Aujourd’hui, alors que les mentalités ont considérablement évolué, Christophe Bassons n’est plus le paria des années 90.
Qu’on se souvienne : il était professionnel et il côtoyait des adversaires dans le peloton qui étaient dopés. Mais c’était une époque, où, tout le monde, ou presque, fermait les yeux : les coureurs , les directeurs sportifs et même les médias.
Tous savaient mais ne pipaient mot.
Alors, Christophe Bassons était une sorte de brebis égarée dans un troupeau de loups. Il ne pesait pas lourd mais effectuait son métier avec une grande conscience. En course, Christophe Bassons avait quasiment tout le peloton sur le dos. Il y avait certes de l’indifférence, mais aussi des moments difficiles à vivre comme par exemple dans un Tour de France, lorsqu’il se faisait alpaguer par Lance Armstrong qui était le patron incontesté et incontestable. Ce dernier faisait la pluie et le beau temps. Il a alors menacé physiquement en course dans la Grande Boucle Christophe Bassons mais personne ne réagissait.
Bassons fut tellement écœuré qu’il abandonna le sport qu’il aimait tant, du moins en tant que coureur pro. Mais sa passion pour le cyclisme restait la même et surtout il a continué à lutter contre le dopage.
En quelque sorte, il a ouvert la voie à la lutte anti- dopage, mais il n’a jamais eu la reconnaissance ni des coureurs ni de la Fédération française qui l’a même suspendu. A l’issue d’une épreuve de cyclo-cross, Bassons fut convoqué pour un contrôle, mais n’ayant pas été averti en temps normal, il avait contesté la suspension dont il faisait l’objet.
Mais Christophe Bassons ne l’a pas supporté et il a défendu son honneur devant les Tribunaux qui lui ont donné raison. La Fédération française de cyclisme alors présidée par M. Lappartient aujourd’hui président de l’UCI a été condamnée par la Justice et devra régler à Bassons la somme de 34 000 euros.
C’est peut-être la plus belle victoire de Christophe Bassons. Même si elle a été obtenue à un âge avancé pour un sportif. Mais aujourd’hui, le dopage tel qu’il existait jadis a fait place au dopage technologique, et franchement, il y a de quoi s’inquiéter tout en regrettant qu’une fois encore, les élus de l’ U C I et de la FFC soient en retard d’un métro.
Lionel Herbet
Crédits photos : FRANCOIS LO PRESTI / AFP