La bande à Laurent Strzelczak, vue par Laurent Strzelczak.
Évidemment, nous n’oublierons jamais ce jour de grâce, en mai 2017, qui a vu, avec le but de Emmanuel Bourgaud, l’Amiens SC accéder pour la première fois de son histoire à la L1.
Mais il ne faut surtout pas effacer de la mémoire cette saison 2000-2001 qui a vu l’ASC alors entraîné par Denis Troch effectuer deux exploits retentissants, soit, la remontée en D2 et surtout l’accession en finale de la coupe de France.
La finale s’était terminée par la fatidique série des tirs au but après un match au cours duquel aucune équipe n’avait marqué en 120 minutes de jeu. Strasbourg devait s’imposer avec une victoire arrachée aux forceps.
On se souvient aussi que la formation alsacienne avait pour capitaine un ancien Amiénois Teddy Bertin.
Ce qu’on a par contre, aujourd’hui oublié, c’est qu’avant même cette finale de la Coupe de France au Stade de France, l’Amiens SC aurait pu se qualifier directement pour la Coupe d’Europe. Il eut fallu qu’en demi-finale Strasbourg se fasse éliminer par Nantes qui, lui, avait déjà sa qualification assurée pour la compétition européenne.
Une finale Nantes-Amiens aurait donc eu d’autres conséquences pour l’ASC. Mais on ne refait pas l’histoire.
En demi-finale, à la Licorne, l’ASC éliminait lors de l’épreuve des tirs au but Troyes. Et, là aussi, nous avons retenu cette image qui serait incroyable aujourd’hui : celle de voir deux entraîneurs assis sur le même banc pour suivre cette série des tirs au but. Denis Troch et Alain Perrin.
Laurent Strzelczak, l’un des plus grands « leaders »
Pour mémoire, notons qu’à Troyes, évoluait deux futurs Amiénois David Hamed et Rafik Saïfi.
L’ASC avait pour capitaine Laurent Strzelczak qui sortait d’une période de chômage mais en qui immédiatement Denis Troch avait décelé des qualités de meneur.
Et dans l’histoire du club, Laurent Strzelczak aujourd’hui entraîneur adjoint d’Orléans, est considéré comme un des plus grands « leaders » de l’ASC.
A cette époque, l’ASC était évidemment sans arrêt sous les feux des projecteurs. Les journalistes se succédaient à la Licorne et le club avait du reste modifié son système de communication en laissant une grande pièce pour les interviews.
Pour le journal l’Équipe, Laurent Strzelczak eut à résumer en trois phrases ce qu’il pensait de ses équipiers. Voici ce que pensait alors le capitaine de chacun de ses équipiers de cette période bénie :
Julien Lachuer : Le nudiste fou. Il se promène toujours tout nu dans le vestiaire. Il est marié à une Martiniquaise et c’est un Noir Blanc
Cyrille Merville: C’est notre porte bonheur. Chaque fois qu’il s’assoit sur le banc, Amiens gagne.
Arnaud Lebrun : Le généreux. Il joue toujours avec un pull-over tellement il a de poils sur la poitrine. Il a un état d’état d’esprit remarquable et vit pour le groupe.
Jean Paul « Yaovi » Abalo : Le sage. C’est le futur chef de son village au Togo. Il ne fait pas de bruit mais répond toujours présent.
Cédric Fontaine : Le Sudiste, accrocheur, vif, discret. Il a parfois tendance à se laisser aller.
Christophe Wargnier : Le chasseur. Avec lui, c’est chasse, pêche, tradition. Il se veut très réceptif vis à vis des anciens.
Emmanuel Duchemin : La panthère rose. Il est resté comme ça déguisé le soir de son anniversaire. Il a beaucoup progressé dans la maîtrise du football.
Oscar Ewolo : Le poumon. Il est toujours sur le porteur du ballon. C’était un petit branleur et bringueur des cités. Mais depuis deux ans, Jésus est devenu sa superstar. Il a trouvé dans la religion une force intérieure qui lui permet de se défouler sur un terrain.
Lakhdar Adjali : Le gentil. Quand on le connait, on a du mal à croire qu’il a eu une si mauvaise réputation. En fait, il est adorable. Il ne rechigne jamais au travail.
Emerick Darbelet : Le râleur. Il est tout à la fois boute-en-train et polyvalent. C’est une pièce essentielle au bon fonctionnement du groupe.
Peter Sampil : Le colosse. C’est un monstre de physique et de générosité. Il ne s’arrête jamais. Par ses appels et ses duels, il use les défenses. Il ne supporte pas l’injustice et il a tendance à s’en prendre à l’arbitre.
Jean François Rivière : C’est le dernier des quatre fils de Denis Troch. Donc le plus chouchouté. Il est gentil. Adroit des deux pieds, il rechigne à revenir défendre.
Xavier Chalier : La spontanéité. Il est doté d’une belle vitesse de course. Mais il n’a pas toujours bon caractère.
Emmanuel Cocquelet : Monsieur PLUS. Souvent remplaçant mais souvent décisif dès son entrée en jeu. Il a toujours un super état d’esprit.
Claude Arnaud-Rivenet : Le boute-en-train. Il a un humour très fin. Joueur technique, il a tendance à baisser la tête un peu trop vite.
Laurent Strzelczak y était même allé au sujet de son entraîneur Denis Troch : Le papa de Rivière (sic). Bien que très exigeant, il est ouvert à tout. Il sait ce qu’il veut. Il connait bien ses joueurs et trouve toujours les bons mots au bon moment. Mais je trouve qu’actuellement, il néglige trop sa moustache mais comme c’est mon entraîneur, je ne lui en veux pas.
Ces commentaires avaient été formulés par le capitaine d’Amiens, le samedi 21 avril 2001, jour de la demi finale contre Troyes.
Lionel HERBET
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