FOOT US – Wilfried Pene : « J’ai tous mes plans en tête et pour l’instant le plan A c’est la NFL » (1/2)

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Originaire des Pionniers de Touraine, ancien tight end des Spartiates d’Amiens et aujourd’hui pensionnaire de Division 1 aux États-Unis, Wilfried Pene nous raconte les débuts de son aventure sur les terrains de football américain.

Salut Wilfried, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

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Je m’appelle Wilfried Pene, j’ai 19 ans et je suis étudiant à St Thomas More en high school depuis maintenant deux ans. Ici le « high school » correspondrait au lycée en France mais avec une année de plus : ça se fait sur quatre ans et c’est maintenant ma dernière année. L’année prochaine je vais donc en universitaire pour étudier tout ce qui est attaché au sport et devenir coach sportif. 

Sur le terrain je joue principalement tight end et defensive end : le premier est un receveur lourd, un joueur hybride qui peut catcher, courir avec le ballon et bloquer les joueurs défensifs. D-end c’est un poste défensif sur la ligne extérieure pour aider le quarterback, le running back, empêcher la course ou autre. 

Comment s’est passée la découverte de la discipline ?

J’ai commencé à 14-15 ans ; au début je ne connaissais pas vraiment ce sport, je regardais juste des vidéos sur YouTube quand j’étais gamin. J’avais demandé à ma mère de voir si on ne pouvait pas me trouver un club et au début, c’était impossible de trouver. Et puis un jour je suis allé aux « portes ouvertes du sport », chacun y exposait son sport et c’est là que des coaches de football américain m’ont repéré de loin. Je suis allé les voir sur leur stand et ça m’avait intéressé étant donné que je connaissais un peu de ce que j’avais vu petit. C’est de là que j’ai commencé mon premier entrainement, puis le second et finalement je n’ai jamais arrêté ! 

Quel aspect du foot US te plait le plus ?

La liberté de pouvoir être au contact des autres, on va dire « de pouvoir taper sans se faire courser par la police. » La liberté de pouvoir courir avec le ballon, contacter des joueurs mais aussi pouvoir les esquiver : c’est vraiment la notion de liberté qui me plait le plus dans ce sport, ça permet d’évacuer un peu sa colère ou son stress. C’est canalisant.

Je voulais montrer que les Français aussi sont bons dans ce sport

Wilfried Pene

Est-ce qu’il y a une personnalité dans ta discipline qui t’a inspiré plus que d’autres ?

À l’époque où j’étais running back c’était Derrick Henry parce qu’on jouait au même poste et je cherchais à approcher mon jeu le plus près possible du sien. Mais après avoir changé de position je n’ai plus vraiment eu de référence, que ce soit un joueur ou une équipe. J’étais surtout axé sur le fait de vouloir être le meilleur, que ce soit en France ou aux États-Unis. Je voulais montrer que les Français aussi sont bons dans ce sport, on n’est pas nuls. C’est surtout ça qui me motive plus qu’une équipe ou un coach. 

Quel moment de ta carrière t’a le plus marqué ?

C’est sûrement la finale que l’on a jouée avec les Spartiates et qui a envoyé l’équipe en Élite. Ça m’a beaucoup marqué vis-à-vis de mon niveau personnel : c’est cette rencontre qui m’a fait dire qu’il fallait que je joue à un niveau encore au-dessus, qu’il fallait que je fasse tout pour partir par rapport à mon âge… Quand j’ai vu que j’étais capable de faire quelques sacks et deux-trois catchs en finale nationale, je me suis dit “le niveau en France est bon, mais il ne me permettra pas de kiffer encore plus”. Et c’est vraiment ça aussi qui m’a conforté dans mon idée de vouloir partir. 

Qu’est-ce que tu retiens de tes années de formation ? Ce qui t’a le plus fait évoluer ?

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Le fait d’adopter une bonne hygiène de vie principalement. Depuis le Pôle France où on nous rabâche de bien manger, bien s’hydrater, bien s’entrainer, bien dormir… Ce sont surtout ces quatre points-là qui m’ont permis d’évoluer fort dans le foot parce qu’en les appliquant, je me suis aperçu qu’effectivement mes performances s’amélioraient, j’étais meilleur sur le terrain. 

