FOOTBALL : « Angers est un exemple intéressant pour l’Amiens SC »
Après un match quelque peu hors du temps face au Paris Saint-Germain (2-0), le week-end dernier, l’Amiens SC va réellement entrer dans sa saison face au SCO d’Angers, ce samedi. Journaliste pour le Courrier de l’Ouest, Pierre-Yves Croix a accepté de livrer son sentiment sur l’équipe angevine et sur le parallèle régulièrement effectué entre les deux clubs. Entretien.
Quelles sont les ambitions d’Angers pour sa troisième saison consécutive en Ligue 1 ?
Le club d’Angers reste un club modeste qui souhaite faire profil bas. Son ambition principale est de tenir cinq ans en Ligue 1, car les droits-télés augmentent après cette période. Ils abordent leur troisième saison, ils sont donc à mi-chemin de cet objectif. Après une première saison de découverte, qui s’est très bien passée, ils ont eu un creux l’an dernier à l’automne et au début de l’hiver. Ils ont su digérer cette mauvaise période pour réussir à se maintenir finalement assez confortablement tout en terminant la saison sur une finale de Coupe de France. Le club se construit prudemment et sereinement. Ils commencent à dépenser un peu d’argent sur le marché des transferts tout en continuant à vendre bien. C’est un cap important dans le développement du club. L’objectif reste donc le maintien, le plus rapidement possible, mais cela ne va pas au-delà pour le moment.
Quel est l’impact de la perte de Cheick N’Doye ?
Angers s’y était depuis longtemps préparé puisqu’il était en fin de contrat. Il est vrai qu’Angers a aussi espéré le prolonger. Sur le plan humain, il était important dans le groupe mais c’était surtout une véritable option dans le jeu. Il était l’un des trois meilleurs joueurs de tête du championnat, ce qui permettait de débloquer beaucoup de situations sur des coups de pied arrêtés ou bien encore de jouer long lorsque l’équipe était en difficulté. Cependant, personne n’est indispensable même si cela va amener Angers à devoir apprendre à jouer différemment. Leur jeu en sera peut-être moins stéréotypé qu’à l’heure actuelle.
Cette évolution tactique se fait progressivement depuis la saison dernière après une première saison où on avait tendance à réduire Angers au profil d’équipe physique…
C’est la description un peu caricaturale qui mettrait en furie Stéphane Moulin même si Angers était avant tout une équipe défensive, s’appuyant sur sa densité physique et la qualité de ses coups de pied arrêtés pour faire la différence. La palette tactique s’est élargie la saison passée, ils ont réussi à trouver des options différentes, notamment avec la vitesse de Bamba et Pépé sur les côtés. La problématique est que ces joueurs sont partis, ils ont donc des ambitions de développer un football différent mais ils n’ont pas encore les armes et les moyens pour y parvenir. Il y a un équilibre à trouver et il faudra laisser du temps à certains joueurs de se révéler dans le jeu angevin.
Même si de l’argent a été investi sur Baptiste Guillaume et Enzo Crivelli (ndlr : environ 4 millions d’euros pour chacun d’entre eux), la stratégie d’Angers reste globalement la même depuis la montée en Ligue 1 du club…
La philosophie est de prendre des joueurs à fort potentiel, de les développer et ensuite de les revendre. Le gros changement est l’arrivée de Crivelli, Angers n’aurait jamais pu le prendre aux mêmes conditions l’an dernier. C’est un joueur que beaucoup de clubs de Ligue 1, de milieu ou de bas de tableau, voulaient avoir dans leur effectif. Ensuite, ils continuent à aller chercher des joueurs en Ligue 2 à fort potentiel même si Guillaume et Coulibaly se sont déjà montrés en Ligue 1. Les recrues ont un peu plus d’expérience qu’auparavant, cela monte en gamme progressivement.
On cite régulièrement Angers comme un exemple pour l’Amiens SC. Validez-vous cette réflexion ?
De nombreux petits clubs citent Angers comme exemple, parce que c’est assez serein dans le processus de construction et parce que les hommes à la tête du projet, le président, le manager général et l’entraîneur, sont là depuis longtemps. Cela peut donc être un exemple intéressant pour un club comme Amiens. Angers est très certainement l’exemple à suivre en matière de recrutement et de travail sur le long terme. Depuis la montée, il n’y a jamais eu le spectre de la descente mais pour autant cela reste fragile. L’exemple angevin aura peut-être vécu à la fin de la saison si le club redescend en Ligue 2.
Un ancien Angevin a rejoint les rangs amiénois cet été, Issa Cissokho…
Le club a envisagé de le conserver mais cela n’a jamais été une priorité. Il est venu lorsqu’il y a eu un besoin ponctuel sur les postes de latéraux, la saison dernière. Il a fait le travail que le staff attendait de lui pendant son passage au club. Cela reste un joueur d’expérience et c’est très important pour les clubs qui découvrent la Ligue 1. A l’exception de Mathieu Bodmer et Sekou Baradji, il n’y aura pas beaucoup de joueurs avec une telle expérience dans l’effectif amiénois.
Propos recueillis par Romain PECHON