COURSE : Adilio Sanches : « Je profite des ondes positives que les amis me donnent pour pouvoir en donner aux autres »

Ⓒ Gazette Sports
Publicité des articles du site GazetteSports

Entre son amour pour la course à pied et sa passion pour la photographie, Adilio Sanches a su allier ces deux domaines, autant pour son plus grand plaisir que pour celui des autres.

Bonjour Adilio, peux-tu te présenter ?

publicite cit dessaint 2 gazette sports

Je suis un papa de deux petites filles. On va dire un papa dynamique et motivé. J’essaie de montrer à mes filles que le sport c’est le bien-être et la santé. Si tu es en bonne forme, en bonne santé, tu peux faire du sport. Et vice et versa. Si tu fais du sport, tu seras en bonne santé et en bonne forme. Je suis ouvrier à la zone industrielle depuis 20 ans. Au niveau de mes activités, je fais de la course à pied. Je fais du sport depuis que je suis gamin, mais j’ai commencé à prendre ma première licence de course-à-pied le jour où j’ai été embauché dans ma boîte. Parce que dans ma boîte, on a une section course à pied, et je l’ai intégré. Depuis, je cours régulièrement en ayant une licence officielle. C’est grâce à ma section que j’ai découvert les différentes courses qu’il y a sur Amiens, dont la Jules Verne, la Transbaie, les Quatre Saisons, et d’autres grandes courses qu’il y a dans les parages. J’ai envie de goûter à tous les sports, et tant que je peux, j’y goûte. Mes domaines de prédilection sont la boxe, la course à pied et le volley-ball.

Quelles sont tes différentes performances ?

Selon moi, une performance, c’est quand tu fais un bon chrono et quand tu finis les courses. Mais je vois les choses un peu différemment. Cela fait des années que je cours, j’ai déjà fait plusieurs 5km, j’ai fait des 10km, des semi-marathons, des marathons. Une fois que j’ai goûté à toutes ces courses, je voulais monter en catégorie. Et le seul moyen de monter en catégorie, c’est de faire des trails parce que, d’une année à l’autre, ce n’est jamais pareil. Les conditions climatiques, l’ambiance, la forme, le terrain, tout ça joue beaucoup. C’est pourquoi, maintenant, j’essaie de faire des trails de plus en plus durs. J’ai commencé par des petits trails locaux, en Picardie, et quand j’ai fais quasiment tous les trails, je me suis expatrié en région parisienne, en Normandie et au Nord-Pas-de-Calais. Après, une fois que j’ai fait ces grands trails, je suis parti un petit peu plus loin pour augmenter en catégorie. Plus j’ai d’expérience, plus je me sens en confiance pour faire des trails au-delà des courses précédentes, jusqu’à trouver mes limites. Et je sens qu’elles sont encore bien devant.

Je préfère utiliser cette période de confinement comme un bienfait pour reposer mon corps.


En cette période de confinement, comment un coureur comme toi, qui a pour habitude de s’entraîner sur de longues distances, gère la situation ?

Il y en a qui font des exercices chez eux, du vélo, du gainage, etc. Mais moi, je ne fais rien parce que, vu les entraînements intensifs que je fais pendant les périodes de préparation de grands trails, je préfère utiliser cette période de confinement comme un bienfait pour reposer mon corps. Quand le confinement sera terminé, je ferai des petits footings pour retrouver ma forme. Mais pour l’instant, je n’ai pas d’obligation. Donc, je repose mon corps pour pouvoir repartir sur de bonnes bases. Je m’étais inscrit à une course en Normandie, qui avait lieu à la fin du mois d’avril, mais malheureusement elle a été annulée. J’avais déjà commencé ma préparation, mais comme il y a eu le confinement, les organisateurs ont alors annulé la course. C’est à partir de là que ça m’a fait le déclic. Je me suis dit : « C’est bon, j’arrête la course à pied. Je me repose ». Parce que j’étais bien parti pour faire un bon entraînement intensif. Je montais jusqu’à 60 kilomètres par semaine. Et comme c’était énorme pour, entre guillemets, un petit coureur comme moi, j’ai donc décidé de profiter de cette période de confinement pour pouvoir me reposer et me ressourcer. Comme ça, je repartirai encore plus motivé.