Après ces années de formation justement, comment s’est enchainé le reste ?

Ça s’est passé très très vite parce que durant la fin de ma dernière année au Pôle, le contact que j’avais aux États-Unis m’a dit qu’il allait parler de moi, essayer de me trouver des écoles. C’est ce qu’il avait fait et pendant les vacances d’été il m’a dit “il faut que tu fasses tes papiers”. Parce qu’il avait justement trouvé des écoles qui étaient intéressées alors il fallait que je m’occupe rapidement de mon passeport. En moins de deux mois il fallait que j’ai mes papiers, et une fois arrivé aux États-Unis c’était pareil : tout est allé très vite avec l’école et le foot. C’est vraiment dès la fin de mon année au Pôle que tout s’est enchaîne rapidement. Mais une fois sur place, ça m’a quand même pris un an de prouver ce que je valais, c’était une année où j’étais « le petit nouveau ». Je n’avais pas beaucoup joué alors les coaches n’ont pas pu avoir beaucoup de vidéos et c’était compliqué au niveau des offres, mais quand ils m’ont vu être titulaire là, ils se sont dit que j’avais quelque chose à montrer. Ça a plu à pas mal d’équipe, dont Virginia Tech.

Maintenant que tu es aux États-Unis, est-ce que tu trouves le temps de revenir en France parfois ? Tu penses y rester toute ta vie ?

Actuellement je suis en France, mais de façon générale je rentre à chaque fois que je suis en vacances. J’essaye vraiment de rentrer le plus souvent pour évacuer un peu le stress, souffler et me changer les idées. Mais je pense que les choses vont changer en juin quand je vais rentrer à l’université parce que le niveau est bien plus élevé, il va falloir que je me concentre beaucoup plus. Mais il faut quand même toujours garder autre chose à côté du foot, sinon on devient fou, alors rentrer en France de temps en temps c’est vraiment nécessaire. 

Je pense que vu tout ce que j’ai donné pour le foot jusque-là, il me reste environ trois ans d’université pour espérer participer à la NFL donc pendant ces années je vais vraiment me concentrer sur le foot, quitte à me mettre dans une bulle et ne penser qu’à ça. J’ai vu les autres thight end qui jouent en NFL ou qui passent les combines pour y entrer, je pense que je peux avoir leur niveau ou même être meilleur par rapport aux performances que j’ai maintenant.

Si je n’arrive pas à entrer en NFL, je vais tout faire pour au moins intégrer une autre ligue. Si ça non plus ce n’est pas faisable, dans tous les cas j’aurai mon diplôme universitaire pour devenir coach et essayer d’intégrer la CFL (ndlr : ligue canadienne). Étant donné que j’aurais joué au niveau universitaire américain, je pense que ça devrait être faisable. Mais si vraiment un jour le foot ne marche plus pour moi, je resterai dans le sport en tant que coach sportif ou de football américain. On verra bien mais j’ai tous mes plans en tête et pour l’instant le plan A, c’est la NFL. 

Le sport reste un milieu complexe. Si tu devais mettre fin prématurément à ta carrière, qu’est-ce que tu en retiendrais ?

Tout d’abord, si ça doit s’arrêter ça s’arrêtera, ce n’est pas grave en soi. Personnellement je n’aurais pas de regret parce que je suis l’un des rares Français à avoir fait ce que j’ai fait. Actuellement à part Anthony Mahongou, Jordan Avissey… on doit être entre cinq et dix à être partis aux États-Unis comme ça. Mais maximum cinq à avoir joué en Division 1 américaine dans les meilleures conférences. On est vraiment une poignée à l’avoir fait donc ça ne serait pas un regret si ça devait s’arrêter : dans tous les cas ça m’aura apporté un super niveau d’anglais et une expérience de vie à part. 


La seconde partie de cette interview sera à retrouver mercredi 25 mars à 13h.



Propos recueillis par Océane KRONEK

Crédits photos : Léandre Leber – Gazettesports.fr / Droits réservés

Publié par La Rédaction

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