Arrivé en cours de saison, l’expérimenté Zahir Zerdab (36 ans) est rapidement devenu une pièce maîtresse du dispositif de Titi Buengo. Conscient que Camon a les armes pour décrocher son maintien, après une entame de saison catastrophique, l’ancien de Beauvais et de Rouen décrète la mobilisation générale.
Après cinq matches consécutifs sans défaite, Camon était attendu au tournant avec ce choc contre Abbeville, leader du championnat. On peut dire que vous avez réussi le match de la confirmation en sortant vainqueur de ce premier vrai test…
C’est exactement ça. Jouer le leader, ça représente une belle occasion de montrer que notre belle série n’était pas un hasard. Ce n’est jamais évident de défier ce genre d’équipe, on ne s’est pas contenté de notre acquis, on a fait ce qu’il fallait pour poursuivre notre belle dynamique.
Justement, comment expliquez-vous votre bonne phase actuelle ?
Je n’étais pas là en début de saison mais je pense que l’état d’esprit fait aujourd’hui la différence. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de suffisance. En termes d’investissement, les joueurs étaient là mais on ne ressentait pas cette envie de gagner, de refuser la défaite. C’est ce que l’on essaie d’inculquer au groupe aujourd’hui. Si Abbeville était leader, ce n’était pas un hasard. Ils ont très certainement plus de qualités que nous. Maintenant, quand on est dans la charrette, comme c’est notre cas actuellement, il faut jouer avec d’autres vertus comme la hargne et l’agressivité. On a démontré que l’on ne voulait plus perdre.
C’est donc la recette pour reprendre son destin en main et croire au maintien ?
Si on continue comme ça, oui. Maintenant, on sait qu’il ne faut pas se relâcher. Si on ne donne pas tout, on sait que l’on finira avant-dernier. Maintenant, si on donne tout et qu’on finit dixième mais que l’on doit quand même descendre, ce sera alors indépendant de notre volonté, en tout cas sur la deuxième partie de saison. Faisons déjà ce qu’il faut d’un point de vue sportif avant de voir ce qu’il peut se passer en dehors du terrain en fin de saison.
Titi Buengo considère que Camon commence à nouveau à faire peur. Après un tel résultat contre Abbeville, vous allez forcément être attendu…
Quand on arrive à accrocher Balagny (1-1), que l’on bat le leader et que l’on reste sur une belle série de matches, les gens se rendent compte que l’on peut battre tout le monde. On avait enterré Camon un peu trop tôt. Je ne sais pas comment les autres équipes nous regardent aujourd’hui, je pense qu’ils se sont rendu compte que quelque chose avait changé, en tout cas on est déterminé à faire le maximum pour ne rien regretter. Je suis persuadé que tant que les jeunes écoutent et appliquent ce qu’on leur dit de faire et que nous, les joueurs les plus expérimentés, on continue à montrer l’exemple, il n’y aura pas de raison pour qu’on lâche.
Vous êtes arrivé à Camon en cours de saison alors que le club semblait condamner à la relégation. Quelles sont les raisons qui vous ont motivées à accepter ce challenge ?
Je revenais de l’étranger avec le statut professionnel. Or, c’est particulier pour rejouer dans un club professionnel français. Il fallait soit que je trouve un club qui me propose un gros contrat fédéral soit que je me réengage avec un statut amateur. Quitte à repartir au niveau amateur, j’ai donc fait le choix de venir en aide à Titi (Buengo) qui est un ami. C’est à côté de chez moi, je suis natif d’Amiens, j’ai joué ici quand j’étais jeune, ça me paraissait normal de venir leur donner un coup de main.
Dans quelles circonstances votre aventure en Algérie s’est-elle terminée ?
J’étais au Mouloudia Club d’Alger, en première division algérienne. Je me suis rompu le tendon d’Achille, je suis revenu mais j’ai fini par résilier mon contrat. C’est la dure loi du monde professionnel, on ne nous fait pas de cadeau. J’ai été professionnel pendant de longues années, je sais donc comment cela se passe. C’est surtout mal tombé parce que la période des transferts était finie. Je me suis donc armé de patience pour revenir à mon meilleur niveau. Aujourd’hui, plutôt que de rester six mois sans jouer en attendant l’été prochain, je prends du plaisir à marquer des buts en DH (ndlr : Régional 1).
Maintenant que Camon est revenu dans la course, il faut s’atteler à garder les pieds sur terre…
Il ne faut pas surtout pas s’enflammer. Le maintien n’est pas acquis et tout le monde sait que ça se jouera jusqu’au bout, on ne sait pas encore qui descendra au-dessus de nous et cela peut influer sur les relégués de Régional 1. Aujourd’hui, on a qu’une ambition, mettre un maximum de monde derrière nous. On est effectivement bien parti pour mais rien n’est acquis. Il faut rester humble et garder cette envie de vaincre.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Leandre Leber – GazetteSports.fr