Ne ressens-tu pas un certain manque ?

Pour l’instant, comme je ne sors pas, je ne vois pas de coureur, donc je n’ai pas de manque. J’ai juste des amis qui mettent des activités sur Facebook, leurs vidéos de quand ils courent chez eux. Mais l’avantage, c’est que comme je vis en appartement, je n’ai pas de jardin, donc je ne peux pas courir dehors. C’est un petit plus que j’ai. Je ne ressens pas le manque. Après, ça ne fait que 15 jours que j’ai arrêté de courir, donc peut-être que le manque viendra dans les semaines à venir. Mais tant que le confinement est d’actualité, moi je me dis que c’est pour la bonne cause, alors je reste chez moi, je ne sors pas et je me repose. Quand le confinement sera terminé, là je repartirai. Pour l’instant, je préfère rester chez moi et éviter de sortir.

Tu es notamment passionné de photographie. Peux-tu nous en dire plus ?

Je faisais beaucoup de course à pied, en faisant de grands trails. Et à un moment, je me suis blessé et je ne pouvais alors plus courir. Du coup, j’allais voir les copains en course à pied. Et un jour, il y avait Jean-Pierre (NDLR : Jean-Pierre Battez), qui fait aussi de la photo de course à pied depuis longtemps, et qui était toujours présent sur les courses pour prendre des photos de tout le monde. Je suis parti le voir, j’ai demandé des renseignements pour savoir en quoi consistait la photo, etc. Et puis, finalement, je me suis dis : pourquoi ne pas essayer ? Donc, pour rendre service aux copains, je me suis dis que j’allais faire comme Jean-Pierre. Je me suis inspiré de lui. J’ai acheté un petit appareil photo premier prix. J’ai commencé à faire des photos, et ça m’a plu. J’ai créé une page Facebook pour que les personnes puissent retrouver les photos que j’avais fais la veille. Et au fur et à mesure, j’ai fait les petites courses locales. Après, j’ai commencé à faire des grandes courses. J’ai fait, par exemple, la Transbaie. Et aujourd’hui, ce sont les organisateurs qui m’appellent et me préviennent. Alors qu’avant, c’est moi qui y allais de mon plein gré. Et tout ça, je le dois aussi à Léandre (NDLR : Léandre Leber, fondateur de GazetteSports) parce que, quand j’ai commencé à faire de la photo, j’ai discuté avec lui à un reportage photo. Et c’est lui qui m’a initié à la photographie. C’est un petit peu lui qui m’a lancé. Dès qu’il y avait une course à proximité, je faisais des photos, je rédigeais quelques lignes, et cela était ensuite publié sur GazetteSports.


Qu’est-ce qui vous plaît dans la photographie de sport ?

C’est le fait de voir les amis, et de leur faire plaisir. Certains, quand ils me voient dans la rue, ils me disent : « Adilio, je te remercie. Grâce à toi, j’ai une superbe photo de moi en plein effort ». Et ça, franchement, c’est le meilleur des remerciements. Une autre fois, il y a un père, qui est venu avec son petit de 10 ans, et qui m’a remercié en me disant qu’il y a deux ou trois ans, j’avais fait une photo de son fils qui était en train de courir dans une course pour enfants. Il avait encadré la photo et posé sur son bureau. Pour moi, c’est vraiment la meilleure des récompenses. Si ça se trouve, dans 10 ou 15 ans, quand le gamin ressortira la photo, il se dira que cette photo, c’est Adilio qui l’a prise. Pour moi, c’est un petit grain de bonheur dans les yeux du petit garçon. Et ça se trouve, peut-être que plus tard, cette photo le motivera. Peut-être qu’il va continuer à courir et deviendra pourquoi pas, un futur champion Picard. J’adore ça. Partout où je vais, quand je me promène en ville, dans les magasins, des gens me reconnaissent comme Adilio, le photographe. Et ça, j’adore. Franchement, c’est ce qui me motive encore plus à faire de la photo.

