Hier soir, les Goth’s Squad organisaient leur premier déplacement officiel, depuis leur création en fin de saison dernière. Récit d’une première en terre normande, chez l’ennemi rouennais…
Vendredi 18 janvier : « Départ à 17h45 précise !!! »
Tout commence par un rendez-vous à 17h30 derrière le Coliseum, où 52 supporters des gothiques avaient répondu à l’appel des Goth’s Squad. Départ à 17h45, arrivée prévue à 19h15 à l’Île Lacroix, jusqu’ici, tout va bien.
Avant de monter dans le bus, les sourires sont de mise, la confiance aussi, et il se murmure partout que les Amiénois vont aller s’imposer chez les Dragons. 17h55, les derniers arrivent, la petite troupe samarienne se lance alors dans un court voyage de 1h30, direction Rouen. De l’avis général, le match sera serré, mais beaucoup prédisent alors un succès des Gothiques en prolongation.
18h45 : Les voix se chauffent
L’atmosphère est joviale, les premiers chants se font entendre, tandis que les kilomètres défilent…tout comme les minutes. Alors que Christopher, le président des Goth’s Squad avait annoncé une arrivée sur « zone » à 19h20, l’horloge indique désormais 19h50, et le bus est toujours à quelques 300 mètres de la patinoire, bloqué dans un bouchon… La tension est palpable, les sourires se crispent, et la perspective de louper le début du match prend le pas sur la joie d’effectuer ce déplacement.
20h03 : le Kop rentre dans l’arène
Le tableau d’affichage affiche déjà 3’12 minutes de jeu lorsque les 52 supporters picards rentrent enfin dans la patinoire. Pas le temps de souffler, que quelques instants plus tard, les tambours samariens et les chants picards résonnent dans l’Île Lacroix. 20h05, la soirée des Goth’s Squad est lancée. Les supporters Amiénois ne font alors plus qu’un, reprenant d’une seule voix les mêmes chants, bougeant au rythme des applaudissements, des contestations, et des chambrages, dans une chorégraphie bien huilée.
Et lorsque Langlais ouvre le score au quart d’heure de jeu, et que toute la patinoire exulte, les chants amiénois redoublent d’intensité, montrant bien à tous les Rouennais, que les joueurs picards et leurs supporters ne lâcheront rien dans ce derby.
Fin du tiers, Rouen mène, mais l’esprit est encore à la confiance, et on entend dans les rangs amiénois : « Les Gothiques vont quand même gagner par deux buts d’écarts. »
21h00 : Le deuxième tiers est lancé, Rouen accélère…
Alors que le petit groupe de supporters amiénois a pris ses marques au fil des minutes en bas des travées, les Dragons prennent eux le contrôle du match sur la glace. À la demi-heure de jeu, Roy vient ajouter un second but pour Rouen, qui laisse alors sans voix le kop amiénois… Accalmie de courte durée, puisque quelques secondes plus tard, les chants reprennent avec encore plus d’énergie. Et lorsqu’un joueur rouennais assène un mauvais coup à un Gothique, les visages se ferment dans les rangs amiénois, la rage se lit dans les yeux des partisans picards, et on comprend alors qu’un lien particulier unit les supporters avec « leurs » joueurs…
Fin du deuxième acte, 2-0 pour Rouen, pourtant : « Si Rouen ne marque pas le 3ème, ils sont foutus », lâche alors un amiénois. Utopique ? Non, après tout, supporter c’est d’abord croire, et si les Gothiques sont menés, une certitude demeure, le Kop croit toujours en eux !
21h45 : « Ce soir on est venu chanter, et on ne lâchera jamais… »
Malheureusement, les pronostics n’étaient pas les bons ce soir, et le score s’alourdit au fil des minutes : 3-0, 4-0, 5-0…pourtant, jamais les chants amiénois ne cessent, les visages sont plus fermés, certes, mais les tambours continuent de résonner et les voix picardes se font toujours entendre en terre normande.
Des supporters qui sont même récompensés, lorsque Bastien Maïa inscrit un but en fin de match (5-1), provoquant alors une explosion de joie non dissimulée dans les rangs amiénois. Rouen ajoute tout de même un 6ème but, à moins d’une minute du terme, qui n’abat pourtant pas les supporters samariens…bien au contraire.
Alors que la fin de match approche, une douce mélodie résonne dans les travées de l’Île Lacroix : « On va à Bercy, on va à Bercy, on va à Bercy ». Car oui, si la défaite du soir est sévère, elle ne change rien en championnat, Rouen trônant toujours en tête du classement, tandis que les Gothiques vont se battre pour la 3ème place. Par ailleurs, dans moins d’un mois, ce sont bien les Amiénois qui se rendent à Bercy, pour disputer le Final Four de coupe de France.
22h45 : « Prendre 6-1 ce soir et gagner la coupe de France, je signe tout de suite »
À la sortie de la patinoire, si la déception liée à la défaite est bien présente, la cinquantaine d’Amiénois ressort de la patinoire sans être abattue, et se dirige immédiatement vers la sortie des joueurs. À leur départ de la patinoire, un par un, tous les joueurs Gothiques sont applaudis par les supporters picards, qui montrent bien que dans la victoire, comme dans la défaite, ils seront là pour eux.
Du côté de la présidence des Goth’s Squad, on se réjouit de ce premier déplacement réussi et du soutien reçu par tous les Amiénois présents.
23h15 : Départ pour Amiens, arrivée prévue 00h45…
Sur le chemin du retour, les chants ont laissé place aux discussions et aux analyses. La route fut longue pour rentrer en terre samarienne, et c’est finalement à 1h du matin, que cette joyeuse troupe amiénoise foula à nouveau le sol picard.
Cinq minutes plus tard, le bus s’est vidé, les rues d’Amiens sont désertes, tandis qu’au loin, dans les travées de l’Île Lacroix, résonne toujours cette douce mélodie « On va à Bercy, on va à Bercy, on va à Bercy »…
Quentin Ducrocq
Crédits photos Kevin Devigne GazetteSports.fr