelle. Peut-être que ça le deviendra parce qu’on n’a pas fini de traverser cette période. Après cette période, on pourra mesurer l’impact financier pour les clubs. Aujourd’hui, je ne peux pas le mesurer parce que je n’ai pas de demandes. »

Des pertes assumées sur les piscines

S’il y a un domaine, en revanche, où de premiers enseignements peuvent être tirés, c’est dans celui des espaces aquatiques. Or, « parce qu’il y avait les scolaires, parce que pour moi, c’est essentiel pour un public prioritaire, notamment les personnes sur prescriptions médicales, qui ont un handicap, de poursuivre l’activité physique. Et parce qu’il ne faut pas oublier que l’on a un club de haut niveau et que les clubs de haut niveau doivent pouvoir continuer à s’entraîner », Amiens Métropole a fait le choix, comme pour les autres activités, de maintenir l’ensemble des piscines ouvertes.

Le Coliseum est resté ouvert malgré de lourdes pertes sur le plan financier

Cependant, « ce n’est pas neutre en termes de coût d’exploitation. Je rappelle qu’au départ, une piscine, c’est déficitaire, quand on fait payer une entrée 3, 4, 5 euros, on ne paie pas le coût d’une entrée qui serait plutôt de 15-20€, le reste étant absorbé par la collectivité, détaille Guillaume Duflot. Là, depuis deux mois, et on l’aura été plus de six mois cette année, il y a une absence complète de recettes. Les espaces aquatiques sont ouverts mais il n’y a plus de recettes, parce qu’on accueille les scolaires. » Ainsi, « en 2020, la perte de recettes du pôle aquatique, c’est un million d’euros. » Et ce pôle aquatique ne prend pas en compte Aquapôle, dont les bassins intérieurs sont également restés ouverts, notamment pour poursuivre la mission de service public prévue dans le contrat avec la métropole, et ce malgré les difficultés, nationales de l’exploitant qui n’atteint pas les recettes prévues dans son budget prévisionnel.

Autre conséquence remarquée par Guillaume Duflot et qui peut servir de signal pour l’ensemble du monde sportif, la réticence à reprendre y compris dans le cadre de la natation scolaire : « Quand on a rouvert, il y a des parents qui étaient un peu frileux pour laisser leurs enfants venir pratiquer la natation. Là, ça va mieux, mais au début, on avait des pertes importantes, des écoles qui ne venaient pas. » Et le constat est le même sur les écoles de natation, chiffres à l’appui : « On a une baisse d’activité. On était à 69% de nos inscrits présents la semaine dernière pour la glace ou pour la natation. »

Notons enfin la précision apportée par le vice-président d’Amiens Métropole en charge du sport sur la question des abonnements au Coliseum et au Nautilus. Ceux-ci seront « soit remboursés, soit il y aura un système de bon d’achat. Il y avait des contremarques valables jusqu’à la fin de l’année qui seront bien sur prolongées. »

Des annulations d’évènements qui s’enchaînent

Enfin, le tour d’horizon de la gestion du sport en temps de covid-19 ne pouvait éluder la question des manifestations sportives. Déjà reporté en décembre dernier, le Grand Prix d’Amiens Métropole de VTT est annulé, de même que 3 compétitions nationales prévues en mai au Coliseum, les championnats de France M20 d’épée, et les coupes de France minimes et benjamins de karaté. De même, l’US Camon avait prévu une course à l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, qui, elle aussi n’aura pas lieu.

Quant à Courir la Jules Verne, rien n’est encore décidé. « Je vais voir les organisateurs de la Jules Verne dans quelques jours, nous explique Guillaume Duflot, on va parler de l’organisation de l’édition 2021 qui est aujourd’hui fixée au 23 mai. La Transbaie qui devait avoir lieu une semaine plus tard est annulée. » Rappelant, non sans pessimisme que « toutes les manifestations sont annulées les unes après les autres… »




Morgan Chaumier

Crédits photos : Leandre Leber – Gazettesports / DR