En photographie, à quels autres domaines t’intéresses-tu ?

J’ai commencé avec de la photo de course à pied. Après, j’ai fait de la photo de football à l’ASC, quand ils étaient Ligue 2. Et après, je me suis mis à différents sports, comme le floorball, le football américain, le handball, le volley-ball avec l’AMVB, et avec les filles de Longueau. Et puis parfois, j’ai aussi fait le Prix Jean Renaux. Donc, à chaque fois qu’il y a une activité sportive à proximité, j’essaie d’y aller en fonction de mon emploi du temps. J’essaie d’élargir mon éventail de photographies. Chaque sport est différent, donc chaque technique est différente.

J’ai principalement récolté des tee-shirts de course à pied que des gens avaient en trop. Des tee-shirts qui partiront aux Cap-Verdiens qui n’ont plus rien à se mettre sur le dos.


Chaque année, vous récoltez des dons pour l’Association Cap-Vert Amiens. Pourquoi avoir choisi cette association ?

Parce que je suis d’origine cap-verdienne. Il y a eu une catastrophe naturelle dans mon pays d’origine, le Cap-Vert. Un volcan qui s’est réveillé. Et ce volcan a détruit beaucoup d’habitations. Beaucoup de gens étaient à la rue, n’avaient plus de maison, d’affaires, plus rien. Ils étaient dans la misère. L’association essaie alors de récolter des vêtements, des meubles, des affaires et des dons financiers pour aider les Cap-Verdiens. Et moi aussi, j’ai voulu aider à ma façon. Comme je connais beaucoup de monde, car je fais de la course à pied, et que dans ce sport, on a toujours des affaires qui ne servent plus. Je me suis dit que j’allais contacter des coureurs pour essayer de récolter des cadeaux, pour ensuite les donner à l’association. J’ai fait une première action. J’en ai parlé sur ma page Facebook, les personnes ont relayé et partagé. J’ai contacté les différents organisateurs, en leur proposant mon projet. Ils m’ont dis qu’il n’y avait pas de soucis et que je pouvais venir quand je voulais. Je venais sur une course, avec mon panneau de l’ACVA, j’expliquais mon geste et où iraient les dons. J’ai principalement récolté des tee-shirts de course à pied que des gens avaient en trop. Des tee-shirts qui partiront aux Cap-Verdiens qui n’ont plus rien à se mettre sur le dos. J’ai aussi récolté des baskets de course à pied, pour leur donner une seconde vie au Cap-Vert. Grâce à ça, des Cap-Verdiens vont peut-être se mettre à la course à pied ! Aussi, il faut savoir que pour les personnes qui ne peuvent pas venir me voir le jour de la course à pied, je suis en partenariat avec le magasin ProSports d’Amiens. Du coup, les personnes qui ne peuvent pas venir à la course ont la possibilité de déposer les affaires en magasin. Et moi, de temps en temps, je vais récolter ce que les personnes ont déposé. Et après, je les ramène à l’association.

Sur le plan sportif, quels sont tes objectifs de cette année ?

Mes objectifs de cette année, c’est de faire un ultra-trail, c’est-à-dire un trail qui dépasse les 100km. Les trails que je fais d’habitude, c’est entre 50, 60 et 80km. Je n’ai jamais fait au-delà. C’est pour ça que j’ai fait des gros trails, pour habituer mon corps à l’effort intense et pour pouvoir être paré pour faire un ultra. Le plus long trail que j’ai fait, c’est l’EcoTrail, 80km, et le plus long en termes de temps, c’est le Festival des Templiers. Je me suis inscrit pour le long trail de l’UTMB, mais je n’ai pas été tiré au sort. Comme cette course est renommée, il y a tellement de monde qui veut la faire que cela marche par tirage au sort. Et malheureusement, je n’ai pas eu cette chance cette année. Donc, l’année prochaine, je me réinscrirai. Je croise les doigts pour pouvoir y participer, et comme ça, ce sera mon premier long trail.

