Nous le savions quelque peu affaibli et malheureusement, la triste nouvelle nous est parvenue ce mardi matin 18 juin. Pierre Pardoën est décédé à Belloy sur Somme, village dans lequel il s’était retiré et avait exercé les fonctions de maire.
C’était un homme discret, respecté et à l’écoute de tous. Les jeunes générations n’imaginent pas que Pierre Pardoën a été sans discussion, le sportif amiénois à avoir obtenu le succès le plus important à son retour dans sa ville puisqu’il était né à Amiens en 1930. Cela se passait durant l’été 1952 après le Tour de France qui avait été remporté par le champion italien Fausto Coppi.
L’histoire de Pierre Pardoën est vraiment exceptionnelle. Lorsqu’il prend le départ de ce Tour de France 1952, le jeune coureur amiénois a dû quitter la catégorie des indépendants afin de signer son premier contrat professionnel. Il court au sein d’une équipe régionale car à cette époque, les équipes étaient soient nationales ou régionales.
Pierre Pardoën découvre un monde nouveau pour lui mais dès la première étape, il se retrouve dans une échappée à trois avec deux Belges, Bloomme et Rik Van Stenbergeen. Ce dernier est un vieux renard et il intimide tellement Pardoën que le jeune Picard ne dispute vraiment pas le sprint. Van Stenbergeen va porter le maillot jaune que symboliquement, le lendemain, au cours de la deuxième étape, Pardoën va se targuer de l’avoir sur le dos ne serait-ce que durant quelques minutes. Par la suite, Pardoën va se montrer plus sage mais il va jusqu’au bout, au Parc des Princes ou se déroulait à cette époque l’arrivée du Tour de France.
Le lendemain, Pierre Pardoën est rentré à Amiens et il a reçu un accueil triomphal. On a souvent signalé que le Général De Gaulle en 1964 n’avait pas reçu un tel accueil. Une collecte fut même effectuée dans Amiens et l’argent récolté a permis à Pierre Pardoën de s’acheter une .. voiture.
Pierre Pardoën a encore disputé un Tour de France en 1956 mais il fut éliminé au bout d’une semaine , étant arrivé en dehors des délais. Pierre Pardoën a mis un terme à sa carrière en 1959 afin de se consacrer au métier de carrossier. On peut affirmer que Pardoën a complètement réussi sa reconversion et qu’il a été un maire très compétent à Belloy sur Somme.
Pierre Pardoën a appartenu à cette génération de l’après guerre et il a couru avec les plus grands, Coppi, Van Stenbergeen et Louison Bobet dont il fut l’équipier. Nous avions l’habitude de le voir sur certaines courses notamment le Prix Jean Renaux à Amiens mais aussi les Boucles du Canton de Picquigny.
En 1996, quand Philippe Ermenault était revenu des Jeux Olympiques d’Atlanta avec ses deux médailles (or et argent), la voiture qui l’amenait sur la place de Picquigny était conduite par Pierre Pardoën. En septembre dernier, à l’occasion de la sortie d’une video et d’un livre à sa gloire, Pierre Pardoën avait tenu à ce que cette cérémonie soit simple avec les membres de sa famille.
Le sport amiénois vient de perdre en moins de deux ans des champions qui ont fait honneur à la Ville d’Amiens : Bernard Quennehen, Jean Claude Lefebvre, Paul Fernet et Pierre Pardoën.
Lionel Herbet
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