C’est ce qui s’appelle la loi des séries. Ainsi, en moins de 24 heures, avons nous appris le décès d’un ancien grand champion des années 50-60 et d’un très grand directeur sportif des années 70.
Ce sont Bernard Gauthier, spécialiste des courses de grand fond et surtout vainqueur de la classique Bordeaux-Paris et Gaston Plaud, directeur sportif et qui fut celui par exemple de l’immense champion Eddy Merckx. La roue tourne, nos anciens champions vieillissent et peu à peu, ils s’en vont comme sont partis l’an dernier Ferdi Kubler, Roger Pingeon et Roger Walkowiak. Le milieu cycliste se rappelle alors ces belles heures qui voyaient les foules se presser le long des routes.
Bernard Gauthier a été coureur chez Mercier, dirigé alors par un grand Monsieur, en l’occurrence Antonin Magne. Celui-ci vouvoyait tous ses coureurs comme le faisait aussi par exemple, le manager de boxe Jean Bretonnel. C’était une autre époque où chacun se respectait. le coureur écoutait religieusement le directeur sportif. Bernard Gauthier a été le spécialiste de Bordeaux-Paris qu’il a remporté à quatre reprises, la dernière fois en 1957. On l’appelait du reste Monsieur Bordeaux-Paris.
Mais au delà du champion qu’il fut, incarnant un exceptionnel courage, Bernard Gauthier avait été déporté dans les camps de concentration durant la dernière guerre. Il s’était échappé et avait sûrement évité la mort. Bernard Gauthier est venu participer au Tour de Picardie organisé à l’époque par le Courrier Picard. Il fut l’équipier de Louison Bobet et plus tard, il a décelé les qualités d’un certain .. Raymond Poulidor.
Quant à Gaston Plaud, il a incarné une race de directeur sportif qu’on ne voit plus de nos jours. Il avait une tenue exemplaire, toujours élégant et portait la cravate. Il a eu sous ses ordres deux vainqueurs français du Tour de France: Roger Pingeon et Bernard Thévenat. Gaston Plaud c’était Monsieur Peugeot qui connut ses heures de gloire dans le cyclisme des années 70.
Le milieu cycliste pleure évidemment ses deux grands Monsieurs décédés à plus de 90 ans. Mais quand ils sont vivants, il arrive que certains champions soient complètement laissés de côté, sur le bord de la route. C’est ce qui arrive par exemple à Eddy Seigneur, un de nos coureurs Picards possédant le plus beau palmarès puisqu’il fut champion de France sur route et remporta la dernière étape à Paris du Tour de France.
Dans un entretien avec le Courrier Picard, Eddy Seigneur déplore que le monde du cyclisme le laisse tomber. Il a raison mais voici trente années, à l’époque des Bernard Gauthier et des Gaston Plaud, ce genre d’histoire ne serait pas arrivée. Les époques changent et pas forcément en bien.
Lionel Herbet