Quand j’aurai fait ces trois objectifs, là je pourrai dire : « J’ai accompli mon exploit sportif ».


Et tes objectifs de vie ?

Je compte faire l’UTMB. La plus grande course trail reconnue de France. C’est les 176km du Mont-Blanc. Ça, ce serait la cerise sur le gâteau. Les trois objectifs de ma vie sont de faire le tour du Mont-Blanc, de traverser la Réunion d’une traite à « La Diagonale des Fous » et de faire le Marathon des Sables. C’est courir pendant une semaine au Maroc. Quand je vois les photos des gens qui l’ont fait, je suis en admiration. Quand j’aurai fait ces trois objectifs, là je pourrai dire : « J’ai accompli mon exploit sportif ». Ça demandera du temps, du budget et de la motivation. Mais une fois que j’aurai ces trois choses, c’est bon, ça partira. La motivation, je l’ai, parce que j’ai cette envie dans ma tête depuis des années. Mais il faut avoir le temps et le budget. C’est pour ça que j’essaie de mettre de l’argent de côté pour payer les prochaines courses.

D’ailleurs, tu crées et vends, chaque année, un calendrier destiné aux runners ?

Je fais de la vente de calendrier une fois par an. C’est un calendrier de bureau, avec les photos que j’ai faites. Je les vends sur ma page Facebook  ou sur les différentes courses à pied. Une fois que les calendriers sont sortis, je mets l’annonce sur ma page Facebook pour annoncer qu’ils sont disponibles. L’argent que je récolte me permet de payer mon matériel, et aussi d’investir pour les prochaines grandes courses. On a les calendriers animaliers, ceux des pompiers, de Laposte, alors j’ai développé le concept de calendriers de course à pied ! Dans ces calendriers, on retrouve mes photos personnelles que je trie à l’année, et aussi les différentes dates des courses à venir.

Tu fais preuve d’une belle créativité et d’une admirable motivation

Il faut toujours voir le côté positif de la vie. Je profite des ondes positives que les amis me donnent pour pouvoir en donner aux autres. C’est pour ça que, même en course à pied, je fais toujours en sorte de motiver les amis. Parfois, ils sont en galère, ils n’en peuvent plus, ils ont mal partout. Et quand ils me voient avec l’appareil photo, ils ont un regain d’énergie. Ils retrouvent le sourire, et clac, j’immortalise ce moment. Et après, j’ai la petite parole qui motive les gens : « Allez les gars, ça va aller ! », « Ce n’est que 10km, on va y arriver ! ». Je sais ce que c’est, parce que je passe par là aussi. Quand je cours et que je fais de grands trails, que je n’en peux plus, et qu’il y a un enfant, à côté de moi, qui me tend la main pour que je tape dedans, et qui m’encourage … Quand tu vois ça, ça te redonne le sourire. Même les amis qui m’encouragent, mes *enfants quand ils viennent me voir en course à pied, quand je les vois, ça me redonne de la motivation. Donc, je fais pareil avec les copains qui courent aussi. On me motive, et je motive les gens. Je suis positif, j’envoie ce positif aux gens qui sont dans la galère. Il faut se motiver mutuellement. C’est pour ça que j’adore la course à pied. J’adore le contact avec les gens.





Vous pouvez retrouver les photographies d’Adilio Sanches sur sa page Facebook.





Angélique Guénot

Crédit Photos : Léandre Leber – Gazettesports.fr

Publié par La Rédaction

Gazette Sports est votre webzine sur l'actualité des associations sportives d'Amiens Metropole et ses alentours.