Dans le dur depuis près de deux mois, l’Amiens SC a retrouvé le chemin du succès contre Guingamp (3-1), samedi soir. Au-delà du simple fait d’avoir empoché les trois points, les joueurs de Christophe Pelissier ont su relever la tête malgré une adversité grandissante. De quoi satisfaire un groupe qui souhaite dorénavant entretenir une nouvelle dynamique positive.
Un esprit revanchard
Entre les rumeurs de transferts et celles de dissensions au sein du vestiaire, Amiens traverse un mois de janvier particulièrement animé. Malgré ce climat morose, le promu a su se relancer et mettre fin à une série de résultats particulièrement inquiétante, avec sept défaites en huit matches avant la réception de Montpellier (1-1), mercredi dernier. En marquant la bagatelle de trois buts face à Montpellier et Guingamp, Moussa Konaté a activement participé à ce renouveau. « J’étais déjà très heureux pour lui contre Montpellier car Moussa (Konaté) fait un travail défensif énorme pour le collectif, rappelle son entraîneur. Il pouvait donc parfois manquer de lucidité mais ce soir (ndlr : samedi) il a inscrit un doublé et il est sorti sous les applaudissements de la foule. Cela ne peut que lui permettre de faire le plein de confiance. »
Effectivement, l’international sénégalais était – à l’image de son équipe – à la recherche d’un second souffle ces derniers temps. « Le moment était un peu critique, reconnaît Oualid El Hajjam. Cette victoire nous permet de souffler un peu et d’aborder avec plus de sérénité les prochains matches. Cela va peut-être aussi permettre d’arrêter les critiques provenant de l’extérieur. » Piqués au vif, les Amiénois avaient, même si certains s’en défendent, un message à envoyer à leurs détracteurs. « On lisait dans la presse nationale qu’il y avait des dissensions entre X et Y. Pour notre part, on savait d’où ça venait mais on savait aussi la réalité de ce qu’il se passe en interne. Il fallait donc se taire et démontrer les choses sur le terrain. Pour une équipe qui a beaucoup de problèmes, c’est pas mal ce que l’on a fait, ce soir », glisse Pelissier.
Historique du vestiaire amiénois, Oualid El Hajjam assure avoir abordé cette période délicate avec beaucoup de tranquillité : « Cela m’a fait rire (ndlr : à propos des rumeurs). Je ne calcule pas vraiment ce genre de choses. Ce soir, on a démontré qu’il n’y avait pas de problèmes. Les valeurs n’avaient pas disparu mais, malheureusement, le scénario des matches ne nous était pas favorable. Ce soir, cela nous a souri et c’est ce qui fait la différence. Il n’y avait aucune réponse à donner, aucun message à envoyer. » Si ce n’est celui de l’emporter pour ramener tout le monde à se reconcentrer sur l’aspect sportif ? « On a été chercher cette victoire au mental, c’est un vrai bol d’air, avoue Prince Gouano. A titre personnel, c’est une victoire mémorable car c’est ma première victoire en tant que capitaine. Désormais, on veut marquer le coup face à Angers, jouer le football que l’on sait pratiquer et se focaliser sur le terrain. »
Le banc apporte sa contribution
D’autant qu’Amiens a livré une prestation aboutie à plus d’un titre contre Guingamp. Dominateurs durant la quasi-totalité de la rencontre, les Picards ont également pu s’appuyer sur l’apport de leur banc pour faire définitivement la différence. « C’est important que le banc se montre décisif. Cette année, tout le groupe a participé un minimum à notre parcours, se satisfait Bakaye Dibassy. C’est une bonne chose que les entrants arrivent à être décisifs, il faut que cela continue de la sorte. » Véritable atout l’an dernier, l’apport des entrants était toutefois moins prégnant cette saison. « J’avais dit que l’on gagnerait le match à dix-huit et non à onze plus sept. Depuis le début de saison, notre banc n’était pas assez décisif, reconnaît, sans difficulté, Christophe Pelissier. Ce soir, ma grande satisfaction est qu’Harri (Harrison Manzala) entre et soit double passeur décisif et que Mathieu inscrive un but. Notre banc a fait le travail qu’il devait faire. »
Et bien que l’Amiens SC rebascule sur des semaines de compétition à un seul match, la possibilité de s’appuyer sur un banc capable de faire basculer de la sorte une rencontre reste un atout conséquent. « Après une telle prestation, j’aurais aimé rejouer trois matches par semaine, ironise l’entraîneur amiénois. C’est notre troisième match de la série qui a été le plus abouti mais on va tout de fois pouvoir mieux récupérer. » De retour à la compétition après un choc aux vertèbres, Bakaye Dibassy fait partie de ces joueurs qui vont pouvoir en profiter pour soigner leurs plaies. « Jusqu’ici, c’était pareil pour tout le monde. Nos adversaires avaient eux aussi joué trois jours auparavant. Il est vrai que certaines équipes vont peut-être avoir des épopées en Coupe de France mais elles auront l’effectif pour jouer sur plusieurs tableaux, tempère le défenseur de l’ASC Je prends l’exemple du PSG, ils peuvent jouer sur autant de tableaux qu’ils veulent. Par contre, quand tu n’as pas forcément l’effectif pour le faire, c’est là que ça devient plus compliqué. »
Reste que l’Amiens SC n’est pas amené à lutter contre l’armada parisienne mais bel et bien contre des formations qui disposent d’un effectif moins qualitatif et quantitatif que le club parisien. Désormais relancé, le promu devra confirmer ce regain de forme contre Angers, un véritable concurrent direct au maintien. « On est sur le terrain, on sait les efforts qu’il faut produire pour aller chercher ce genre de victoire. Cela peut paraître facile pour certains mais on sait que c’est une attention de tous les jours, prévient Dibassy. Il faut faire le boulot au quotidien, même si ce n’est pas toujours facile le week-end. Il faut rester prudent, cela sera difficile jusqu’au bout, c’est la loi du haut niveau. » Et il faudra aussi respecter une recette qui a fait ses preuves contre Guingamp, samedi soir. « On est solide défensivement quand on défend avec le ballon, constate Pelissier. J’avais demandé aux joueurs d’aller les chercher haut, c’était peut-être ambitieux de ma part mais je voulais que le bloc ne subisse pas. »
Et si cette formule, déjà convaincante contre Lyon, était la clé du maintien ? Premier élément de réponse contre une rugueuse formation d’Angers, samedi. D’ici là, Amiens va pouvoir récupérer et préparer tranquillement l’ultime match d’un mois de janvier éprouvant à plus d’un titre.
Romain PECHON
Crédits photo : Leandre Leber – GazetteSports.fr
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