MARIO RICHER : « Ça fait deux ans que l’on créé la surprise » (1/2)

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La trêve désormais bien entamée, c’est un Mario Richer en plein travail que nous sommes allés rencontrer au Coliseum. Un entretien en deux parties, dont la première est consacrée à la saison passée, à la concurrence en Magnus mais aussi au regard porté par le coach amiénois sur le « Hockey français ».

Bonjour Mario, pour commencer, revenons dans le passé; le début de saison avait été compliqué, mais à l’époque vous avez toujours semblé confiant…

Parfois il faut être patient, et puis on ne perdait pas par des gros scores, ça se jouait souvent à un but d’écart. Par la suite ça a tourné, et on s’est mis à gagner par un but. Il y  avait des petites choses que l’on ne faisait pas bien au départ, mais nous avons travaillé et au fil du temps l’alchimie s’est faite. Autant on a eu un mauvais départ autant on a eu une excellente deuxième moitié. Le match à Asnières a donné beaucoup de confiance et à partir de là on a fait une série de haute qualité. 

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Un titre, une 3ème place en saison régulière et une demi-finale face au champion, font de vous un coach satisfait ?

Nous sommes la meilleure des autres équipes

Et bien disons que ça fait deux ans que l’on créé la surprise, c’est cela qu’il faut se dire.  Il faut bien savoir que c’est un championnat à 2 équipes avec Grenoble et Rouen et ensuite tu as les autres équipes. Nous sommes la meilleure des autres formations; je ne dis pas que nous faisons des « miracles », mais on « over-achieve », on accomplit au-delà de ce qui devrait être fait. Il y a des équipes en Ligue Magnus qui « under-achieve » (ndlr : sous-performent), nous c’est l’inverse depuis deux saisons.

Vous prenez souvent l’exemple du football; comment embêter le PSG, que vous comparez régulièrement à Rouen et Grenoble ? On prend le modèle de l’Olympique Lyonnais ?

Difficile à dire, mais Lyon a quand même un budget conséquent… Et puis de toute façon ils peuvent se rapprocher, ils ne sont jamais à la hauteur du Paris-Saint-Germain. Pour nous, dans le fond, il ne faut pas essayer de concurrencer les deux grosses équipes que sont Rouen et Grenoble. Il faut juste se positionner pour être devant toutes les autres équipes, c’est juste de la logique. On peut faire peur aux grosses équipes à l’occasion et c’est beau, c’est parfait sur le coup, sauf que Guingamp l’a fait en battant le PSG, mais le match d’après c’était 9-0 pour Paris… Donc tu peux embêter ces équipes sur un match, mais si tu es lucide, tu ne peux pas concurrencer le Paris-Saint-Germain; il faut t’attaquer aux autres. 

Pour un coach, qu’est-ce qui est le plus satisfaisant : remporter un titre ou voir que son groupe progresse ? 

Et bien c’est sûr que quand tu gagnes un titre c’est important, c’est une satisfaction, c’est toujours très bien, c’est « quelque chose ». Mais il est certain que le travail d’un entraîneur c’est éduquer, enseigner et apprendre à ses joueurs pour qu’ils performent et puis voir les résultats. Il y en a ça fait 3 ans qu’ils sont ici, ça a pris du temps, la maturation, l’expérience, mais aujourd’hui ils ont progressé. 

Vous insistez souvent sur le « travail »; selon vous le « hockeyeur français » est travailleur de manière générale ?

Un des problèmes en France c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’hockeyeurs. Donc souvent on ne le pousse pas à repousser ses limites. Le total des Français qui peuvent jouer dans la Magnus est très élevé, mais des joueurs avec un gros potentiel dans la Magnus il n’y en a pas tant que ça. Il y en a plusieurs qui sont en dessous du niveau, mais qui sont quand même là, à cause d’un manque de joueurs…

Les jeunes joueurs arrivent-ils bien formés en Magnus ?

C’est sûr qu’il y a des choses qui pourraient être mieux faites dans les championnats. Quand tu vois qu’en D1 il y a une dizaine d’importé, et bien tu te poses la question : « est-ce que la D1 a besoin d’avoir autant d’importé ? ». La Suisse a été un pays qui a fait un changement drastique. Pendant des années ils ont été en difficulté mais maintenant c’est une puissance mondiale et il n’y a seulement que 3 ou 4 importés dans la première division et en deuxième division c’est la même chose. Ce sont les jeunes qui jouent, la France devrait peut être copier la Suisse en diminuant le nombre d’importés en D1 et peut être diminuer le nombre d’équipes en Magnus, comme ça les jeunes auraient le temps de se développer en D1 ou D2…

Je crois que la France a la chance d’avoir des équipes comme Rouen et Grenoble

Quel est votre regard sur la ligue Magnus en comparaison de ce que vous avez connu en Autriche par exemple ?

Ce sont des ligues différentes, l’Autriche c’est une très grosse ligue. Il y a plus d’argent certes, mais est-ce qu’ils développent plus de joueurs de hockey ? Non. C’est un autre problème, il y a beaucoup d’étrangers aussi, tu peux avoir jusqu’à 12 étrangers en Autriche, donc les joueurs autrichiens ne jouent quasiment pas et ça se voit avec l’équipe nationale qui est en difficulté. Donc c’est une belle ligue, une ligue qui est forte, mais qui ne développe pas les joueurs de son pays.

Chaque ligue a ses forces et ses faiblesses et je crois que la France a la chance d’avoir des équipes comme Rouen et Grenoble. Le fait que Rouen ait fait un beau parcours en Champions League ça donne de l’honneur à la ligue. L’an prochain je suis persuadé que Grenoble va avoir une équipe très compétitive, et ils vont aller aussi loin, voir même plus loin que Rouen l’a fait cette année et ça fait du bien au championnat français. Finalement c’est l’argent qui est investi dans le championnat qui va faire la différence. Plus tu as des joueurs que tu peux payer, meilleure ton équipe va être, on le voit avec Rouen et Grenoble. 

Selon vous pourquoi le hockey français est-il en retard au niveau marketing et communication ? 

Et bien c’est parce que le hockey n’est pas un sport majeur dans ce pays, tant que ça ne sera pas un sport majeur…la pétanque passe devant le hockey à la télé, donc le problème est là. Si tu commences à être diffusé sur les grosses chaines de télé, avec une bonne audience et bien ton sport s’améliore et il y a plus d’argent qui est investi. On s’en rend compte avec le football et la montée de l’Amiens SC en Ligue 1.

Vous vous sentez délaissé par les principaux médias ?

Je ne sais même pas qui sont les gros médias amiénois… Moi je vois toujours les mêmes journalistes, ceux que je vois tous les jours, qui se déplacent tous les jours, beaucoup de respect pour eux. Ceux qui viennent me voir, qui viennent prendre des nouvelles des joueurs et qui mettent les Gothiques en avant c’est parfait, c’est ce que l’on veut. Après je ne m’en soucie pas trop, ceux qui viennent c’est bien, et pour le reste tant pis !

Les journées à écouter la même musique encore et encore, la « pêche » aux recrues, l’histoire et les voyages, autant de sujets abordés dans la seconde partie de notre entretien avec Mario Richer qui sera à retrouver demain à 12h sur le site de Gazettesports.

Propos recueillis par Quentin Ducrocq

Crédits photos Leandre Leber/Roland Sauval Gazettesports

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