Superstitieux, Romain Poyet ne voulait s’exprimer qu’une fois le maintien mathématiquement acquis. A l’issue du match nul contre Paris (2-2), un résultat officialisant la chose, l’entraîneur adjoint de l’Amiens SC a donc accepté de se livrer sur une saison qu’il qualifie d’extraordinaire. Entretien.
C’est officiel, vous êtes maintenus en Ligue 1 après ce nul contre le Paris Saint-Germain
Sur une base de 42 points, c’est vraiment extraordinaire. Faire match nul contre Paris, dans un stade plein et avec deux retours au score, on ne l’aurait pas rêvé. Ce n’est pas encore fini, parce qu’il nous reste deux matches contre Metz et à Marseille, mais en tout cas les cas on a fait quelque chose d’extraordinaire. Je crois que les gens ne se rendent pas compte de l’exploit que l’on vient de faire avec nos petits moyens. Arriver à rivaliser avec les plus grands, Monaco la semaine dernière et Paris ce soir (ndlr : vendredi), c’est vraiment magnifique. Des joueurs comme Thomas Monconduit étaient avec nous en National. C’est vraiment une belle réussite, il faut bien savourer car on sait que ce sera encore plus dur la saison prochaine.
Comment expliquez-vous ce maintien acquis aussi tôt, ce véritable exploit ?
On l’explique par un groupe qui a réussi à se prendre en main. Il y a aussi le talent car on ne peut pas marquer des buts et être performants contre une des meilleures équipes d’Europe sans talent. Il y a un gros collectif et une vraie dynamique. C’est aussi le travail d’un staff qui travaille au quotidien le meilleur des joueurs. Depuis que je suis là, c’est plutôt pas mal.
Il faut désormais que cela continue…
On va déjà savourer cette fin de saison avec la réception de Metz la semaine prochaine. Il ne faut surtout pas les prendre à la légère. Puis aller à Marseille alors qu’ils auront peut-être vécu un grand moment trois jours avant. Il faut savourer, prendre du plaisir tout en gardant à l’idée la nécessité d’être performants pour chiper des points. Il faut aussi garder en tête que cela va très vite dans le football et ainsi ne pas oublier où on était il y a encore trois ans de cela. Quand je suis arrivé, le club était mal classé en National.
A-t-on le droit d’être surpris par la performance de ce groupe qui a mis un peu plus de temps à se trouver que les saisons précédentes ?
Bien sûr, on est montés d’un niveau. Cela a été un travail de longue haleine, le début de saison et d’année civile ont été un peu compliqués. Mais on ne s’est jamais désolidarisés, le staff a toujours été à fond derrière le coach et les joueurs ont adhéré au projet mis en place par l’entraîneur. C’est vraiment une belle réussite, c’est unique et exceptionnel. Quand on regarde nos petits moyens, la masse salariale, le budget, le stade ou bien encore les travaux, c’est une saison qui restera dans les annales.
Il se passe vraiment quelque chose à Amiens, c’est devenu une vraie ville de football…
Effectivement mais je sais aussi, par expérience, que c’est très fragile. Il faut donc profiter de cette communion avec le public. Il faut savourer ces moments, se dire qu’on y était mais aussi rapidement se projeter sur le prochain match.
On vous sent fier, voire même très ému…
Je suis fier car je suis arrivé à Amiens sur la pointe des pieds, il y a cinq ans en National. J’avais pour mission d’aider le club à se remettre en place. Derrière, il y a eu une reconversion et plein de choses qui se sont mises en place. Je profite de ces bons moments, avec deux montées et un maintien sur une dynamique heureuse. On savoure même notre fin de saison contre des ténors du championnat. Je suis bien évidemment ému, fier et content d’avoir participé à ce projet.
C’est presque dommage que cette saison s’arrête maintenant…
Quand on est dans l’aventure, on a envie de continuer et que ça s’arrête jamais tellement c’est beau et agréable. Maintenant, on sait aussi par où on est passé pour en arriver là. Les joueurs vont donc avoir besoin de repos, même le staff va avoir besoin de décompresser mentalement. On a déjà envie d’être à la semaine prochaine pour faire un gros match et encore un gros résultat.
Propos recueillis par Romain PECHON (avec France Bleu Picardie)
Photo d’archive : Leandre Leber – GazetteSports.fr