Quand on parle de Roller Hockey à Amiens, un nom de famille se détache des autres : « Crignier ». Un nom de famille aisément assimilé au bénévolat local, et à la passion vouée à un club. Le père, Gérard, est de ce fait bénévole en tant que dirigeant de l’équipe première et membre du conseil d’administration (CA). Son épouse Martine est quant à elle vice-présidente, et autant animée par la passion du bénévolat que son mari. Leurs fils, Clément (31 ans, capitaine de l’équipe première) et Renaud (37 ans, joueur-entraîneur), enfilent la casquette d’encadrants la semaine, et rollers et casques le week-end. L’aîné est membre du CA et s’attèle à de nombreuses tâches inhérentes au club, tandis que le cadet, lui aussi membre du CA, se tourne plutôt vers la formation des jeunes. À eux 4, ils forment un carré familial ancré dans l’histoire du club, qui perdure encore aujourd’hui pour la bonne vie des Écureuils d’Amiens.
Retrouvez notre entretien avec Renaud, Clément, Gérard et Martine Crignier qui se livrent sur leur passion du bénévolat, transmise d’enfants à parents.
Quelles sont les fonctions de la Famille Crignier au sein du club des Écureuils ?
Renaud : J’étais salarié pendant plusieurs années au club, ça a été mon travail, et maintenant je joue et j’entraîne encore au club. Je gère toute l’équipe première, que ce soit au niveau des entraînements ou de l’organisation générale. J’entraîne encore les jeunes. De temps en temps je donne un coup de main en basse catégorie s’il y a besoin au niveau de l’organisation. Je m’occupe aussi du Facebook du club. Les affiches, les annonces, c’est moi qui gère.
Clément : Je suis capitaine de l’équipe Élite et je fais partie du CA du club depuis 5-6 ans. Côté bénévole, avant j’aidais beaucoup plus que maintenant. J’aidais Renaud pour les stages encadrés par le club et je donnais un coup de main aux jeunes. L’objectif étant d’inculquer des valeurs. Tout ce qui est respect des anciens, respect des règles, … Je continue ça à le faire, toujours bénévolement.
« L’objectif étant d’inculquer des valeurs. tout ce qui est respect des anciens, respect des règles… »
Martine : J’ai toujours été Vice-présidente du club, ou presque. J’ai arrêté de l’être pendant 3 ans car je n’étais pas d’accord avec la direction que prenait le club. L’année dernière on m’a demandé de revenir et maintenant tout va bien. Il faut savoir que j’étais Présidente de la Ligue de Picardie à l’époque. C’était beaucoup de boulot, quasiment à mi-temps. Maintenant je fais moins de choses. Je ne suis quasiment que l’Élite maintenant, je ne gère plus les petits. Mais au départ quand Clément était encore en jeunesse et Renaud en Élite, c’était tous les week-ends, on traversait la France de haut en bas, de droite à gauche.
Et à propos de Gérard, votre père ?
Renaud : Le père lui est dirigeant de l’équipe première et il fait aussi partie du CA du club. En tant que membre du CA, il participe à des réunions et au fonctionnement du club. Avec l’équipe première, il nous accompagne à tous les matchs. C’est lui qui gère les licences, les feuilles de matchs, les maillots, c’est même lui qui conduit les mini-bus.
Comment vous et votre famille êtes venus à vous impliquer autant au sein du club ?
Clément : Notre mère avait créé un club de Roller Hockey à Villers-Bretonneux, les Black Swans, qui après a fusionné avec les Écureuils en 2000 pour accéder au championnat Élite. Elle est ensuite rentrée en tant que Vice-présidente au club et Renaud et moi devenions logiquement des Écureuils. Quant à notre père, il était photographe au Courrier Picard et il suivait tous les sports, surtout le Hockey sur glace. Après la fusion, il s’est intégré naturellement dans le système du club.
Pourquoi avoir créé le club des Black Swans ?
Martine : À 6 ans, Clément faisait du Hockey sur glace. À la rentrée des classes, les maîtresses d’école demandaient aux enfants les activités extra-scolaires que leurs nouveaux élèves pouvaient faire. Clément a donc ramené son sac de Hockey, et les enfants étaient comme bouche bée devant un hockeyeur.
De là m’est venue l’idée d’en faire profiter les enfants de Villers-Bretonneux et de créer un club de Roller Hockey. Finalement, quasiment toute l’équipe de Clément est venue jouer à Villers-Bretonneux. Avec les Black Swans on jouait dans la cour, on n’avait pas de balustrades, on n’avait rien. Donc on a fusionné avec Amiens, et ça permettait aussi aux Écureuils d’accéder au championnat Élite.
