Suite aux annonces du gouvernement sur le reconfinement, l’entraineur de l’AMVB s’est exprimé sur ses craintes pour son équipe et sur le championnat élite.
Quelle a été votre réaction mercredi soir suite à l’annonce du Président ?
Le discours on s’y attendait, on avait pris les devants avec le président de Monaco à l’époque mais on s’est quand même dit qu’on attendait le discours. Mais pour moi il était très difficile de se déplacer, parce que c’est quand même une petite famille qui vit pendant 10 mois ensemble. J’avais téléphoné à l’hôtel pour leur dire que finalement la collation et le petit déjeuner étaient dans les chambres. On signe en tant qu’entraineur et joueurs pour vivre des moments ensemble, de convivialité. Donc si on part pour un match et que chacun reste dans sa chambre et qu’on se voit uniquement à 14h pour partir au gymnase pour le match à 15h, pour moi il n’y a pas d’utilité. De plus ce jour-là, l’attentat de Nice avait mis un frein à notre départ, parce qu’on devait partir vendredi et on avait peur de se retrouver bloqué. Donc le président et l’entraineur de Monaco ont tout à fait compris, et on a pu décaler le match au mois de janvier.
Moi ma préoccupation c’est surtout le match face à Centre National VolleyBall. Surtout que dimanche dernier, deux de mes joueurs m’avaient appelé pour me dire qu’ils étaient cas contacts Covid. Heureusement les test étaient négatifs.
Après le courrier d’Amiens Métropole qui annonce la fermeture des installations sportives au public, comment envisagez-vous les choses pour vos joueurs ?
Nous on a la chance d’évoluer en élite et d’être considérés par la Ministre des sports comme sportifs de haut niveau. Ça a été un peu compliqué, il a fallu envoyer des courriers au service des sports d’Amiens Métropole qui nous a réouvert le gymnase, donc nous on a la chance de pouvoir encore s’entrainer. Mais c’est vrai que je pense aussi à mes autres licenciés du club, qui pour l’instant sont en arrêt total sportif. Il aurait peut-être fallu faire une pause comme j’ai proposé hier à la réunion en visio. En disant à la fédération qu’il ne fallait peut-être pas faire la réunion mardi, mais plus tôt, parce qu’une décision mardi soir à 21h ça nous laisse que trois jours pour préparer un match avec les difficultés qu’on peut connaître. Quand on additionne les problèmes ça fait effet boule de neige et aujourd’hui la boule de neige elle commence à être grande.
Quand on additionne les problèmes ça fait effet boule de neige et aujourd’hui la boule de neige elle commence à être grande.
Dans ces conditions, comment vous allez préparer votre équipe pour la rencontre face au Centre National Volley-Ball ?
On va se préparer à jouer, parce qu’aujourd’hui j’ai 8 joueurs donc je me base là-dessus, on va surement intégrer des joueurs de l’équipe réserve sans les mettre en difficulté au cas où le championnat national reprendrait. On va discuter avec les joueurs ce soir, peut-être qu’on prendra le risque de faire un « report covid ».
Avec un match et une victoire pour le CNVB, comment envisagez-vous la rencontre ?
C’est trop tôt pour se prononcer sur quoi que ce soit, il y a une difficulté aujourd’hui : il faut travailler avec des éléments absents. Ce ne sont pas des joueurs blessés mais en isolement qui ne peuvent pas s’entrainer, ils ne peuvent même pas apporter leur aide psychologique en étant présents aux entrainements.
CNVB c’est une équipe un peu compliquée parce que c’est un pôle, un centre de formation, ils ont une trentaine de joueurs qui évoluent pour certains en Ligue B, donc dans le monde professionnel et d’autres qui jouent en élite. Ils ont la possibilité de faire des montés et des descentes comme ils veulent, on ne sait pas sur quelle équipe on peut tomber. Ils ne sont pas du tout dans la même optique que nous parce qu’eux c’est un travail de formation, en fin de saison il n’y a ni montée ni descente, donc ils ne jouent pas avec cette « épée Damoclès » sur la tête, ils jouent libéré. Nous ne sommes pas sur le même pied d’équité.
Nous ne sommes pas sur le même pied d’équité.
Une rencontre qui se jouera à huis clos, êtes-vous prêt à jouer dans ces conditions ?
Au sein du club on fait un gros travail en termes de communication, on a vu sur le dernier match où on avait quand même malgré le covid, amener du monde au Coliseum. Il va falloir revoir toute notre stratégie de communication. C’est vrai qu’un public ça aide car ça encourage quand ça ne va pas, ça applaudit quand on fait des points spectaculaires, donc toute ces notions nous ne les auront pas ; une salle vide c’est toujours bizarre.
Avez-vous de la visibilité sur la suite des évènements, comment prévoyez-vous le championnat ?
On a fait une visioconférence hier avec les responsables de volley pour savoir si oui ou non on arrêtait le championnat. Finalement, on a décidé de faire un vote à main levé et d’additionner les votes féminins et masculins, ce qui a conclu à une reprise de championnat. Il aurait peut-être fallu faire une pause. Pour l’instant on doit continuer le championnat, on va préparer le prochain match tout en sachant qu’il y a de fortes chances qu’il soit repoussé. J’échange avec l’entraineur du CNVB qui me propose des dates, on attend une confirmation. Après il faut déjà penser au match contre Epinal en sachant que c’est une équipe qui souhaitait continuer le championnat. L’ambigüité c’est qu’on va devoir partir la veille, ça signifie de trouver un logement, de quoi se restaurer, ça demande une très grosse organisation.
Propos recueillis par Christine Kibabu
Photo : Reynald Valleron – Gazettesports