HANDBALL – Iurii Shamrylo : « Je trouve que le jeu français est plus réfléchi »

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Aujourd’hui GazetteSports vous propose la seconde partie de l’entretien mené avec Iurii Shamrylo, gardien de l’Amiens Picardie Handball depuis septembre 2018.

Quel serait ton meilleur souvenir sur tes années de handball ?

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Il y en a eu beaucoup ! Quand j’avais 12-13 ans, nous sommes allés jouer un tournoi à Kiev et je suis tombé malade à un match de la fin. Mon entraîneur est donc allé acheter des médicaments en me disant “demain, tu seras sur le terrain !” et moi je répondais “oui coach, oui coach”. J’avais de la température ce jour-là, je n’étais vraiment pas bien mais on a gagné quand même… c’est tout ce dont je me souviens de ce jour-là.

Il y avait aussi un autre tournoi, en Pologne cette fois, qui a apporté beaucoup d’émotions. Nous avions une très bonne équipe, avec de bons physiques et beaucoup de caractère, mais elle n’était pas homogène, ce n’était pas vraiment une « équipe » dans tous les sens du terme puisque nous n’étions pas trop amis. C’était vraiment une ambiance de combats et de batailles parce que tous les joueurs étaient un peu des leaders. On avait gagné contre de très bonnes équipes de Slovaquie, de Pologne, et de République Tchèque sur ce tournoi. Lors de la finale contre les Pays-Bas, on était menés de quelques buts à la mi-temps, mais finalement on les avait battus et ça aussi c’était beaucoup d’émotions !

Pour avoir joué dans plusieurs championnats de pays différents, quel est ton ressenti sur l’ambiance aux matchs ici en France ?

Je trouve que c’est le mieux que j’aie eu pour l’instant. Ici c’est un sport qui est quand même assez « traditionnel » contrairement à l’Ukraine, la Turquie ou la Pologne où ils sont plus centrés sur le football. Par exemple quand j’ai parlé avec mon premier entraineur, je lui ai demandé ce qu’il faisait et il m’a dit “je regarde les fléchettes” : en Allemagne c’est une discipline vraiment très populaire, les gens connaissent le sport et ses règles, la discipline est ancrée dans la culture sportive allemande de la même façon que l’est le handball en France. 

Quand je viens jouer ici au Coliseum, il y a toujours du monde dans les gradins, qu’importe l’adversaire face à nous, alors que quand je jouais en Ukraine ou en Turquie, il n’y avait pas cette culture sportive. Parfois il y avait tout juste une trentaine de spectateurs sur nos matchs, on entendait les balles rebondir.

Quand je viens jouer ici au Coliseum, il y a toujours du monde dans les gradins, qu’importe l’adversaire face à nous

Iurii Shamrylo

La présence de tous ces supporters chaque weekend est une source supplémentaire de motivation pour toi ?

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Ici, rien qu’en voyant le parking devant le Coliseum chaque samedi, tu sais qu’il va y avoir du monde au gymnase, beaucoup de gens se connaissent et c’est une atmosphère vraiment intéressante : quand il y a autant de monde qui vient te voir jouer, tu te donnes encore plus dans ton match, tu es vraiment à 300%. 

Hormis une ferveur du handball plus importante en France que dans les autres pays où tu as pu jouer, penses-tu que l’atmosphère générale est différente ?

Je trouve que le jeu français est plus relax, plus réfléchi. La psychologie est meilleure, l’ambiance est moins stressante et tendue. Ici chez les plus jeunes le résultat n’est pas forcément ce qui importe le plus, alors qu’en Ukraine ou en Pologne les enfants sont poussés à l’extrême, tu as beau avoir un bon physique en étant grand et fort, on te met toujours sous pression. Et je ne trouve pas que ce soit une pratique avantageuse pour les jeunes, ce n’est pas aider les enfants que d’être si demandeur. 
Vous les Français, vous travaillez avec les enfants dès leur plus jeune âge également, mais il y a quelques jours par exemple, je venais au Coliseum justement et j’ai croisé un groupe de très jeunes enfants, autour de 4-5 ans, accompagné de deux adultes et j’ai vu la femme rassurer un des enfants : on sent qu’il y a beaucoup d’amour et aucun stress mis sur les enfants. On s’attarde d’abord sur la confiance individuelle des jeunes, puis à l’école on leur apprend la vie en collectivité, à aider les autres. 
Même chez les adultes, à Amiens avant un match il y a de la musique, les joueurs ont le sourire l’ambiance est plutôt détendue ! Et une fois que le match commence, on devient de vrais combattants.

Tires-tu donc une bonne conclusion de ton expérience ici à Amiens pour le moment ?

Je trouve qu’il y a une très bonne ambiance dans l’équipe, mais aussi dans le club en général. L’atmosphère est positive avec toutes les personnes que l’on croise ici. De plus on s’adapte facilement à l’environnement ici, on est vite adopté et les gens sont souvent positifs et optimistes, ça fait plaisir. L’entraineur lui-même fait les choses avec le sourire, sans stress ; on parle de nos besoins, on les étudie mais toujours dans le calme. Les choses se font dans la bonne humeur ici. 

Est-ce que tu as un modèle dans le monde du sport ? Dans ta discipline ou une autre ?

Il y a beaucoup de gardiens que je respecte, mais je ne suis pas « fan » d’un particulièrement. Je pense que tous les sportifs qui jouent en haut niveau, handballeurs mais aussi footballeurs ou basketteurs peu importe la discipline, méritent du respect. Parce que c’est un métier difficile, autant qu’être journaliste ou chauffeur. Quand tu vas au supermarché, la caissière a un métier difficile elle aussi, mais il est rendu plus agréable par les clients lorsqu’ils sont souriants ou aimables ; c’est un peu la même chose dans le sport, il est important de respecter chaque métier et chaque personne qui le pratique.

Y a-t-il un sport autre que le handball que tu apprécies particulièrement ?

Oui, j’aime beaucoup le ping-pong. Quand il y a une table pas loin du gymnase où l’on va s’entrainer, j’apprécie de pouvoir jouer une petite demi-heure avant l’entrainement. Je ne suis pas très fan de foot ni de basket, mais j’aime aussi la boxe. Pour le handball, je ne suis pas vraiment les matchs, je regarde la Ligue des Champions par exemple, ou encore les championnats d’Europe et du Monde parce que c’est très intéressant, mais c’est tout.

Quel bilan peux-tu faire à la mi-saison, maintenant que vous êtes entrés dans la seconde phase du championnat ?

C’est vrai qu’on est déjà dans la seconde phase. Sur la première on avait bien commencé : on a perdu les deux premiers matchs mais ensuite on enchaine sur cinq victoires. Seulement après ça on a également perdu les cinq matchs suivants. Maintenant on a remporté le premier match de cette nouvelle phase et perdu le deuxième donc tout est possible ! Comme disait mon entraineur quand je jouais à Lublin en Pologne, “il faut avoir du caractère ! Les adversaires doivent comprendre quand ils viennent que l’on est une véritable Armageddon”. 


Retrouvez la première partie de cet entretien ICI.


Propos recueillis par Océane KRONEK

Crédits photos : Kevin Devigne & Reynald Valleron – Gazettesports.fr

Publié par La Rédaction

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