FOOTBALL : Les clés du management de Christophe Pelissier
A la tête de l’Amiens SC depuis janvier 2015, Christophe Pelissier a rapidement imposé sa patte aussi bien sur qu’en dehors du terrain. Une recette gagnante puisqu’en l’espace de deux ans, le club picard est passé du milieu de tableau du National à la Ligue 1. Une ascension inattendue qui trouve notamment son origine dans le management du technicien picard.
Le symbole El Hajjam
Invité de l’émission « Le Vestiaire » sur SFR Sport, lundi soir, l’ancien entraîneur de Luzenac a notamment pris le cas de Oualid El Hajjam en exemple pour illustrer sa gestion des cas individuels : « Je me souviens d’un match en National, contre Châteauroux. On avait perdu 3-1 et Oualid n’avait pas fait deux couvertures à l’opposé sur son excentré qui avait mis deux buts. Cela faisait deux-trois semaines que je le reprenais à l’entraînement. On est en septembre et je le mets alors à la cave en CFA2 jusqu’en février. »
Pourtant, le latéral droit de l’Amiens SC a retrouvé par la suite une place de choix dans le onze de Christophe Pelissier. Mis en concurrence avec l’expérimenté Jean Calvé, la saison dernière, l’ancien pensionnaire du centre de formation du Mans a alors su hausser son niveau de performance. « Comme c’est un garçon extraordinaire et même s’il n’était pas content, il a continué à travailler et il a fini par revenir pour jouer la fin de saison. L’an dernier, il a été l’un des meilleurs latéraux de Ligue 2 et il confirme lors de ses premiers matches en Ligue 1. La relation avec Oualid est la preuve que je peux m’attaquer au joueur mais pas à l’homme », se félicite l’entraîneur de l’ASC.
L’importance du vivre-ensemble
Sous les ordres de Christophe Pelissier, l’Amiens SC s’est même fait la spécialité de relancer des joueurs en difficulté. Libre de tout contrat après un passage plus que contrasté en Belgique, Aboubakar Kamara a livré une saison pleine l’an passée en Ligue 2 en inscrivant dix buts malgré une suspension au cœur de l’hiver. Pourtant, tout n’était pas simple au quotidien avec l’ancien Monégasque. « Un jour, il ne s’était pas assez investi à l’entraînement. Je l’ai fait venir dans mon bureau mais il ne souhaitait pas parler. Quand un joueur baisse la tête, je ne lui parle pas, assène Pelissier. J’ai donc travaillé pendant une trentaine de minutes et il a fini par commencer à parler. La discussion a duré une heure. »
Au-delà du terrain, l’entraîneur de l’Amiens SC accorde une importance majeure à la vie du groupe : « Quand je commence une saison, le premier soir du stage on ne parle pas de football. Je parle uniquement des objectifs pour la vie de groupe, des objectifs de respect et de plaisir. Je leur explique donc ma définition du respect car elle est différente chez chacun d’entre nous. » En finalité, ce système fonctionne aussi puisque les joueurs sont en quelque sorte associés à la prise de décision. « J’ai cinq-six relais que je reçois de manière formelle tous les mois. Ils donnent leur avis sur les entraînements, le plan tactique. Il faut savoir parfois se nourrir de leurs retours, avoue-t-il. Ils diffusent ensuite dans le vestiaire le contenu de nos échanges. »
Reste désormais à savoir si la méthode Pelissier continuera à faire ses preuves en Ligue 1.
Romain PECHON