À propos de la transmission de passion bénévole de génération en génération, comment s’est elle faite au sein de la famille Crignier ?
Clément : C’est différent pour nous car la transmission s’est plutôt faite dans le sens inverse. Notre père nous a d’abord transmis le virus du Hockey sur glace. J’ai commencé à en faire et Renaud de son côté faisait du Tennis de table. Une fois que ma mère a créé le club des Black Swan, Renaud a commencé à faire du Roller Hockey et il n’a plus arrêté. Au fur et à mesure des différents sports qu’on a pu faire, on s’est mis à 100% dans le club. Et c’est un peu nous qui avons lancé nos parents dans le monde du Roller Hockey.
Renaud : Cette passion vient surtout des sports de cross. Notre père, en tant que photographe au Courrier Picard, suivait les Gothiques. Donc même avant que Clément ne commence la glace, on allait voir les Gothiques sans pratiquer. Ensuite, dès qu’il a pu, Clément a commencé le Hockey-sur-glace, puis le Roller-Hockey et j’ai suivi. Dans notre famille on a toujours aimé les sports de cross, c’est une passion pour nous quatre et c’est pour cela qu’on est tous investi dans le club d’Amiens.
« Même quand Renaud et Clément n’étaient pas en match, j’allais suivre des gamins aux 4 coins de la France. »
Martine : Au départ c’est moi qui créé un club, j’emmenais mes garçons, en ne pensant pas que ça prendrait autant d’ampleur. Aussitôt qu’on a commencé à faire des matchs, Renaud s’est fait repérer, et dans ces circonstances là, on s’investi. Et puis c’est une passion, il faut dire ce qui est. Même quand Renaud et Clément n’étaient pas en match, j’allais suivre des gamins aux 4 coins de la France. Ensuite, mon mari nous a suivi, ça se fait comme ça, on ne se pose même pas de questions. Finalement on se rend compte qu’on tient au club, et maintenant je le dis tout le temps, le club c’est mon bébé.
C’est donc vous qui avez inculquer cette passion à vos parents. Est-ce que pour les générations futures vous aimeriez inculquer une nouvelle fois cette passion bénévole ?Gérard : Comme dans toute association, il faut des bénévoles. Comme on était là avec mon épouse, que moi j’ai toujours été passionné par le sport de part mon métier de reporter photographe, alors ça nous paraissait normal de les accompagner. Ça a démarré de cette façon et ça continue encore aujourd’hui.
Clément : Moi j’ai une fille, après est-ce qu’elle fera du Roller Hockey ou un autre sport ? C’est elle qui choisira. Mais après je pense que je vais lui inculquer le bénévolat, l’esprit d’équipe, le côté sportif, c’est même sûr. Personnellement, le jour où j’arrêterais le Roller Hockey, je serais toujours un peu autour du club pour suivre les plus jeunes qui seront l’équipe première plus tard. Je ne quitterai pas le club du jour au lendemain, c’est impossible.
Est-ce que dans la vie de tous les jours le club prend une place importante ? Est-ce que c’est un sujet de discussion courant au sein de votre famille ?
Martine : Bien-sûr. Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais Clément avait 5 ans, il en a 31 aujourd’hui, ça fait 26 ans que tous nos week-ends, on les passe à quatre. Et deux frères qui jouent dans le même club, sur la même ligne… Donc oui le club prend une place importante et à la maison les discussions c’est Roller Hockey.
Renaud : Dès qu’on fait un repas en famille c’est impossible qu’on ne parle pas de Roller Hockey ou de sport de manière générale et oui le club prend une place importante. Personnellement avec les entraînements des jeunes, la page Facebook, j’ai quasiment tous les jours une tâche à faire pour le club.
Martine : Mais même pour tous les joueurs le club prend une place importante. Il arrive que les joueurs prennent leur samedi pour aller jouer, ils laissent leur famille. C’est des sacrés sacrifices qu’ils font. Les joueurs sont bénévoles. Et tous les parents qui emmènent leurs enfants sont eux aussi bénévoles à leur manière. C’est un investissement comme un autre.
Retrouvez la deuxième partie de notre entretien avec les Crignier vendredi à 12h. Le sujet du bénévolat sera abordé dans un sens plus large et la famille parlera de son avenir au sein du club des Écureuils d’Amiens.
Propos recueillis par Timothée Van Poecke
Crédits photos : Léandre Leber, Kévin Devigne, Gérard Crignier