Au cours d’un long entretien qu’il nous a accordé, Arnaud Soete, président de l’AUC Badminton, a également évoqué la politique sportive qu’il souhaite mener et s’est confié sur la saison en cours.
S’il nous a décrit des confinements bien vécus et une relative confiance pour la suite, du point de vue de l’organisation du club, le discours d’Arnaud Soete, pour n’en être pas alarmiste, était quelque peu différent concernant le sportif. Surtout, il expliquait des différences de ressentis selon les catégories : « Si on ne prend vraiment que le sportif, je distingue ce qui peut évoluer en National, en équipe une de ce qui peut évoluer en régional jusqu’aux plus jeunes de l’école de bad, on est à géométrie variable avec des profils et donc des ressentis distincts. »
« D’un côté, les plus petits sont en manque de pratique, détaille-t-il, mais on essaye de faire le job pour qu’il y ait une pratique accompagnée à distance. De ce point de vue là, si tout va bien, si on arrive à reprendre comme prévu la semaine du 15 décembre (une reprise qui a été confirmée par la Fédération, ndlr), avec derrière deux stages prévus pendant les vacances, je pense qu’on n’aura pas trop de pertes et fracas. » Mais c’est du côté le plus compétitif qu’il ressentait les plus grandes inquiétudes : « Par contre, pour les plus grands, au-delà de la pratique, ce qui les embête, c’est les classements. Parce qu’il y a une incompréhension totale, tout le monde est dans un flou artistique par rapport à tout ça. Et ils ont conscience que, quand la saison va reprendre, elle va être très courte, il va falloir défendre des points et ce sera très compliqué. Tout le monde sera confronté au même problème mais c’est plus compliqué. »
Quant au championnat de N3, il rappelait que le premier confinement avait été bien digéré, même si cela ne peut présager de rien : « Si les journées de championnat peuvent reprendre, on jugera très vite les résultats et ce qui aura pu être fait en parallèle parce que ça, on n’en sait rien du tout. On avait fait un début de saison très concluant et chez les plus grands et chez les plus petits parce que la période de confinement avait été mise à profit. Est-ce que cela va se revérifier, je n’en sais rien, on n’a aucune certitude. »
Une stratégie sportive orientée vers les jeunes
Si cela ne coïncide pas uniquement avec son arrivée à la tête du club, la mise en place de l’école de bad datant désormais d’il y a quelques années, Arnaud Soete nous explique sa stratégie, pensée elle aussi sur le long terme, pour le secteur sportif : « J’avais donné le ton, en demandant à ce que pour la saison 2020-21, on soit sur un nouveau format, c’est-à-dire qu’on ne soit pas sur une démarche d’aller chercher des joueurs pour aller chercher des joueurs, mais qu’on soit sur une démarche de surfer sur l’école de bad que l’on a montée et qui a désormais 4-5 ans d’existence et qu’on soit en capacité d’intégrer des gens que l’on a formé nous-mêmes. C’est un parti pris mais je préfère de loin former des gens et les conserver au club plutôt que d’aller en chercher et d’avoir un turn-over de malade. »
« En faisant comme ça, on va chercher un public déjà présent, ce qui nous permet d’avoir un suivi », se justifie-t-il. Et si cette méthode pouvait entraîner un temps de latence avant d’être fructueuse, elle a finalement montré son intérêt dès cette année, dans des conditions particulières : « Et là, ça s’est avéré utile parce que les gens qu’on avait au printemps, on ne leur a pas vendu du rêve, ils savaient exactement à quoi s’en tenir, on a pu être vraiment transparents, on a pu faire des équipes avec des vrais choix et ça change la donne. Parce qu’en réalité, ce ne sont pas les niveaux ou les compétences à titre individuel qui importent mais c’est davantage au niveau collectif. La force du collectif dans une équipe de N3, c’est une part non négligeable. C’est un choix que j’ai fait, quitte à ce que la dimension sportive soit un peu en berne cette année s’il avait fallu, mais en l’occurrence, ce n’est pas le cas, donc tant mieux. »
Ainsi, revenant sur l’arrivée cet été de Louis Lefevre, meilleur classement de son équipe de N3, Arnaud Soete tenait à éviter l’emballement : « Il faut garder un œil sur le passé et se dire que des joueurs de ce calibre, on en a déjà eu. Un Romain Pesty, c’était un profil similaire. Et on n’a pas toujours eu la plus-value associée. » Pour autant, les débuts du nouvel arrivant sont positifs. Ce qu’Arnaud Soete explique par une volonté de l’intégrer au collectif plutôt que de le mettre spécifiquement en avant, insistant tout particulièrement sur le fait qu’il n’est pas au cœur du projet : « Pour l’instant, ça s’est très bien passé, je pense parce qu’on ne l’a pas propulsé à une échelle autre que celle de joueur de N3. C’est une stratégie personnelle. On a un partenariat Perfly et Decathlon, et lui, quand il est arrivé, pensait pouvoir jouir d’un statut particulier. J’ai mis les choses au clair dès le départ en lui disant que la politique du club, c’était la formation des jeunes et qu’il y aurait des contrats participatifs, notamment pour lui, mais que les ambassadeurs de la marque, ce sont les jeunes, point, c’était non négociable. Ça a le mérite de ne pas créer de tensions, de déséquilibres dans l’équipe adulte et d’imprimer les choses clairement. »
Morgan Chaumier
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