Aujourd’hui, retrouvez la première partie d’un entretien avec l’une des figures de l’équipe de handball amiénoise, son portier Iurii Shamrylo.
Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Iurii, je viens d’Ukraine et je suis arrivé en France il y a dix-huit mois. Je suis joueur à l’APH depuis la saison dernière et j’ai commencé le handball il y a dix-sept ans, à l’âge de 11-12 ans. Je suis joueur professionnel de handball, mais à côté de ça j’aime aussi beaucoup lire et écouter des livres audios, actuellement je me suis lancé dans Sherlock Holmes, j’aime aussi jouer au poker parce c’est quelque chose qui demande de la réflexion, comme le sport. Pour moi le handball ce n’est pas juste « prendre un ballon, tirer fort et voilà », c’est quelque chose où l’on réfléchit beaucoup.
Pourquoi avoir choisi Amiens ?
J’ai débuté le handball en Ukraine, après ça je suis allé en Russie, en Pologne et en Turquie. C’est en Turquie que je suis resté le plus longtemps, deux ans, parce que c’est là que je me sentais le mieux. Ici c’est Yuriy Petrenko qui entraîne : c’était un excellent joueur qui a longtemps joué au plus haut niveau, et il est vraiment tout aussi bon entraîneur. Il cherchait un gardien la saison passée donc je pense qu’il a dû voir des vidéos de certains de mes matchs pour qu’il en vienne à m’appeler d’Ukraine ! Tu ne peux pas prendre un joueur sans l’avoir déjà vu avant… Mais je pense que si ça avait été un autre entraîneur, je ne serais pas venu à Amiens, parce qu’au début je ne parlais pas beaucoup.
Comment s’est passée ton intégration au sein de l’équipe ?
Comme je l’ai dit, j’ai joué dans beaucoup de clubs avant de venir à Amiens, peut-être six ou sept, avec toujours un nouveau collectif. Mais pour moi ce n’est pas un problème, je ne trouve pas ça stressant de devoir s’adapter à nouveau. Par contre en général quand j’arrive dans une nouvelle équipe, je montre immédiatement mon caractère et je montre que je suis prêt parce que la première impression est importante. De plus, quand on arrive quelque part, il est important de ne pas avoir un mauvais comportement, de ne pas frustrer les autres en faisant de mauvaises blagues ou de mauvais gestes par exemple. Donc les deux premières semaines dans chacun de mes clubs, je me tenais à carreaux.
Qu’est-ce qui t’a amené à devenir gardien plutôt que joueur de champ ?
C’est une vieille histoire ! Quand je suis sur le terrain, c’est vraiment compliqué pour moi parce que je me blesse assez facilement aux articulations, de plus je n’aime pas vraiment courir. Je trouve ça intéressant, mais difficile d’être joueur de champ : quand je tirais, mes balles partaient très doucement. Au contraire, un gardien ne court pas, c’était un premier avantage pour moi, même si une des grosses difficultés du poste de gardien est d’être assez souple et détendu.
J’avais commencé le handball en tant que joueur de champ, comme beaucoup, mais en voyant que c’était vraiment compliqué j’ai demandé une première fois à mon entraîneur pour essayer les cages et il m’a dit “ok, pourquoi pas”. Après quelques temps au poste de gardien, j’ai réessayé le champ mais ça n’allait toujours pas mieux alors j’ai demandé à retourner dans les buts et cette fois mon entraîneur m’a dit “ok, mais maintenant tu y restes”. Et maintenant ça fait quinze ans que je suis gardien.
Dirais-tu que tu as des rituels d’avant match ?
Avant oui j’en avais beaucoup mais maintenant ça va mieux, je me suis calmé ! Par contre j’ai gardé la vieille habitude de toujours commencer par lacer ma chaussure gauche, je le fais presque sans m’en rendre compte maintenant. J’ai toujours le même rituel d’échauffement aussi depuis que j’ai commencé, je fais toujours les choses dans le même ordre.
Lors d’une rencontre, te considères-tu en compétition directe avec le gardien adverse ?
Un match c’est comme un champ de bataille je trouve. Quand je vois qu’un gardien fait plus d’arrêts que moi sur un match, c’est une source de motivation puisque ça me pousse à faire toujours mieux et à me surpasser. Mais je sais reconnaître quand un gardien a été meilleur que moi sur un match, à la fin de la rencontre je vais le féliciter sans rancune.
As-tu déjà fait des matchs en sélection nationale d’Ukraine ?
Oui j’ai été sélectionné deux fois, mais je n’ai pas joué alors ça ne compte pas trop. Par contre j’ai joué avec l’équipe nationale de Sandball et on a fini troisièmes sur les championnats d’Europe en 2015, c’était aussi un moment fort en émotions d’ailleurs. On espère que dans quatre ou cinq ans ça sera un sport Olympique ! C’est encore plus dynamique que le handball en salle je trouve.
Est-ce qu’en commençant le handball à l’école tu t’attendais à aller jouer à un si haut niveau ?
Quand j’avais dix ans, je n’y pensais pas du tout ! J’ai pratiqué beaucoup de différents sports, par exemple j’ai fait du judo et du karaté mais pas longtemps, seulement quelques semaines parce que ça ne me plaisait pas énormément. C’est un ami qui m’avait amené vers le karaté, il pratiquait déjà depuis un moment alors quand je suis arrivé la première fois ça m’avait un peu impressionné et freiné. Et puis de toute façon je préférais le handball, j’avais un coach très pédagogue qui savait me motiver, il trouvait les mots pour m’encourager à persévérer toujours plus.
La seconde partie de cet entretien sera disponible vendredi 28 février.
Propos recueillis par Océane KRONEK
Crédits photos : Kevin Devigne – Gazettesports.fr